vendredi 12 octobre 2012

K-Holes / Dismania




Dismania est le nouvel et deuxième* album des new-yorkais de K-HOLES. Encore un groupe qui doit beaucoup au post punk/swamp goth à la Birthday Party meets Gun Club. Mais, à la différence des Slug Guts encore tout récemment évoqués, les cinq K-Holes voient un petit peu plus loin que leurs égos ratatinés de musiciens et ne se contentent pas de s’aplatir respectueusement et faussement devant un héritage trop lourd et trop grand pour eux. Avec Dismania, si on connait déjà la musique, on peut par contre affirmer que l’on ne connaissait pas encore cette façon là de la faire partager. Et ça, c’est déjà une sacrée bonne nouvelle.
Dismania a même tout pour plaire aux fanatiques des musiques 80’s un brin tordues, lacérées et perturbées**. Mais toujours à base de guitares et bien sûr très souvent avec ces lignes de basse qui s’imposent au centre de l’édifice. Or, plus que tout, K-Holes dévoile un peu plus d’originalité avec l’utilisation intensive d’un saxophone omniprésent – ce qui n’empêche par la jeune femme qui en joue d’être également préposée à l’orgue –, un saxophone donnant une coloration à la fois très attachante, parfois suave mais également sombrement lyrique à la musique du groupe.
Celle-ci virevolte de purs moments swamp (Child, Nothing New) à des balades crépusculaires et hantées (Window In The Wall, Numb) en passant par des décharges post punk du meilleur goût (Rats, le génial et frénétique enchainement de Nightshifter/Mosquito) avec toujours autant de réussite. Quel que soit le registre utilisé, K-Holes ne laisse rien au hasard, va au fond des choses, les déforme et en extirpe de purs moments de vérité et de chaleur dévorante. On aura rarement entendu ces derniers temps un album aussi enflammé et habité. Sincère et jamais faussement séducteur, Dismania est au contraire totalement magnétique et subjuguant.
On note également que deux personnes se partagent le chant – une chanteuse principale mais également le guitariste, dans un registre plus punk – et lorsque les deux se répondent sur Dirty Hax le résultat est tout simplement détonnant, aussi sale que séduisant, débridé que contrôlé, jubilatoire qu’intense. Dismania tient à la fois du cauchemar, de la hantise et de l’errement et pourtant on ne peut pas s’empêcher de trouver cette musique aussi belle qu’envoutante. Il va falloir à l’avenir compter avec K-Holes et même si ce groupe ne va jamais plus loin, on se souviendra de Dismania comme d’un disque frôlant délicatement l’essentiel du bout de ses tourments détraqués.

Dismania est publié en vinyle et en CD par Hardly Art records. S’il faut une fois de plus préférer la version LP c’est aussi à cause de cette photo sur le recto de la pochette : comme un visage qui se décompose ou – peut-être – un visage au contraire composé de plusieurs photos superposés***… une image trouble de la musique de K-Holes mais qui lui colle parfaitement.
                        
* on peut écouter le premier ainsi que quelques singles sur la page bandcamp de K-Holes
** tiens, par exemple, Rats a vraiment des airs de Siouxsie & The Banshees première période
*** ni homme ni femme et aussi blond que Jeffrey Lee Pierce lorsqu’il était amoureux de Debbie Harry et président du fan club de Blondie