HELL COMES
HOME est un label basé en Ireland et monté par un suisse expatrié qui
précédemment avait fait ses armes (et des étincelles !) avec le bien connu
label Get A Life! records. Le premier projet de Hell Comes Home est du genre
pharaonique : un single club – c’est comme ça qu’on appelait ce genre
d’initiative au 20ème siècle – de douze splits 7’. Soit vingt-quatre
groupes au total et un premier coup d’œil sur le casting proposé permet de
repérer quelques noms reconnus et d’autres beaucoup moins. Voici les chroniques
des quatre premiers volumes.
HCH
- 001 : Kowloon Walled City et Thou : aucune idée de qui peut bien être
KOWLOON WALLED CITY mais la reprise
lente et presque dark que donne le groupe d’un titre de Low aurait pu
réellement être à mourir de rire si le chant féminin avait été un peu plus
sale. Mais ce n’était sûrement pas l’effet escompté par le groupe lorsqu’il a
demandé à Lisa Papineau d’assurer
les parties de chant en invitée de luxe. Bon… cela reste bien mieux
qu’Evanescence mais n’aimant déjà pas Low à la base, je sors mon joker.
Par contre sur l’autre face THOU s’en prend au 4th Of July de Soundgarden en mode très lourd, très gras et très lent.
La superposition des deux chants – celui en voix claire et conforme à
l’original et celui façon goule en rut de Bryan Funck – donne un effet intéressant de possession
maléfique, digne de cette petite fille qui dans L’Exorciste invitait pompeusement ta mère à aller sucer des bites
en enfer. Visiblement les gens de Thou sont très fans de Soundgarden, pourtant 4th Of July est initialement tiré de Superunknonwn, l’un des plus mauvais
albums des grungers.
Comme pour tous les volumes de la série, ce 7’ est
accompagné d’un coupon de téléchargement mp3 ; par contre – contrairement
à la plupart des autres références – il n’y a aucun insert avec les paroles, sans
doute parce que ce split réunis deux reprises ; enfin on remarquera le
très beau travail du polonais Kuba
Sokolski qui a été chargé d’illustrer tous les disques de la série.
HCH -
002 : Suma et Ultraphallus. Ce deuxième volume est en fait le premier
grand disque de la série. Les suédois de SUMA présentent
un doom fiévreux et d’inspiration 70’s – écoutez un peu ce chant – qui tire
toutefois vers une certaine modernité. Ces petits gars ne sont certes pas des
novices, ils ont au moins trois albums et une pelletée de splits déjà à leur
actif et ce Geistedkrank aux relents
curieusement noise est en quelque sorte une bonne piqûre de rappel.
S’il y a un groupe inclassable, il s’agit bien des
belges d’ULTRAPHALLUS. Leur Young Bones est une réussite absolument
parfaite, pleine d’humour dévoyé et pourtant d’une puissance assurée. Ne me
parlez par de Torche versus Melvins, question lourdeur alliée à un sens de la
mélodie presque inné, Ultraphallus les enterre tous les deux. Ah et puis ces
handclaps sont vraiment l’une des meilleures idées entendues ces derniers temps !
Sinon Ultraphallus a récemment annoncé avoir mué
en septet et annonce son quatrième album pour l’année 2013 ; il devrait
s’appeler Ordinary Peacocks…
HCH - 003 : Dephosphorus et Great Falls. Complètement inconnu au bataillon, DEPHOSPHORUS ne fait guère dans la dentelle et pratique un grind death qui tend vers l’originalité en ce sens qu’il est traversé de plans très étranges tirant vers le sludge le plus crade. Ces grecs viennent en outre de publier un album intitulé Night Sky Transform sur 7 Degrees records.
La grosse claque de ce troisième volume se trouve
indéniablement sur l’autre face avec les monstrueux GREAT FALLS. Composé de deux anciens
membres de Playing Enemy (Demian Johnson et Shane Mehling), Great Falls est ce
qui se fait de mieux en matière de hardcore noise et rampant et l’apport
désormais acquis du troisième membre Phil Petrocelli à la batterie a encore
renforcé la sauvagerie de la musique du groupe. Mais on en vient à se demander
si la boite-à-rythmes très Godflesh que l’on pouvait entendre sur les premiers
enregistrements de Great Falls ne double pas la batterie parce que Everything But Lightning conserve un
petit côté industriel qui ajouté au chaos initial du groupe fait toute la
différence.
HCH - 004 : Akaname et Lesbian’s Fungal Abyss : encore une séance découverte grâce à Hell Comes Home. Originaire de Nouvelle Zélande, AKANAME est désormais basé en Australie (Melbourne) mais le trio instrumental n’a rien à voir avec tous les groupes swamp/goths influencés par Birthday Party et que l’on affectionne particulièrement ici. Le metal d’Akaname est extrêmement versatile, allant du sprint sans répit aux passages lourds mais dynamiques sans qu’un quelconque effet de collage ne se fasse sentir. Et, chose plutôt rare chez un groupe du type d’Akaname, l’absence de chant ne porte pas non plus préjudice à l’ensemble.
Autre groupe entièrement instrumental, LESBIAN’S
FUNGAL ABYSS est un groupe a tendance bien plus atmosphérique, post hardcore
voire post rock mais loin d’être aussi pénible que le genre le veut
d’ordinaire. Humongous Fungus est
malgré tout très frustrant parce que se terminant par un fade-out laissant
deviner que ce titre aux accents ouvertement pysché et brumeux – le groupe n’a
pas pu s’empêcher de mentionner sur la pochette le nom de la substance ingérée
pendant l’enregistrement – a été coupé pour correspondre aux impératifs du
format restreint d’un 7’. Dommage…
[la suite demain]