Dans un premier temps, ne nous
laissons pas trop impressionner par les effets d’annonces et les diverses prophéties
qui donnent DIVORCE à la première place du grand concours annuel de la plus
grosse découverte en matière de noise rock – un concours qui en fait
n’intéresse que peu de monde. C’est que les groupes porteurs de déflagrations
hystériques et de tellurisme incendiaire ce n’est pas ce qui manque non plus.
Alors, qu’est ce qui différencie Divorce des autres groupes ? Un line au
trois-quarts féminin, à moitié binoclard et au quart barbu ? Que le groupe
soit originaire de Glasgow en Ecosse ?
NON. Ce qui différencie largement
DIVORCE – et
dîtes-vous bien que les augures et autres agités du bulbe avaient totalement raison
sur ce coup là – c’est tout simplement la qualité supérieure de son premier
album sans titre. Neuf torpilles/bombes incendiaires brûlantes et à vif, jouissives
et agitées, fielleuses et vicieuses, bruyantes et malsaines, chaotiques et
bordéliques…
On avait pourtant bien senti le
vent venir et nous apporter les effluves fétides et empoisonnées du noise rock
sale et méchant de Divorce alors que l’on découvrait au compte-gouttes les
divers singles, splits et formats courts que le groupe a publiés depuis ses
débuts en 2008. Plus que des avertissements sans frais, des coups de semonces.
Maintenant il faut bien se rendre à l’évidence que ce premier LP est meilleur
encore, qu’il concentre une indiscutable survitalité carnassière avec un sens
du bruit peu commun. Le groupe s’octroie au passage le droit de pomper un peu
du côté de la musique bruitiste (tout le début de Cunts In A Circle) ou de piller l’héritage free (le proprement
génial Stabby (Stabby) Stab et son
saxophone terroriste sur la guest list) mais on ne saurait non plus affirmer que
ces trois filles et ce garçon ne laissent rien au hasard… Au contraire la
musique de Divorce fait d’autant plus mal qu’elle n’est pas exempte d’une
désinvolture féroce et radicale à vous arracher des cris de douleur et des
regrets éternels. De la vraie musique de délinquants qui en ont rien à foutre
de tout. Qui veulent uniquement vous liquéfier les oreilles jusqu’à la cervelle
et vous crever le ventre. Qui vous piétinent sans pitié et qui vous emmerdent.
Leurs armes ? Une guitare qui sonne comme une scie circulaire, une basse
comme une décharge de gros calibre, une batterie comme une cavalcade de panzers
dans une plaine polonaise et un chant de goule extraterrestre sous speed et
suprêmement furieuse.
Les apprentis haineux et les
apôtres de la violence compressée – tous ces groupes de pseudo hardcore qui
passent leur temps à se copier les uns les autres ou alors ces autres groupes
estampillés « happy noise », comme si le noise rock pouvait être
joyeux et festif – peuvent aller se rhabiller et se reconvertir fissa au post
rock ou à la guimbarde celtique, il n’y a pas de place pour eux sur ce champ de
mines antipersonnel constamment transformé en bain de boue et de sang : Divorce
a signé l’album de l’année dans sa catégorie, tout simplement.
Ce premier album sans titre de Divorce est publié en vinyle uniquement par Nightschool records et à 1000 exemplaires : il y a 500 exemplaires violets et
500 exemplaires verts, la pochette est sérigraphiée et un coupon permettant le
téléchargement au format mp3 de l’intégralité de l’album est également fourni.