Load records est un label irremplaçable et on aurait tort de simplement le cantonner dans le rubrique « label qui a publié tous les disques de Lightning Bolt depuis le début ». Le catalogue de cette émérite maison de disques basée à Providence (apparemment un parfait endroit pour les fous et les démeurés) est spectaculaire entre tous : Landed, Pink And Brown, The Hospitals, Six Finger Satellite, Vaz, Brainbombs, Noxagt, Hair Police, Sightings, Burmese, White Mice, Shit And Shine, Clockcleaner, Harry Pussy, Tinsel Teeth, Drunkdriver, Skoal Kodiak, Homostupids, Sex Church… cette liste – non-exhaustive – parle d’elle-même, non ?
On admettra donc que jeter son dû sur un disque
estampillé Load records c’est un peu,
lorsque on a la malchance d’habiter à Lyon, comme allez faire ses courses au
chinese supermarket de la place du Pont : tu as toujours envie d’acheter
plein de trucs, tu ne sais pas à l’avance quel goût tout ça peut bien avoir
mais tu en baves déjà, tu sais que tu ne seras pas déçu (juste peut-être
un peu dégouté) et donc tu vas te laisser tenter.
Aujourd’hui le rouleau de printemps est donc fourré
au FNU RONNIES. Un trio de Philadelphie qui aime beaucoup tremper son punk rock
mutin et robotique dans un bain d’acide turbulent. Pas l’acide qui ronge le
metal à guitares – quoi que – mais celui qui fait des trous dans la tête sans
pour autant permettre d’y voir plus clair à l’intérieur. Le chant est consciencieusement
daubé sous une tonne d’effets marinés au psychédélisme et écouter Saddle Up, premier LP du groupe après
une poignée de singles, c’est contempler un hybride joyeux et bordélique de Dee
Ramone et d’Helios Creed/Damon Edge/Chrome sous le haut patronage de Roky
Erickson et de Gibby Haines.
Le disque tourne en 45 tours et ne comporte que
huit titres donc tout va forcément très vite sur Saddle Up, par contre on ne risque pas d’en perdre une miette tant
ce post punk sauce piquante laisse des traces durables au fond des culottes.
Dans un tout autre genre cela me fait penser aux ridicules (mais assumés comme
tels) Fuckemos qui pratiquaient à merveille le contrepoint entre une musique
vicieusement lourde et un chant de nain de jardin sous hélium transgénique. Avec
FNU Ronnies on reste plus basiquement au niveau des pâquerettes et des bouses
de vaches mais l’herbe y gagne ce goût diaboliquement psychotique et délirant. De la musique de malades.