Jon Spencer, Judah Bauer et Russell Simins n’ont
rien enregistré ensemble pendant huit années. Entretemps chacun y est allé de
son projet solo ou de son side project (Jon Spencer a publié trois albums très inégaux
avec Heavy Trash) et il était donc temps de remettre ça : Meat + Bone est le nouvel album de The Jon Spencer Blues Explosion
et il est estampillé de l’année 2012.
Première – et seule véritable – bonne nouvelle, le
groupe a remisé au placard les bidouilles à la con et autres featurings hip-hop
et qui avaient complètement vicié l’atmosphère des albums Acme (1998) et surtout Damage
(2004). Il a aussi mis de côté le côté rolling-stonien du faiblard et proprement
formaté Plastic Fang (2002). Que reste-t-il
alors ? Et bien… tout le reste, c'est-à-dire pas grand-chose. Avec Meat + Bone on retrouve le Blues
Explosion juvénile et sexuel qui avait fait des étincelles sur les géniaux Extra Width (1993) et Orange (1994) et dans une moindre mesure
sur Now I Got Worry (1996). Mais ce
n’est pas suffisant.
Il n’y a pas un riff, pas une rythmique et pas une
ligne de chant tirés de Meat + Bone qui
n’ont pas déjà été utilisés par Jon Spencer et ses deux petits camarades sur les
albums du Blues Explosion entre 1991 et 1996 mais, paradoxalement, aucun titre
de ce nouvel album ne réussit à tirer son épingle du jeu ni n’arrive à s’élever
au rang de hit interplanétaire. Toutefois reprendre ses mêmes recettes n’est
pas obligatoirement un problème et des groupes qui ont fait dix fois le même
disque on en admire plein (les Ramones, les Cramps, en fait que des groupes
adulés en France/Europe et de leur temps méprisés chez eux, aux U.S.) mais
honnêtement, au sujet du Jon Spencer Blues Explosion, ce n’était vraiment pas la
peine de retourner en studio après un hiatus de huit années.
Il y a deux ans tout le back catalogue du groupe a
été superbement réédité – avec moult bonus pas dégueux et autres raretés et
inédits – et c’était bien suffisant pour le bonheur du fan de base. Cela aurait
du le rester. Car Blues Explosion c’est exactement le genre de groupe qui
pourrait tourner pendant encore dix (quinze ? vingt ?) années en
proposant toujours la même chose et sans pour autant avoir besoin d’enregistrer
du nouveau matériel. Meat + Bone est
un disque inutile, comme une carte de visite que vous tendrait votre meilleur copain
d’enfance parce qu’il vient de s’en faire imprimer un lot de 200 exemplaires
(dont 100 offertes) pour fêter son cinquantième anniversaire ; on apprécie
le geste, on peut être vaguement ému par cette attention touchante, naïve et ringarde
mais au fond on s’en fout complètement.
Meat + Bone
est publié en LP et CD par Bronze Rat records.