Il a bien fallu revenir un nombre de fois assez
incalculable sur ce Kryptonym Bodliak
avant de commencer à l’apprécier un tant soit peu. Pour être complètement
honnête, ce sont en fait les deux titres que SKOAL KODIAK – un trio de
Minneapolis avec des anciens Seawhores et un ex Cows à bord – a placé sur la
compilation A Butcher's Waltz (chez Learning
Curve) qui ont été complètement déterminants dans cette affaire de goûts et de
couleurs. Deux titres qui restent bien meilleurs que tout ce que peut proposer Kryptonym Bodliak mais qui éclairent ce
deuxième album du groupe d’un jour nouveau et finalement bien différent.
Evidemment il faut gratter un peu parce que la
production de Kryptonym Bodliak est
vraiment en dessous de tout : on ne dit pas qu’un peu de lo-fi ça ne fait
pas de mal de temps à autre mais, dans le cas de Skoal Kodiak, davantage de
lisibilité et de clarté n’aurait pas nui à la musique du groupe parce que
celle-ci le mérite amplement voire même l’exige. Il y a beaucoup d’électronique
et de bidouille chez Skoal Kodiak, des sons bizarres semblant sortir de nulle
part mais en partance directe pour vriller nos petits cerveaux ramollis et surtout
il y a cette voix constamment trafiquée et saturée, quelque part entre Chrome
et les Butthole Surfers. Or ces références ne signifient pas pour autant une
autorisation sans conditions pour enregistrer des disques dans les chiottes au
fond de la cour de grand-mère.
La recette corrosive de Skoal Kodiak est donc la
suivante : une rythmique basse/batterie qui distille un funk mutant et
déglingué parfait pour faire danser les trépanés, de multiples samples et
sonorités d’un autre monde (de l’espace infini ?) pour faire peur aux
terriens – modèle moyennement lambda et travailleur honnête – et cette voix, ce
chant sous perfusion à l’ergot de seigle. Techniquement il y aurait beaucoup de
similitudes entre Skoal Kodiak et les anglais de Castovalva (qui viennent de
publier leur second album chez Brew records – on en reparle bientôt) mais les disques
de ces deux groupes sont complètement différents : autant Castrovalva tire
du côté d’un mélange assez improbable et anéantissant de noise mathématique et
de hip-hop hardcore, autant Skoal Kodiak choisit la voie sale et bruyante de la
dépravation et de la déchéance. Et c’est ça qui plait le plus avec les
américains : cet acharnement dans le n’importe quoi, la délectation au premier
degré de tous les vices et ces moments de folie (comme le final de A Astral Assassin) qui finissent le sale
boulot. Le meilleur titre de Kryptonym
Bodliak reste Tomah Triangle et
son saxophone réverbéré ; c’est lorsque Skoal Koadiak étoffe son son de
façon aussi imaginative que le groupe devient vraiment bon…
Amis lyonnais, le comité éthique musicale et
divertissements pour tous de 666rpm espère que cette chronique tardive d’un
disque publié en 2011 sur Load records vous
aura donné envie de voir Skoal Kodiak en concert : aux dernières nouvelles le
groupe est en effet programmé par Grrrnd Zero nouvelle
formule le vendredi 2 novembre aux côtés de Father Murphy et de plein
d’autres groupes encore.
Ce concert consacre même la réouverture officielle
du lieu pour de nouvelles et passionnantes aventures ; plus d’infos (ou
pas) en écrivant ici : grrrndzero[arobase]grrrnd
zero[point]com ou en allant surfer par là : www.grrrndzero.org.