C’est l’histoire d’un groupe monté en épingle. Mais
c’est plutôt mérité : les premiers singles de METZ valent vraiment le coup et
laissaient présager du meilleur pour la suite. La suite c’est ce premier album
sans titre publié par Sub Pop et à la pochette très soignée. Au recto on
découvre une photo en noir et blanc et digne d’un album des Smiths (oui, le
groupe de pop des 80’s) – le nom de Metz apparait uniquement en filigrane
car imprimé par effet de relief dans le cartonnage ; au verso on trouve
une autre photo avec un type vautré dans une batterie. La similitude
avec une pochette de Nirvana, ajoutée au nom de Sub Pop, label commun aux deux
groupes, a déjà fait couler beaucoup d’encre. Mais en vain. Laissons donc Kurt
Cobain pourrir et se faire bouffer par les vers le peu de barbaque qu’il doit
lui rester sur les os, bien tranquillement là où il est, car Metz n’a vraiment rien
d’un groupe de (pseudo) grunge, en tous les cas sur disque – et laissons donc également aux exégètes le plaisir de retrouver ici ou là les deux accords et demi ou les cinq mesures qui pourraient effectivement avoir été complètement pompés sur un vieux titre de Bleach.
Non, le cas de Metz est bien plus simple que cela.
Le trio envoie du gros, du lourd et du bruyant tout au long de dix compositions
qui se ressemblent toutes les unes les autres ; il y a deux riffs maximum
par compositions ; les lignes de chant sont foutues pareil ; le chant
parlons-en encore puisqu’il est noyé sous une couche honorable de réverb, la
technique actuelle préférée des groupes qui ne savent pas chanter ou qui préfèrent
brailler ; les compositions filent bien droit et ne tiennent que par
l’énergie communicative qui se dégage de l’enregistrement.
Voilà, ce n’est pas plus compliqué que cela :
cet album sans titre de Metz n’est ni l’album de noise rock minimal et enragé
de l’année ; ce n’est pas non plus la bouse honteuse tant décriée. Il
s’agit juste d’un bon petit disque, moyen mais efficace, qui envoie sévère
voire qui arrache velu, qui ne se pose pas de questions, qui est d’une
simplicité frisant l’honnêteté naïve et qui a été enregistré par un petit
groupe canadien qui n’en demandait sûrement pas autant. Si on veut vraiment
finasser on précisera que la seconde face du disque est meilleure que la
première tout simplement parce que les titres qui la composent sont mieux
foutus, plus énergiques, plus intéressants et plus percutants… A noter
également que chaque face se termine par une courte séance de larsens ou de
je-ne-sais-quoi dissimulée après une plage de silence (y a-t-il un concept là
dedans ?).
Ce disque est publié par Sup Pop – donc
– en CD, en LP avec coupon de téléchargement mp3 et en version limitée
intitulée « loser edition » c'est-à-dire gravée dans un vinyle aux
couleurs dégueulasses et surtout accompagnée d’un 7’ bonus contenant deux
titres inédits – un single dont on reparlera peut-être un jour (ou pas).