mardi 2 octobre 2012

Meurthe - Veuve SS / split




Un split Meurthe - Veuve SS… non mais regardez-moi un peu ce bel objet. Je ne résiste pas à la tentation de vous le décrire un peu : un 12 pouces gravé uniquement sur une partie (en gros sur une largeur correspondant à celle d’un 10 pouces), le début comme la fin du disque étant sérigraphiés*. Le vinyle est tout blanc, la sérigraphie est noire et cette galette tourne à la vitesse instantanée de  45rpm ce qui signifie que chaque face contient à peu près cinq minutes de musique et/ou de bruit.
Pour en finir avec le descriptif, précisons que l’artwork est signé Hugues Pzzl et que l’on peut trouver trois inserts à l’intérieur de la pochette : le premier ressemble à une carte de visite portant les noms et les coordonnées des deux labels qui ont publié ce disque, les deux autres de formes oblongues sont consacrés à chacun des deux groupes avec les habituels renseignements, les paroles éventuelles, qui a enregistré le disque, qui l’a mixé et qui l’a mastérisé – toutes ces choses qui n’ont rien à voir avec le plaisir de la musique mais que l’on ne peut pas s’empêcher de lire quand même.
Le plaisir de la musique, parlons-en justement. MEURTHE est un one-man band lyonnais qui bidouille par terre des sons distordus mais aussi deux ou trois choses plus facilement identifiables (des clapotis d’eau, des blouing-blouings de guitare indé**) pour un résultat que l’on qualifiera de drone/indus ambient à tendance sombre. Même si la durée de l’enregistrement gravé ne rend pas justice à une musique qui aurait mérité de s’étaler un peu plus – il fallait bien faire un choix entre l’esthétique poussée du vinyle et la pertinence musicale – ce titre de Meurthe, obscurément intitulé Ulrike Meinhof, fonctionne plutôt bien. L’attaque en forme de grincement tellurique est très réussie et ouvre la voie à une composition dense, anxiogène et mortifère. La joie de vivre, c’est un métier***.
De l’autre côté on retrouve les VEUVE SS, l’un des groupes les plus dégueulasses du moment et dont le Viscères EP a déjà provoqué quelques dégâts par ici. Inutile de préciser que les cinq minutes maximum allouées à chaque face du disque conviennent parfaitement à Veuve SS dont le hardcore putrescent n’est pas du genre à s’étirer sur la longueur. Le groupe y est plus méchant encore, vomissant des flots de dégoût et de détestation (éventuellement tourné contre le groupe lui-même : Je Me Déteste Par Cœur) et malgré le sentiment d’en prendre un peu plein la gueule Veuve SS s’affirme de plus en plus comme un incontournable du genre, un groupe à côté duquel il serait dommage de passer. Et bravo pour ce premier titre terrible et lent et surtout inspiré des Nerfs A Vif (Cape Fear) de Martin Scorsese****.

Ce disque strictement tiré à 200 exemplaires non numérotés et sans coupon de téléchargement mp3 est une coproduction entre Nerd records et  Maquillage & Crustacés*****.

* si tu ne comprends pas ce descriptif pourtant très clair regarde un peu par là
** la guitare indé ça ressemble à ça
*** il n’aura échappé à personne que Meurthe figure au programme de la troisième édition du Gaffer Fest – ce jour là Meurthe sera exceptionnellement un duo puisque au membre d’origine devrait se joindre un jeune batteur tétraplégique
**** même si je préfère la version originale de 1962 avec Gregory Peck et Robert Mitchum
***** et oui : Maquillage & Crustacés n’est pas qu’un excellent faiseur d’affiches ou un organisateur de concerts bien connu des lyonnais – historiquement sa première activité c’est l’édition de disques mais, concernant l’organisation de concerts, celle-ci devrait reprendre très bientôt et même de plus belle, le principal intéressé me l’a encore confirmé hier au soir