CHAOS E.T. SEXUAL. Voilà un nom de groupe vraiment
pas terrible (en fait il semblerait qu’il soit composé des surnoms de chaque
membre du groupe) et une pochette presque affreuse (on dirait qu’elle a été
conçue par un graphiste spécialisé dans les musiques electro pour hipsters
aveugles or j’ai toujours préféré l’encre de chine et les guitares). Mais ne
nous arrêtons pas à ce genre de détails aussi futiles que chargés d’une
mesquinerie typique du chroniqueur de disques sûr de son omnipotence
dévastatrice et de son bon goût définitif.
Ov est le premier enregistrement de
Chaos E.T. Sexual et quand on dit premier c’est vraiment ça : le trio
s’est formé il y a quelque chose comme un an et demi, il a ardemment répété
dans sa cave, il a consommé toutes sortes de substances hautement légalisables
et il s’est enregistré lui-même tout seul comme un grand. Le résultat c’est
donc six titres publiés en CD et surtout en total autoproduction par le groupe.
Ce n’est pas uniquement ce genre d’idéalisme forcené qui m’a poussé à
chroniquer ce disque mais disons que cela m’y a incité encore plus.
Parce que – il est grand temps de parler enfin musique
– Chaos E.T. Sexual dénote dans le paysage actuel : voilà un groupe
instrumental qui ne joue pas de post rock ou de math rock, qui utilise des
machines avec pleins de boutons et de loupiotes clignotantes et qui se sert
d’une bonne base electro-dubindus pour assoir la lourdeur insondable de
compositions qui confinent à l’écrasement pur et simple. Il y a de l’indus là
dedans, du vieux Scorn surement aussi et surtout il y a une volonté farouche de
créer un espace clos aussi chargé et dense que possible, comme une grosse boule
de métal liquide réagissant à distance à des stimulations magnétiques et visant
à contrôler la motricité libérée et débridée de l’auditeur-zombi de base. Voilà
donc un disque qui donne furieusement envie de se remuer les fesses et de se liquéfier
le cortex dans un état d’hébétude avancée.
Le seul reproche que l’on pourrait faire à Ov c’est que ses six titres procèdent
finalement tous de la même façon : Monsieur Sexual s’occupe des machines
et de ce groove imparable, Monsieur Chaos joue de la guitare baryton et
transforme l’environnement en champ de ruines et Monsieur E.T. s’occupe des bisous
et des clins d’œil aguicheurs avec une guitare chargée elle de l’assise
mélodique et des enluminures. Une recette on ne peut plus simple mais
mortellement bien en place qui fait dire que Chaos E.T. Sexual doit être un
facteur inévitable de transe assurée en live.
Et cela tombe bien parce que Chaos E.T. Sexual est
précisément en tournée : le 14 septembre à Amiens (l’Accueil Froid), le 15
au CCL de Lille, le 20 à Charleroi en Belgique (le Rockerill), etc. Pour les
lyonnais, Active Disorder a
programmé la date du samedi 22 septembre à la Triperie en compagnie de Linandy
et des excellents Das Simple de Marseille – dont le prochain album s’annonce
vraiment énorme. Be there.