Lorsque Bigoût
records et Active Disorder
s’associent pour organiser un concert sur Lyon, on sait déjà que ça va
sévèrement chauffer. Bon… tout le monde n’est visiblement pas de cet avis parce
qu’en ce dimanche soir – et alors que le sacro-saint match de foot a lui été
annulé pour cause de grand vent – il n’y a pas grand monde qui se précipite au Sonic. Dommage…
Elle est pourtant belle cette affiche avec ChooChooShoeShoot
et Møller Plesset : les premiers sont l’un des meilleurs groupes
de noise-rock actuels à l’est de l’Atlantique nord ; les
seconds, une espèce assez rare d’ursidés caractériels, ne sortent que tous les
dix ans de leur tanière pour pratiquer la physique quantique. Et si on ajoute
que c’est le Grand Yoda PeF en
personne qui faisait le chauffeur/tourneur pour tout ce petit monde –
rajeunissant d’un coup d’un seul de quelques années – il ne m’en fallait pas
plus pour me précipiter et assister à ce concert.
Les absents ont donc toujours tort. On dira même que dans le cas de ce concert ils ont eu plus que tort. Impardonnable. Les CHOOCHOOSHOESHOOT jouent en premier et, passé le tour de chauffe nécessaire pour contrer l’atmosphère glaciale du Sonic, le groupe va ardemment défendre les titres de son deuxième album Playland (mais pas seulement : de manière surprenante le groupe jouera également Copacabana, le titre d’ouverture de son premier album Choose Your Own Romance).
Les titres défilent, tendus, et on goûte
pleinement à la complémentarité tranchante des guitares – guitare baryton sur
la gauche et guitare avec manche en alu sur la droite – qui découpent du riff
avec une dextérité privilégiant et accentuant cette férocité racée et souple
qui plait tant chez ChooChooShoeShoot. Assurément un bon concert et une bonne
prestation du groupe (avec également un batteur bien impressionnant et une chanteuse
à forte présence) – et puis quel bonheur de pouvoir enfin écouter en live des
titres tels que You’re Welcome ou Ground Switch.
Les MØLLER
PLESSET prennent la suite et la tension est à son comble. Quel bonheur à
nouveau de voir ces quatre types sur scène jouer ce truc complètement incompréhensible
mais tellement parlant et qui n’appartient qu’à eux. Møller Plesset est
vraiment un groupe unique. Sa musique est unique. Mais quelle incroyable
facilité apparente dans le jeu, quelle finesse de tous les instants, quel
esprit tordu, quelle faculté à tout emmêler juste pour le plaisir de tout réenrouler
ensuite (et ainsi de suite).
Et puis ils ont l’air heureux ces garçons, très
concentrés mais visiblement contents d’être là, de jouer ensemble, de jouer
pour des gens venus les voir exprès ; de temps en temps on intercepte un
regard complice, un échange de sourires et on comprend immédiatement que les
quatre Møller Plesset se connaissent sur le bout des doigts, qu’une grande
partie de la magie du groupe vient de là.
On reconnait au passage les titres du EP Hartree-Fock Method ; le groupe
joue également quelques vieilleries mais il me semble bien qu’il y avait également
des nouveaux titres qui donnent espoir qu’un jour Møller Plesset sorte enfin son
troisième album. Mais on ne va pas les brusquer ; qu’ils prennent encore
leur temps s’ils le veulent. C’était déjà presque miraculeux qu’ils aient entrepris
cette mini-tournée. Mais j’ai confiance.
Epilogue : les deux groupes ont remballé leur
matériel, ont tout rechargé dans le van et sont repartis sur la route dès la
fin du concert. Le lendemain ils jouaient à Prague et la route est longue pour
y parvenir. Aux dernières nouvelles tout va bien. Les ChooChooShoeShoot et les Møller
Plesset ont traversé sans encombre les autoroutes allemandes enneigées jusqu’à
la Tchéquie. Ils seront de retour dès ce jeudi 1er novembre où
ils joueront à Strasbourg (au Stimultania) ; puis le 2 novembre dans le
cadre du festival Pacemaker
à Reims en compagnie d’ISaAC et enfin le samedi 3 novembre à Paris (à l’Espace
B) – alors surtout ne les ratez pas.
[pour les photos pourries prises dans la pénombre
rougeâtre du Sonic c’est
ici]