[la fin des chroniques consacrées aux splits 7’
publiés par HELL COMES HOME ;
la première partie se trouve ici, la seconde là]
HCH - 009 : Dukatalon et Rites. Arrivé à cette neuvième référence, le doute pourrait s’installer : va-t-on tenir jusqu’au bout ? La qualité des disques va-t-elle irrémédiablement baisser ? Un doute que le hardcore sombre et nerveux de DUKATALON (un groupe israélien) parvient à dissiper assez facilement. Le chant est malgré tout assez étrange, on le verrait bien coller davantage à une formation norvégienne ou suédoise oscillant entre le death et le black. Ce chant d’ostrogoth des cavernes est aussi ce qui fait toute l’originalité de ce groupe.
Les compagnons de Dukatalon s’appellent RITES et ils viennent de Galway en
Irlande, ce sont donc des voisins de pallier directs de Hell Comes Home. Le
registre est ici beaucoup plus éclairci, nerveux et sec. Moins de boue mais
plus d’électricité, on ne perd donc pas au change et surtout on ne perd rien question
lourdeur ou agressivité. A noter que Rites annonce la parution imminente de son
deuxième album.
HCH - 010 : Black Sun et Throat. Attention : ce dixième split est sans doute la référence à posséder de toute la série, du moins s’il fallait vraiment en choisir qu’une seule.
Les écossais de BLACK SUN ne dépareillent
absolument pas dans le paysage avec encore une fois une sorte de doom sludge
très typé. Sauf que ce riff circulaire est réellement démoniaque et élève
résolument Black Sun loin au dessus de la mêlée. Quelque chose me dit qu’il va
falloir se procurer d’urgence les autres enregistrements du groupe (quatre
albums quand même).
Sur l’autre face THROAT (Finlande) explose littéralement
tout ce qui bouge, à commencer par Black Sun et tous les meilleurs groupes de
la série. Il n’y a rien à dire, les déflagrations chargées de gros noise rock
putride de Throat font des merveilles. Je ne sais pas exactement de quoi
peuvent bien nous causer le texte de ce Anal
Paranoid – j’ai malgré tout une petite idée – mais question musique, cela
fait effectivement très mal. Et puis comment résister à cette montée/reprise
aux alentours de 2’30, accompagnée de hurlements proprement inhumains ?
HCH - 011 : Dopefight et The FuckingWrath. Les anglais de DOPEFIGHT (Brighton) inaugurent cet avant dernier volume et constituent le groupe le plus ouvertement stoner/sludge de toute la série. Après une intro puissamment alourdie, sale, humide et nauséeuse, Stonk emprunte des chemins plus seventies et garants d’un bon niveau d’efficacité. Excellent dans son genre !
Les californiens de THE FUCKING WRATH continuent la descente
aux enfers. Comme beaucoup de groupes défendus par Hell Comes Home, on retrouve
une bonne dose de metal ici, un metal
occasionnellement influencé par la très 80’s N.W.O.B.H.M. – new wave of british
heavy metal – dans une version toutefois plus alourdie. On croirait même
entendre Saviours sur toute la longue intro de Ronald
Reagan Punk Party (qui n’a donc vraiment rien de punk) ; une impression
très vite estompée dès que le groupe accélère considérablement le rythme pour
lorgner du côté d’un Hellhammer qui aurait bouffer du hardcore old school ;
puis un solo de guitare plutôt sec et net vient à nouveau brouiller les pistes…
Dopefight a au moins le mérite de ne pas se laisser faire.
HCH 012 : Dead Elephant et Rabbits. On arrive au dernier
volume… et c’est presque l’apothéose. On a souvent défendu ici les italiens de DEAD ELEPHANT et ce Carne De Perro littéralement
dantesque s’étalant sur plus de huit minutes frise l’exceptionnel. Un titre
dont l’enregistrement date de décembre 2010 et est donc bien plus proche de Lowest Shared Descent, premier album de
Dead Elephant, que du deuxième Thanatology.
Les grincheux qui ont mal digéré ce dernier pourront ainsi avoir leur revanche
et souffrir comme il se doit sur ces rythmiques infernales et ce long passage
intermédiaire en forme d’étau qui se ressert. Aucune échappatoire possible.
Ce sont donc les RABBITS de Portland/Oregon qui ferment
le bal pour cette fois avec un War’ Oh My
particulièrement haineux et virulent. Le groupe remercie les anarchopunks de
Crass mais j’ai beau me creuser la cervelle à la recherche d’une quelconque
étincelle de mémoire, je ne reconnais pas ici une quelconque reprise des
anglais mise à part peut-être une allusion au final de How Does It Feel ? et à Fight
War Not Wars… Qu’importe : ce War’
Oh My excelle question brutalité et force de persuasion. Ce dernier volume
est également à se procurer d’urgence.
On l’aura compris, malgré les quelques
restrictions déjà mentionnées, on peut affirmer que cette collection de split
7’ est de qualité supérieure. Le bonhomme derrière tout ça – sûrement encore un
illuminé – ne peut être qu’un passionné et si le but initial de HELL COMES HOME était précisément de
nous faire partager sa passion pour la musique, on peut dire que le pari est
largement gagné.
L’unité graphique imposée par les artworks magnifiques
de Kuba Sokolski ne fait certes pas
tout : écouter ces disques, les réécouter encore et encore puis effectuer
son propre petit classement personnel permet de se rendre compte de l’ampleur
et de la cohérence du projet. Tout simplement incontournable.