A peine le temps d’écouter le disque de Lamalora que débarque sur la platine un autre groupe comprenant dans son line-up le guitariste Alberto Cornero de The Glad Husbands : APE UNIT. OK, on ne va pas prendre beaucoup de risques en affirmant que ce guitariste doit souffrir de schizophrénie aigue. Car après l’excellent hardcore noise vicieux et vicié de The Glad Husbands et le post rock un rien scolaire de Lamalora, voilà qu’Alberto Cornero et ses autres petits camarades nous donnent à entendre avec Ape Unit du pur grindcore/powerviolence as fuck. Ne vous fiez donc pas au titre presque simplet de cet album – Unforgivable Holidays –, ne vous fiez pas à la photo de ce garnement-porcinet et dopé à la glace à la crème et ne vous fiez pas enfin au lettrage enfantin du livret : tout ceci n’est qu’un leurre, une mise en scène, une blague…
Par contre Ape Unit n’est pas là pour faire
semblant et en quelques seize morceaux (et donc seize minutes et des poussières
de musique) le groupe passe en revue de manière aussi spontanée que jubilatoire
une bonne partie du catalogue de la haine musicale tendance grind, avec
échantillon de vomi corrosif et éructations porcines à l’appui. L’ensemble a
souvent un côté très crust voire d-beat, sans doute parce que le batteur
n’utilise pas de double pédale trigguée et complétée par un ordi et qu’il
blaste donc à l’ancienne, avec la seule force de ses petits muscles de furieux.
De la même façon les riffs et le son de la guitare ont ce caractère artisanal
(loin de tout effet surcompressé protoolien), une chose qui devient de plus en
plus rare à notre époque chez les groupes de grind et de metal.
N’allez pas croire pourtant que le son de ce Unforgivable Holidays est limité ou
dégueulasse, non, il est simplement extrêmement brut et sincère, loin de toute surgonflette
stéroïdée et il se rapproche même dangereusement de l’idée que l’on pourrait se
faire d’une séance de lutte gréco-romaine entre deux charcutières ultra cougars
et total naturistes dans une piscine remplie de carpaccio avarié sauce nutella.
Enfin Ape Unit semble animé d’un humour et d’un
sens de la dérision vraiment spéciaux : quelques interludes samplés sont là
pour mettre de l’ambiance (et cette ambiance est complètement à contrario de la
violence de la musique du groupe) ; le recto comme le verso de la pochette
reprennent la présentation d’une carte postale de vacances (évidemment) ;
les titres des compositions varient d’un Seena
Is A Warrior Princess à From Ska To
God en passant par La Chanson Du
Petit Prince ou Motochrist Supercrust.
Violemment débile ou débilement violent je n’en sais rien mais ce que je sais
c’est que Ape Unit vaut son pesant de franche rigolade et de détente éjaculatoire.
Alors faites-vous du bien, ça ne durera pas si longtemps.