THE MEN
c’était mieux avant. Et il n’y a pas si longtemps que ça, encore. 2010. Pas
plus, pas moins. Cette quatrième (ré)édition –
peut-être devrait-on parler de simple retirage – d’Immaculada, le
premier véritable album du groupe de Brooklyn, est là pour le prouver. Oui, The
Men c’était vraiment mieux avant, c'est-à-dire quand le groupe n’avait pas
encore signé chez Sacred Bones records, quand il enregistrait dans sa cuisine
des disques au son approximatif et quand Chris Hansell était encore le
bassiste. Leave Home (2011) était déjà un disque décevant mais ce
n’était rien comparé à Open Your
Heart (2012) – Chris Hansell est pourtant crédité sur ce dernier mais sa participation reste néanmoins nébuleuse... Alors retournons en arrière et pas trop loin non plus (donc)
pour réécouter Immaculada.
Jusqu’ici The
Men ont toujours et à chaque fois plus ou moins enregistré le même disque puisque chaque album du groupe dévoile son quota de compositions hétéroclites. Un peu de
punk rock 70’s par ici, un peu de shoegaze par là, un peu de hardcore au milieu
et même un peu de noise rock. Déjà Immaculada
n’échappait pas à la règle : la première face du disque est même un modèle
de fourre-tout assez génial avec son intro brumeuse (Stranger Song), un titre de punk rock barré et lourd, presque du
noise-rock par endroits (Problems/Burning
Up), ce titre assez inqualifiable croisé au black metal (Grave Desecration) et un long
instrumental atmosphérique qui ne donne pourtant pas envie de dormir (Madonna ; The Star Of
The Sea). On s’y perd complètement mais on s’y retrouve quand même en ce
sens que tout est excellent et que surtout tout est sale, suintant et chargé de
rage.
La deuxième face du disque est à l’avenant – marquée
par les tubesques Lazarus et Praise The Lord And Pass
The Ammunition et surtout dominée par la doublette hallucinée Oh Yoko/Immaculada – et démontre
que The Men dans leur forme originelle étaient bien plus méchants et vicieux que le
gentillet groupe de punk rock arty et délavé avec sophistication qu’ils sont devenus par la suite. Evoluer c’est bien mais si c’est pour se vautrer dans les
vieilles recettes chargées d’auto-complaisance alors non merci.
S’il y a un disque de The Men à se procurer d’urgence
c’est donc bien celui-ci – et dans une bien moins mesure Leave Home. Celles et ceux qui ont vu récemment le groupe en
concert – donc avec Ben Greenberg dans le rôle du bassiste/chanteur et non pas
avec la bassiste de Pygmy Shrews dans celui de la plante verte intérimaire –
sont cependant porteurs de bonnes nouvelles : The Men auraient enfin
repris de vraies couleurs. Une information que l’on pourra vérifier dès 2013
puisque The Men ont déjà annoncé que leur nouvel album, le troisième pour Sacred
Bones, devait être publié au printemps. Alors ne soyons pas trop
rancuniers, attendons, attendons…
Immaculada
est publié en vinyle par Deranged records ; c’est la quatrième fois en moins de deux ans que le label
réédite ce disque (après un tirage noir, un rouge et un rose, retour au noir).