samedi 17 novembre 2012

Savage Republic / Varvakios


De la politique encore. Tout comme le Allelujah! Don't Bend! Ascend! de Godspeed You! Black Emperor, ce nouvel album de SAVAGE REPUBLIC démarre par des bruits de manifestations : Ethan Port, Thom Fuhrmann et leurs petits camarades de jeu ont débarqué à Athènes en plein milieu des émeutes anti-austérité. Nous sommes le 13 février 2012 et ça explose dans tous les sens : les grecs sont dans la rue pour hurler leur haine à l’encontre d’une politique qu’ils jugent – à juste titre – injuste et inique (le livret de disque comporte quelques photos assez édifiantes de ces manifestations et de la répression policière).
Ni une ni deux, les quatre musiciens de Savage Republic s’enferment aussi sec dans un studio, y restent 72 heures et en ressortent avec ce qui va devenir Varvakios. Mais laissons un peu la parole au bassiste/guitariste/chanteur Thom Fuhrmann : « To walk into such a volatile situation and create this music in such a short time was by far the most satisfying experience that I've ever had as an artist ». Soit…




Le problème de Varvakios est que le résultat est franchement inintéressant. Sparta, le titre d’ouverture, passe encore bien que ce soit qualitativement du Savage Republic de seconde zone ; mais les choses se gâtent encore davantage avec Hippodrome, un titre instrumental tellement caricatural qu’il en devient drôle – cela me fait penser au Just Like Heaven des Cure, une composition vraiment mauvaise mais que l’on pardonnait à la bande à Robert Smith parce qu’on pouvait encore y déceler quelques indices de ce que le groupe avait été à l’époque de ses tout premiers enregistrements maigrelets : Hippodrome suscite le même effet, juste à peine plus apitoyé.
Mais le pire est à venir. Le pire ce sont ces titres – Varvakios, Poros, et l’horrible For Eva avec sa guitare sèche – sur lesquels on peut entendre le violon de Blaine L. Reininger de Tuxedomoon. Reininger n’est pas à proprement parlé l’élément que je préfère dans Tuxedomoon mais lorsqu’il joue avec Savage Republic il bat vraiment des records. Ses violonades sentent bon le cliché folklorique, la fête au village voire la veillée autour du feu. De temps à autres réapparait un titre un peu plus consistant mais à peine (Pigadi, Kara, et Anatolia) et surtout toujours instrumental ; on a droit aussi à des nouveaux bruits de rue. Visiblement Savage Republic ne savait pas quoi faire pour remplir ses bandes, un single de deux titres – composé de Sparta et Anatolia c'est-à-dire les premier et dernier titres de Varvakios – aurait largement suffit pour témoigner de la crise grecque et de l’affirmation politique du groupe.
On se rappellera également que jusqu’ici l’un des moins bons albums de Savage Republic s’appelait Customs (1989), qu’il avait déjà été enregistré en Grèce et qu’il portait ce nom suite à la saisie par les douanes de tout le matériel du groupe qui avait ainsi été contraint d’enregistrer avec des instruments du cru et empruntés. Comme pour Customs, les intentions de Savage Republic avec Varvakios sont bonnes mais le résultat n’est absolument pas à la hauteur des chefs-d’œuvre du groupe, à savoir Tragic Figures (1982), Ceremonial (1985) et Jamahiriya Democratique Et Populaire De Sauvage (1988) – ce sont ces disques là de Savage Republic qu’il faut écouter en priorité.

Varvakios est publié en CD par LTM recordings (aka Les Temps Modernes). Une version vinyle limitée à 300 exemplaires existe, elle a été publiée par Savage Republic via le propre label d’Ethan Port, Mobilization records