Quand j’étais gamin voire un peu plus je suis allé
voir Tonnerre de Feu au cinéma, un
film particulièrement mauvais mais grand public jouant sur la paranoïa
américaine au sujet du terrorisme international et du communisme rampant (on
était alors en plein dans l’aire Ronald Reagan et l’année précédant les jeux
olympiques de Los Angeles : 1983) tout en profitant de l’engouement
supposé du public pour les technologies guerrières (le Tonnerre De Feu en question était un
hélicoptère truffé de gadgets électroniques à la Pacman et d’armes de précision
pour éliminer tous les vilains méchants tordus du monde). Tonnerre De Feu est en quelque sorte l’ancêtre de Supercopter.
Puis il y a eu Tonnerre
Mécanique, une série tv du nom d’une moto suréquipée elle-aussi et servant
à lutter efficacement contre le crime organisé ce qui, par rapport à un
hélicoptère high-tech, constituait un recul technologique considérable mais
légitime en période de crise économique et de restrictions budgétaires (et qui aujourd’hui
permet un glissement sémantique assez lamentable de cette chronique de disque
vers le sujet qui nous occupe réellement). Les fans de séries tv se rappellent
en tous les cas que Tonnerre Mécanique
était d’un niveau à rendre jaloux les producteurs de K2000 mais malheureusement mes
parents, encore légèrement trotskistes sur les bords, avaient évité de réitérer
l’erreur de Tonnerre De Feu et m’avaient
donc formellement interdit de regarder ce programme à la gloire de l’ordre
capitaliste établi.
Aujourd’hui je peux enfin évacuer toute cette
frustration préadolescente et idéologique et prendre une belle revanche sur la
vie avec ce 12’ sans titre de TONNERRE MECANIQUE, un groupe de Marseille qui
s’auto-définit lui-même comme un trio noise rock. Si on ajoute à cela que
Tonnerre Mécanique est un groupe purement instrumental je crois que tout est
dit. Pas la peine de leur coller des étiquettes supplémentaires ou de leur
lécher les dessous de bras pour en tirer des conclusions fumeuses et des
définitions/classifications définitives : Tonnerre Mécanique c’est
effectivement du rock, c’est précisément de la noise et le groupe semble bien
n’avoir que faire de tout le reste.
L’énergie et la spontanéité développée ici
sont tellement folles que l’on pardonnera presque au groupe ne n’avoir pas pu
(ou pas su) inclure un peu de chant ou à défaut un peu de voix/braillements/etc.
dans ce joyeux bordel anti arithmétique et éjaculatoire. De la sincérité et de
l’aisance poilue c’est tout ce que propose en fait Tonnerre Mécanique mais
c’est largement suffisant à mon bonheur de vieux qui se croit toujours jeune –
mais ça devrait également convenir aux petits jeunes prétentieux qui persistent
à penser qu’écouter du noise rock en 2012 cela fait plus vieux que leur âge –
d’autant plus que la guitare dissone et se tord comme je l’aime tandis que la
rythmique serpente autant qu’elle martèle. Les petits plaisirs simples font les
bonheurs durables.
Ce
premier jet de Tonnerre Mécanique a été pressé uniquement en vinyle et à
200 exemplaires numérotés par deux labels : le marseillais Katatak et le stéphanois Boom
Boom Rikordz – comme j’ai le #000, sans aucune doute ultra collector, j’en
déduis qu’il y en a un peu plus que ça. La pochette est une sérigraphie du Dernier Cri.
Tonnerre Mécanique sera également au programme du prochain festival Riddim Collision dans le cadre de la soirée Barbars le 8 novembre prochain : le groupe jouera au Trokson en compagnie de Joy As A Toy et de Jack and the Bearded Fishermen.
Tonnerre Mécanique sera également au programme du prochain festival Riddim Collision dans le cadre de la soirée Barbars le 8 novembre prochain : le groupe jouera au Trokson en compagnie de Joy As A Toy et de Jack and the Bearded Fishermen.