lundi 9 juillet 2012

Swans / We Rose From Your Bed With The Sun In Our Head




We Rose From Your Bed With The Sun In Our Head est purement un disque souvenir. Enregistré lors de la tournée de reformation des Swans en 2010 – les prises de son ont principalement été effectuées à Melbourne mais aussi à New York et à Berlin – ce double CD rappellera à toutes celles et tous ceux qui ont alors eu la chance de voir la nouvelle incarnation du groupe de Michael Gira sur scène combien les Swans version troisième millénaire avaient su créer la surprise.
L’enregistrement est assez brut et non retravaillé : cela s’entend très bien au niveau de la voix de Gira qui, bien qu’étant un frontman d’exception, est par contre loin d’être un chanteur techniquement irréprochable en concert, on veut dire qu’il lui arrive de mal tenir la note voire qu’il lui arrive de chanter faux, surtout sur les passages les plus lyrico-darks, or toutes ces faiblesses ont été laissées telles quelles, n’ont pas été gommées, Gira ayant toujours privilégié la vérité d’un instant et l’émotion palpable qui en ressort plutôt que la joliesse du rendu – la justice plutôt que la justesse. C’est le premier constat que permet l’écoute quasi religieuse de We Rose From Your Bed With The Sun In Our Head : les Swans sont toujours un groupe sale et un groupe violent même si les années ont émoussé les désirs de tortures auditives d’autrefois.
Le tracklisting du disque est assez semblable à celui du concert que les Swans avaient donné à l’Epicerie Moderne le 1er décembre 2010 en ce sens que les mêmes trois compositions plus anciennes y figurent en bonne place, à savoir : Your Property, Sex God Sex et I Crawled ; il faut rajouter Beautiful Child de l’album Children Of God pour avoir la liste complète des vieilleries du disque alors que côté « nouveautés » on note la présence de No Words/No Thoughts, Jim, Eden Prison et Little Mouth de l’album de reformation My Father Will Guide Me Up A Rope To The Sky plus The Apostate et The Seer, deux titres encore inédits en studio.
We Rose From Your Bed With The Sun In Our Head confirme la grande forme d’alors des Swans – il est vrai que jouer des (très) vieux titres aide beaucoup à séduire les passéistes rétrogrades dans mon genre – et est le témoignage d’une reformation, le cancer musical des années 2000 et 2010, une reformation pour le coup très réussie. On répétera seulement que le percussionniste Thor Harris n’ajoute souvent pas grand-chose d’intéressant à la musique du groupe. Les fans apprécieront et finalement ce double live n’est peut être pas une si mauvaise idée que cela pour permettre aux éventuels novices de découvrir et se familiariser avec la musique des Swans, une musique à la beauté aussi troublante que commotionnante.

Dans un premier temps We Rose From Your Bed With The Sun In Our Head a été publié à 1000 exemplaires numérotés et signés par Gira avec un artwork et un packaging spécial en guise de bonus. Il s'agissait de lever des fonds en vue de financer le prochain album des Swans à paraitre en 2012 et qui devrait s’intituler The Seer. Michael Gira nous avait déjà fait le coup avec My Father Will Guide Me Up A Rope To The Sky précédé lui d’un I Am Not Insane aujourd’hui tout aussi collector. Le coup a tant et si bien réussi que We Rose From Your Bed With The Sun In Our Head est devenu sold out en quelques heures seulement. Mais un second tirage a été effectué, en version digipak et avec un nouvel artwork (celui qui figure au début de cette chronique).
Pour finir les Swans reviendront en Europe après la publication de The Seer. Michael Gira a d’ores et déjà annoncé que cette fois-ci son groupe ne jouerait que ses titres les plus récents (des deux derniers albums plus des inédits composés après The Seer) ainsi qu’un seul vieux titre, choisi semble-t-il uniquement pour d’obscures raisons personnelles : Coward, de l’album Holy Money (1986). Nous voilà prévenus…