Lorsque la nouvelle de la parution de ce split
entre Cortez et Plebeian Grandstand est parvenue jusqu’à nos oreilles et – plus
encore – lorsque ce disque a enfin atterri sur la platine, la première réaction
a été de se dire : Enfin des nouvelles de CORTEZ ! Il est vrai qu’il s’en est
passé du temps, depuis l’année 2005 et la publication d’Initial, premier et jusqu’ici unique album du groupe, chez Exutoire
records/Radar Swarm… on pensait légitimement que Cortez avait disparu corps et
bien et qu’Initial, superbe album de
metal core s’il en est, serait à tout jamais un one shot de qualité supérieure.
Alors ne me demandez pas ce que ces trois là on
fait pendant ces sept dernières années ; le fait est que CORTEZ est tout
simplement et enfin de retour, avec un long titre de douze minutes partagés en
quatre parties distinctes. La noirceur a toujours été l’apanage du groupe et il
en est exactement de même sur cet A.F.D.N.T.E.D.E.V.L.S
qui ne ménage pas l’auditeur. On ne dira pourtant pas que Cortez fait du
surplace : le rythme général s’est peut-être ralenti mais l’atmosphère
n’en est que plus lourde et claustrophobe. Cortez crache sa colère avec un
mordant impérieux dont la seule concurrence possible est un sens de la densité
à couper le souffle. C’est tout juste si deux passages presque atmosphériques ou
plus orientés post hardcore sont placés
là comme pour nous rappeler qu’il est bon parfois de respirer une dernière fois
avant d’étouffer définitivement. Voici ce que l’on appelle un retour gagnant –
et apportez-moi un défibrillateur s’il vous plait.
Mais il y a une autre bonne nouvelle au sujet de
ce split ; celle-ci n’est autre que I.W.W.O.Y.T.W.Y.W.O.M
et ses douze minutes là aussi – il doit y avoir un concept là-dessous –, c'est-à-dire
toute la face occupée par PLEBEIAN GRANDSTAND. Ici, sans être non plus totalement réfractaire, on n’avait
guère été clément à l’égard de How Hate Is Hard To Define, un
premier album sans grande originalité. Il va donc falloir remettre son carnet
d’adresse à jour et reconsidérer Plebeian Grandstand autrement, c'est-à-dire
avec moins de condescendance et un peu plus de clairvoyance. Il n’empêche qu’entre
ce premier album rigoureux et scolaire et I.W.W.O.Y.T.W.Y.W.O.M
il y a tout un monde.
Et Plebeian Grandstand a semble-t-il trouvé le
moyen de canaliser ses émotions et de transformer ses démonstrations de force
en quelque chose qui fait bien plus mal et qui surtout fait désormais sens. On
pense même que le hardcore très lourd et torturé à l’extrême de Plebeian
Grandstand est désormais ce qui ce fait de mieux dans le genre : écoutez
un peu cette façon qu’à le groupe d’instiller le malaise et d’effondrer le sol
derrière vos pas ; avec I.W.W.O.Y.T.W.Y.W.O.M
il n’y a aucun retour en arrière possible, il n’y a aucune échappatoire et
lorsque la musique explose vraiment, c’est un festival de terreur noire et
incandescente. Du coup il va falloir aussi écouter les deux titres que Plebeian
Grandstand a publiés en septembre 2011 sur un 12’ partagé avec Bone Dance et
Divider – un disque à
coté duquel je suis complètement passé…
Ce split incontournable
– n’oubliez pas que c’est bientôt noël la fin du monde, faîtes donc des
heureux autour de vous – est publié sous la forme d’un 10’/25 cm gravé dans du
vinyle blanc ça et là légèrement marbré de noir ; trois labels se sont occupés
de cette coproduction : Basement Apes Industries, Get A Life ! Records et – last but
not least – Throatruiner records.