mercredi 31 octobre 2012

Skoal Kodiak / Kryptonym Bodliak




Il a bien fallu revenir un nombre de fois assez incalculable sur ce Kryptonym Bodliak avant de commencer à l’apprécier un tant soit peu. Pour être complètement honnête, ce sont en fait les deux titres que SKOAL KODIAK – un trio de Minneapolis avec des anciens Seawhores et un ex Cows à bord – a placé sur la compilation A Butcher's Waltz (chez Learning Curve) qui ont été complètement déterminants dans cette affaire de goûts et de couleurs. Deux titres qui restent bien meilleurs que tout ce que peut proposer Kryptonym Bodliak mais qui éclairent ce deuxième album du groupe d’un jour nouveau et finalement bien différent.
Evidemment il faut gratter un peu parce que la production de Kryptonym Bodliak est vraiment en dessous de tout : on ne dit pas qu’un peu de lo-fi ça ne fait pas de mal de temps à autre mais, dans le cas de Skoal Kodiak, davantage de lisibilité et de clarté n’aurait pas nui à la musique du groupe parce que celle-ci le mérite amplement voire même l’exige. Il y a beaucoup d’électronique et de bidouille chez Skoal Kodiak, des sons bizarres semblant sortir de nulle part mais en partance directe pour vriller nos petits cerveaux ramollis et surtout il y a cette voix constamment trafiquée et saturée, quelque part entre Chrome et les Butthole Surfers. Or ces références ne signifient pas pour autant une autorisation sans conditions pour enregistrer des disques dans les chiottes au fond de la cour de grand-mère.
La recette corrosive de Skoal Kodiak est donc la suivante : une rythmique basse/batterie qui distille un funk mutant et déglingué parfait pour faire danser les trépanés, de multiples samples et sonorités d’un autre monde (de l’espace infini ?) pour faire peur aux terriens – modèle moyennement lambda et travailleur honnête – et cette voix, ce chant sous perfusion à l’ergot de seigle. Techniquement il y aurait beaucoup de similitudes entre Skoal Kodiak et les anglais de Castovalva (qui viennent de publier leur second album chez Brew records – on en reparle bientôt) mais les disques de ces deux groupes sont complètement différents : autant Castrovalva tire du côté d’un mélange assez improbable et anéantissant de noise mathématique et de hip-hop hardcore, autant Skoal Kodiak choisit la voie sale et bruyante de la dépravation et de la déchéance. Et c’est ça qui plait le plus avec les américains : cet acharnement dans le n’importe quoi, la délectation au premier degré de tous les vices et ces moments de folie (comme le final de A Astral Assassin) qui finissent le sale boulot. Le meilleur titre de Kryptonym Bodliak reste Tomah Triangle et son saxophone réverbéré ; c’est lorsque Skoal Koadiak étoffe son son de façon aussi imaginative que le groupe devient vraiment bon…




Amis lyonnais, le comité éthique musicale et divertissements pour tous de 666rpm espère que cette chronique tardive d’un disque publié en 2011 sur Load records vous aura donné envie de voir Skoal Kodiak en concert : aux dernières nouvelles le groupe est en effet programmé par Grrrnd Zero nouvelle formule le vendredi 2 novembre aux côtés de Father Murphy et de plein d’autres groupes encore.
Ce concert consacre même la réouverture officielle du lieu pour de nouvelles et passionnantes aventures ; plus d’infos (ou pas) en écrivant ici : grrrndzero[arobase]grrrnd zero[point]com ou en allant surfer par là : www.grrrndzero.org.