Un split Meurthe - Veuve SS… non mais regardez-moi
un peu ce bel objet. Je ne résiste pas à la tentation de vous le décrire un peu :
un 12 pouces gravé uniquement sur une partie (en gros sur une largeur
correspondant à celle d’un 10 pouces), le début comme la fin du disque étant
sérigraphiés*. Le vinyle est tout blanc, la sérigraphie est noire et cette
galette tourne à la vitesse instantanée de
45rpm ce qui signifie que chaque face contient à peu près cinq minutes
de musique et/ou de bruit.
Pour en finir avec le descriptif, précisons que
l’artwork est signé Hugues
Pzzl et que l’on peut trouver trois inserts à l’intérieur de la
pochette : le premier ressemble à une carte de visite portant les noms et
les coordonnées des deux labels qui ont publié ce disque, les deux autres de
formes oblongues sont consacrés à chacun des deux groupes avec les habituels
renseignements, les paroles éventuelles, qui a enregistré le disque, qui l’a
mixé et qui l’a mastérisé – toutes ces choses qui n’ont rien à voir avec le
plaisir de la musique mais que l’on ne peut pas s’empêcher de lire quand même.
Le plaisir de la musique, parlons-en justement. MEURTHE est un one-man band lyonnais qui
bidouille par terre des sons distordus mais aussi deux ou trois choses plus facilement
identifiables (des clapotis d’eau, des blouing-blouings de guitare indé**)
pour un résultat que l’on qualifiera de drone/indus ambient à tendance sombre.
Même si la durée de l’enregistrement gravé ne rend pas justice à une musique
qui aurait mérité de s’étaler un peu plus – il fallait bien faire un choix
entre l’esthétique poussée du vinyle et la pertinence musicale – ce titre de
Meurthe, obscurément intitulé Ulrike
Meinhof, fonctionne plutôt bien. L’attaque en forme de grincement
tellurique est très réussie et ouvre la voie à une composition dense, anxiogène
et mortifère. La joie de vivre, c’est un métier***.
De l’autre côté on retrouve les VEUVE SS, l’un des
groupes les plus dégueulasses du moment et dont le Viscères EP a déjà provoqué quelques
dégâts par ici. Inutile de préciser que les cinq minutes maximum allouées à
chaque face du disque conviennent parfaitement à Veuve SS dont le hardcore putrescent
n’est pas du genre à s’étirer sur la longueur. Le groupe y est plus méchant
encore, vomissant des flots de dégoût et de détestation (éventuellement tourné
contre le groupe lui-même : Je Me
Déteste Par Cœur) et malgré le sentiment d’en prendre un peu plein la
gueule Veuve SS s’affirme de plus en plus comme un incontournable du genre, un
groupe à côté duquel il serait dommage de passer. Et bravo pour ce premier titre
terrible et lent et surtout inspiré des Nerfs A Vif (Cape Fear)
de Martin Scorsese****.
Ce disque strictement tiré à 200 exemplaires non
numérotés et sans coupon de téléchargement mp3 est une coproduction entre Nerd
records et Maquillage & Crustacés*****.
* si tu ne comprends pas ce descriptif pourtant
très clair regarde
un peu par là
** la guitare indé ça ressemble à ça
*** il n’aura échappé à personne que Meurthe
figure au programme de la troisième édition du Gaffer Fest – ce jour là Meurthe sera
exceptionnellement un duo puisque au membre d’origine devrait se joindre un
jeune batteur tétraplégique
**** même si je préfère la version originale de
1962 avec Gregory Peck et Robert Mitchum
***** et oui : Maquillage & Crustacés
n’est pas qu’un excellent faiseur d’affiches ou un organisateur de concerts
bien connu des lyonnais – historiquement sa première activité c’est l’édition
de disques mais, concernant l’organisation de concerts, celle-ci devrait
reprendre très bientôt et même de plus belle, le principal intéressé me l’a
encore confirmé hier au soir