ORDINARIA
HIT est un groupe brésilien – de São Paulo pour être un peu plus précis –
et voilà un détail qui me trouble. D’un côté il arrive trop souvent que je ne
puisse pas m’empêcher de mentionner la provenance géographique d’un groupe tout
simplement parce que je suis extrêmement snob et que de préciser « les
Hawks d’Atlanta » ou bien « Xaddax de Brooklyn/New-York City »
ça me parait très avisé et infiniment classe alors que, on est bien d’accord,
cela n’a pas plus de signification que de préciser « Café Flesh de
Jarnac » et « ChooChooShoeShot de Nantes ». Tant qu’à faire je
préférerais de très loin prétendre que Mats Gustafsson est mon voisin de pallier
direct et que je l’entends jouer tous les jours de l’autre côté du mur mais ça
non plus ce n’est pas possible.
D’un autre côté souligner qu’Ordinaria Hit est un
groupe de São Paulo me plait tout simplement parce que voilà le premier groupe
brésilien trouvant grâce à mes oreilles. Le piège maintenant serait de donner dans
un déterminisme à la con – ce que font presque tous les chroniqueurs de disques
dès qu’ils précisent la ville d’origine d’un groupe ou d’un musicien pour des
raisons autres que musicales. Un bon contre exemple : s’il est important
de préciser que Napalm Death vient de la ville industrieuse anglaise de
Birmingham c’est parce que Napalm Death est à la base un groupe de prolétaires,
a toujours été engagé politiquement et que cela se ressent dans sa musique ;
autre contre exemple, encore plus pertinent : rappeler que Faih No More
est originaire de San Francisco n’enlève rien au fait que ce soit un groupe
totalement merdique. Dans le cas d’Ordinaria Hit il n’y a pas de soucis à avoir
car je ne sais rien de São Paulo ou du Brésil, que je ne veux rien en savoir et
que ma mauvaise foi naturelle ne me permettra pas ainsi de procéder à des
raccourcis douteux, ignobles voire insultants. Par contre, étant esthétiquement
plutôt allergique à la culture latine en général (et ce sans aucun doute par
pure ignorance, je l’avoue sans peine) c’est un profond étonnement qui a
accompagné l’écoute de ce Funcionário
qui me semble être le troisième album d’Ordinaria Hit.
J’admets que ce qui me plait dans ce groupe c’est
avant toutes choses son côté très européen et post punk tribal. Il est donc
définitivement prouvé que je ne suis effectivement qu’un incorrigible
ethnocentriste. Ça, c’est fait. Le line-up d’Ordinaria Hit est assez étonnant
puisqu’il comprend un guitariste, un bassiste, un batteur et… un violoncelliste.
L’équation post punk tribal européen + violoncelle a (presque) une seule et
unique solution, The Ex évidemment et plus précisément The Ex avec Tom Cora. On
ne comparera jamais Funcionário avec
les deux chefs-d’œuvre que sont Scrabbling
At The Lock et And The Weathermen
Shrug Their Shoulders mais il y a parfois un tout petit peu de ça.
Ordinaria Hit n’a pas son pareil pour dégainer des fulgurances imparables mais
aussi pour louvoyer façon impro/musique expérimentale. Tout ceci reste très solide
et très direct, un peu bruyant et tendu mais également un peu flottant parfois –
l’imagination et la prise de risque ne suffisant pas toujours.
S’il y a une critique à adresser au groupe c’est à
propos du chant : aucun des quatre musiciens n’est crédité comme chanteur à
part entière sur la pochette de Funcionário
or l’écoute du disque permet de déterminer que chacun s’y colle plus ou moins
sans toutefois se montrer convaincant. Heureusement que le chant est finalement
plutôt rare sur Funcionário. La
langue utilisée – non Ordinaria Hit ne chante pas en anglais – pourra également
en refroidir quelques uns. Mais ce n’est qu’un détail qui ne doit pas entacher
la bonne surprise d’une telle découverte.
Funcionário est
publié par le groupe lui-même et en total autoproduction. Ordinaria Hit se paie
en outre le luxe d’une tournée européenne en ce mois de juillet 2012 – tournée
facilitée par le fait que le batteur Rodrigo est actuellement résident à
Barcelone. Quelques dates qui passent par Marseille (au O’Bundies le 14 juillet et avec les géniaux
Death To Pigs s’il vous plait), à La Ferme de Mauriac le 15 juillet* ainsi qu’à
Toulouse le 17 (La Dernière Chance).
* aux dernières nouvelles ce concert est annulé mais remplacé par un autre, à Montpellier, dans un squat encore non spécifié – renseignez-vous si vous le pouvez !
* aux dernières nouvelles ce concert est annulé mais remplacé par un autre, à Montpellier, dans un squat encore non spécifié – renseignez-vous si vous le pouvez !