Les salauds et les fils de pute sont-ils
sincères ? Question essentielle. Car autant dire que nous sommes sûrement tous
des salauds ou des menteurs. JP Marsal AKA 202PROJECT
revient près de deux ans après un Total Eclipse qui aura remué son
quota d’idées noires et de clair-obscurs troublants. Ce nouvel album, dignement
et uniquement publié en vinyle et intitulé Disco
Quake, est le parfait successeur de ce coup d’éclat de 2010. Pourtant, et
même s’il ne change pas radicalement la donne, voilà un disque qui semble bien
plus désinvolte, bien plus ironique (désabusé ?) et – donc – moins en quête
d’espérance et de repères. La légèreté faussement détachée (musicalement les
80’s dominent largement Disco Quake)
qui s’échappe des douze titres de cet album n’arrive toutefois pas à cacher un
malaise certain et palpable. Mais Disco
Quake n’est pas un album moins personnel que Total Eclipse, il est juste d’apparence moins affectée parce que
moins ambitieux… il n’en est donc que plus touchant.
Musicalement on ne manque pas non plus de
remarquer la constance rythmique affichée de Disco Quake : mis à part Hollywoodland
en fin de face A et The Moon Of Doom
en avant-dernière position de la face B, toutes les compositions du disque vont
à la même vitesse, celle d’une new wave robotique, grésillante et noisy, mais pas
assez rapide pour danser dans l’oubli et l’insouciance ni assez lente pour se
complaire dans la suffisance de l’auto-apitoiement. Très loin de provoquer un
sentiment de lassitude, ce compteur rythmique bloqué entre 115 et 120 bpm est
l’une des grandes forces du disque parce qu’il dévoile les qualités
déterminantes de JP Marsal/202project en tant que compositeur et arrangeur.
Autant de chansons qui auraient pu toutes se ressembler mais, de fait, autant
de pépites diversifiées et aux caractères propres.
La face B de Disco
Quake est même encore plus surprenante que la première avec des
compositions (aux titres aussi hilarants que le grinçant fuckfuckfuck et le plus mélancolique Fish’n’Chips) qui semblent réellement prendre des voies parallèles
tout en regardant de plus loin la même ligne d’horizon que le restant de
l’album. Et comme si cela ne suffisait pas The
Rain Drop In The Sand dévoile un côté 60’s (avec un simple mais très bon
travail sur les arrangements) qui fait presque figure de rayon de soleil.
Le soleil ça brille mais ça brûle également ;
un peu à l’image du superbe artwork de Disco
Quake (signé Ronan Scoarnec, il avait déjà fait des pochettes pour
202project ou pour les groupes précédents de JP Marsal), un artwork montrant un
bout de pellicule 35 mm brulée par une ampoule de projecteur trop puissante…
comme si à force de vouloir voir de plus en plus clair on devenait complètement
incapable de discernement ; comme si, après avoir emprisonné la réalité,
on l’avait purement et simplement détruite ; comme si enfin les rêves revenaient
à leur place, celle de l’éphémère. En réécoutant toujours plus Disco Quake on se dit également qu’au
final voilà un disque beaucoup moins léger qu’il ne semble au départ. En tous
les cas un disque fort estimable et un nouveau coup de maitre de la part de
202project.
Disco Quake est publié en LP par 202 Prod. et le Son Du Maquis
(avec poster et coupon de téléchargement). Et pour les lyonnais qui l’auraient
manqué lors de son récent passage au Nouveau Théâtre du Huitième en première
partie d’Acid Mothers Temples, 202project sera en concert lyonnais au Sonic en première partie de Led Er
Est le 30 novembre prochain.