Le grand retour de YOWIE, qui y croyait vraiment ? Qui en attendait réellement quelque chose ? Et puis d’abord de qui parle-t-on ? Et bien on parle d’un trio originellement composé d’un certain Jimbo à la guitare, de Jeremiah Wontsewitz à l’autre guitare et de Shawn O'Connor aka Defenstrator à la batterie. Malheureusement Cryptology, le premier album de Yowie, a été publié par Skingraft en 2004 : non seulement ce disque n’était pas à proprement parler une réussite complète mais en plus il a eu le malheur, si on peut dire, d’apparaitre exactement au moment où la côté d’amour éternel pour le label de Chicago était en chute libre ; on peut même dire que Yowie a contribué à la disgrâce de Skingraft records (qui a fait bien pire après en publiant les abominables et pathétiques Gay Beast ou en se contentant de ressasser les mêmes recettes avec des groupes de hipsters hystériques comme Pre et Aids Wolf).
Yowie n’était donc plus qu’un lointain souvenir et
d’ailleurs c’est tout juste si le groupe existait encore ; car pendant
presque huit années le principal problème de Yowie a été de trouver un
remplaçant à Jimbo… lequel est finalement revenu pour enregistrer le deuxième
album du groupe, Damning With Faint
Praise. Et puis Jimbo est à nouveau reparti… lors de la récente tournée
européenne de Yowie c’est Chris Tull qui s’occupait de faire bouillir et fondre
les guitares aux côtés de Jeremiah Wontsewitz ; Chris Tull on le connait
déjà pour avoir joué dans Grand Ulena avec Darin Gray (ex Dazzling Killmen) et on ne peut pas dire qu’on y a perdu au change. S’il reste définitivement avec
Yowie il ne sera sans doute jamais rien arrivé de mieux à ce groupe.
Mais bon, en attendant, ce n’est donc pas lui qui
joue sur Damning With Faint Praise
mais peut importe : ce deuxième album est largement supérieur à Cryptology et bien qu’il soit tout aussi
barré que celui-ci, il donne moins mal à la tête car il est beaucoup plus
lisible – les compositions sont bien meilleures, la qualité de l’enregistrement
également et on prend un réel plaisir à écouter ce math rock/prog
noise/je-ne-sais-quoi dont le seul but semble de nous vriller les oreilles et
nous liquéfier les synapses.
Peut-être est-ce parce qu’entre temps on a pu voir
Yowie en concert et que donc on peut dorénavant associer mentalement l’image et
le son mais on comprend désormais parfaitement là où ces trois malades veulent
en venir, on hurle de joie lorsque les guitares – l’une veillant aux aigus,
l’autre préférant les médiums et les basses – se croisent dangereusement et à
contre-sens sur un circuit de montagnes russes en train de s’écrouler sous les
coups de massues balancés par Shawn O'Connor et sa batterie extrémiste. Du
brodel oui, mais du bordel incroyablement jouissif et communicatif. Le
principal mérite de Damning With Faint
Praise reste donc de largement pouvoir soutenir la comparaison avec la
démence des concerts de Yowie ; on espère que le trio n’attendra pas à
nouveau huit années pour revisiter l’Europe et pour publier de nouveaux
disques.
[Damning
With Faint Praise est publié en CD et LP – le vinyle est d’une couleur
aussi indéfinissable que dégueulasse – pas Skingraft]