Et voilà. A ma connaissance voici le seul et unique
disque de surf music pure et dure publié dans le monde depuis le début cette année
2012 et comme par hasard c’est Rock’n’Roll
Masturbation qui en a eu l’idée – avec l’aide bienveillante et salutaire de
Dangerhouse records, fort
heureusement. Cela en dit long sur la désinvolture et l’inconscience d’un
groupe basé au milieu de nulle part (en gros entre Lyon et Vienne) et qui
dépoussière avantageusement une musique pas loin d’être soixantenaire mais dont
la flamme est régulièrement entretenue par quelques illuminés notoires et
autres fondus, Man Or Astroman ? par exemple.
X-RAY
VISION est de cette trempe là, celle des groupes au kitsch assumé, alignant
les œillades, les citations et les salto-arrières dans le temps. Car voici
revenu le temps des soucoupes volantes en carton alvéolé, des monstres en pâte
à modeler, des bagnoles chromées jusqu’au carburateur, des garçons gominés
jusqu’à la raie des cheveux et des filles en jupes trapèze. La liste des
références (principalement aux années 50 et également 60 mais pas seulement) est vraiment
longue, peut-être certaines sont-elles involontaires – ma conseillère technique
préférée m’indique par exemple que lorsqu’elle était très jeune elle écoutait
souvent un groupe de psycho revivaliste portant ce même nom de X-Ray Vision –
et les reprises sont légion : le génial Ace Of Spades de Link Wray, Wayward
Nile des Chantays (mouhaha hahaha) ou le
thème principal de The Persuaders (Amicalement Vôtre en froglish) composé par John Barry.
A ce propos quelques samples de dialogue de films
ou autres viennent émailler le tout, ambiance cinéma du dimanche soir garantie et
c’est drôle même lorsqu’on entend la voix de l’horrible Louis De Funès extraite
de Fantômas et en train de cabotiner
– mais cela permet surtout d’entendre une bonne version du Theme From Fantômas composé par Michel Magne.
A la base X-Ray Vision était un quartet :
deux guitaristes experts dans ces sons typiques, gorgés de reverb et qui font
ssssschtooooonnnnnng ou pppploooooinnnnnnnnnnng voire les deux en même temps et
une paire rythmique issue elle des défunts noiseux Chick Peas. X-Ray Vision a donc
toujours eu cette assise assez dure et âpre bien planquée mais pas trop
derrière le fun de sa musique. Entretemps est arrivé un cinquième membre, ex
bassiste de Doppler et actuel The Good Damn, chargé lui de jouer de l’orgue,
d’un théremine et d’autres trucs à sons de l’espace inidentifiables. X-Ray
Vision s’est alors quelque peu diversifié et affiné or c’est toujours de la bonne
sueur qui s’écoule avec la musique du groupe pour mieux se mélanger au
milkshake radioactif de base. Un bon cocktail, suffisamment bien mis en scène et avec tout le rentre-dedans
nécessaire pour assurer la partie. 1, 2, 3, 4 !
[cet album sans titre tiré à 300 exemplaires a en
outre été enregistré en prise directe aux studios PWL – le paradis perdu de l’analogique
– et l’artwork a été réalisé par Der
Kommissar]