vendredi 23 novembre 2012

The Men / Immaculada




THE MEN c’était mieux avant. Et il n’y a pas si longtemps que ça, encore. 2010. Pas plus, pas moins. Cette quatrième (ré)édition – peut-être devrait-on parler de simple retirage – d’Immaculada, le premier véritable album du groupe de Brooklyn, est là pour le prouver. Oui, The Men c’était vraiment mieux avant, c'est-à-dire quand le groupe n’avait pas encore signé chez Sacred Bones records, quand il enregistrait dans sa cuisine des disques au son approximatif et quand Chris Hansell était encore le bassiste. Leave Home (2011) était déjà un disque décevant mais ce n’était rien comparé à Open Your Heart (2012) – Chris Hansell est pourtant crédité sur ce dernier mais sa participation reste néanmoins nébuleuse... Alors retournons en arrière et pas trop loin non plus (donc) pour réécouter Immaculada.
Jusqu’ici The Men ont toujours et à chaque fois plus ou moins enregistré le même disque puisque chaque album du groupe dévoile son quota de compositions hétéroclites. Un peu de punk rock 70’s par ici, un peu de shoegaze par là, un peu de hardcore au milieu et même un peu de noise rock. Déjà Immaculada n’échappait pas à la règle : la première face du disque est même un modèle de fourre-tout assez génial avec son intro brumeuse (Stranger Song), un titre de punk rock barré et lourd, presque du noise-rock par endroits (Problems/Burning Up), ce titre assez inqualifiable croisé au black metal (Grave Desecration) et un long instrumental atmosphérique qui ne donne pourtant pas envie de dormir (Madonna ; The Star Of The Sea). On s’y perd complètement mais on s’y retrouve quand même en ce sens que tout est excellent et que surtout tout est sale, suintant et chargé de rage.
La deuxième face du disque est à l’avenant marquée par les tubesques Lazarus et Praise The Lord And Pass The Ammunition et surtout dominée par la doublette hallucinée Oh Yoko/Immaculada et démontre que The Men dans leur forme originelle étaient bien plus méchants et vicieux que le gentillet groupe de punk rock arty et délavé avec sophistication qu’ils sont devenus par la suite. Evoluer c’est bien mais si c’est pour se vautrer dans les vieilles recettes chargées d’auto-complaisance alors non merci.
S’il y a un disque de The Men à se procurer d’urgence c’est donc bien celui-ci – et dans une bien moins mesure Leave Home. Celles et ceux qui ont vu récemment le groupe en concert – donc avec Ben Greenberg dans le rôle du bassiste/chanteur et non pas avec la bassiste de Pygmy Shrews dans celui de la plante verte intérimaire – sont cependant porteurs de bonnes nouvelles : The Men auraient enfin repris de vraies couleurs. Une information que l’on pourra vérifier dès 2013 puisque The Men ont déjà annoncé que leur nouvel album, le troisième pour Sacred Bones, devait être publié au printemps. Alors ne soyons pas trop rancuniers, attendons, attendons…

Immaculada est publié en vinyle par Deranged records ; c’est la quatrième fois en moins de deux ans que le label réédite ce disque (après un tirage noir, un rouge et un rose, retour au noir).