We Rose From Your Bed With The Sun
In Our Head est
purement un disque souvenir. Enregistré lors de la tournée de
reformation des Swans en 2010 – les prises de son ont principalement été
effectuées à Melbourne mais aussi à New York et à Berlin – ce double CD
rappellera à toutes celles et tous ceux qui ont alors eu la chance de voir la
nouvelle incarnation du groupe de Michael Gira sur scène combien les Swans
version troisième millénaire avaient su créer la surprise.
L’enregistrement est assez brut et non
retravaillé : cela s’entend très bien au niveau de la voix de Gira qui,
bien qu’étant un frontman d’exception, est par contre loin d’être un chanteur techniquement
irréprochable en concert, on veut dire qu’il lui arrive de mal tenir la note
voire qu’il lui arrive de chanter faux, surtout sur les passages les plus
lyrico-darks, or toutes ces faiblesses ont été laissées telles quelles, n’ont
pas été gommées, Gira ayant toujours privilégié la vérité d’un instant et
l’émotion palpable qui en ressort plutôt que la joliesse du rendu – la justice
plutôt que la justesse. C’est le premier constat que permet l’écoute quasi
religieuse de We Rose From Your Bed With
The Sun In Our Head : les Swans sont toujours un groupe sale et un
groupe violent même si les années ont émoussé les désirs de tortures auditives
d’autrefois.
Le tracklisting du disque est assez semblable à
celui du concert
que les Swans avaient donné à l’Epicerie Moderne le 1er décembre
2010 en ce sens que les mêmes trois compositions plus anciennes y figurent
en bonne place, à savoir : Your
Property, Sex God Sex et I Crawled ; il faut rajouter Beautiful Child de l’album Children Of God pour avoir la liste
complète des vieilleries du disque alors que côté « nouveautés » on
note la présence de No Words/No Thoughts,
Jim, Eden Prison et Little Mouth
de l’album de reformation My Father Will Guide Me Up A Rope To The Sky
plus The Apostate et The Seer, deux titres encore inédits en
studio.
We Rose From
Your Bed With The Sun In Our Head confirme la grande forme d’alors des
Swans – il est vrai que jouer des (très) vieux titres aide beaucoup à séduire
les passéistes rétrogrades dans mon genre – et est le témoignage d’une reformation,
le cancer musical des années 2000 et 2010, une reformation pour le coup très
réussie. On répétera seulement que le percussionniste Thor Harris n’ajoute
souvent pas grand-chose d’intéressant à la musique du groupe. Les fans
apprécieront et finalement ce double live n’est peut être pas une si mauvaise
idée que cela pour permettre aux éventuels novices de découvrir et se
familiariser avec la musique des Swans, une musique à la beauté aussi
troublante que commotionnante.
Dans un premier temps We Rose From Your Bed With The Sun In Our Head a été publié à 1000
exemplaires numérotés et signés par Gira avec un artwork et un packaging spécial
en guise de bonus. Il s'agissait de lever des fonds en vue de financer le
prochain album des Swans à paraitre en 2012 et qui devrait s’intituler The Seer. Michael Gira nous avait déjà
fait le coup avec My Father Will Guide Me Up A Rope To The Sky précédé lui d’un I
Am Not Insane aujourd’hui tout
aussi collector. Le coup a tant et si bien réussi que We Rose From Your Bed With The Sun In Our Head est devenu sold out
en quelques heures seulement. Mais un second tirage a été effectué, en version
digipak et avec un nouvel artwork (celui qui figure au début de cette
chronique).
Pour finir les Swans reviendront en Europe après
la publication de The Seer. Michael
Gira a d’ores et déjà annoncé que cette fois-ci son groupe ne jouerait que ses
titres les plus récents (des deux derniers albums plus des inédits composés
après The Seer) ainsi qu’un seul
vieux titre, choisi semble-t-il uniquement pour d’obscures raisons personnelles :
Coward, de l’album Holy Money (1986). Nous voilà
prévenus…