On était sans aucune nouvelle de Warsawwasraw et pour être franc on n’en attendait pas vraiment non plus de ces frenchies et petits protégés de The Locust (les sauterelles ayant même invité Warsawwasraw sur toute une tournée en 2008). On se rappelle surtout qu’alors que le groupe se retrouvait réduit à trois membres – chant, guitare et batterie – Warsawasraw avait publié Chaajoth, un 7 pouces enregistré à l’époque où son line-up se composait encore de cinq personnes (une chanteuse et un bassiste ayant quitté le navire entretemps). Chaajoth ne brillait peut être pas pour son originalité – spazzcore as fuck – mais c’était un bon petit disque.
Et – hop la ! – retour sans prévenir de Warsawwasraw avec un nouveau 7 pouces publié cette fois ci par Three One G, le label de Justin Pearson – ex The Locust en chef et actuel Retox, faut-il le rappeler ? On peut dire que ce cher Justin est au moins fidèle en amitié. Jahiliya comporte sur sa première face le morceau titre et une première écoute confirme deux choses : premièrement ils ne sont plus que deux dans Warsawwasraw, la chanteuse est partie depuis bien longtemps et c’est le guitariste qui a repris le poste de braillard ; deuxièmement Warsawwasraw n’a stylistiquement pas bougé d’un pouce – comment j’ai dit déjà ? spazzcore as fuck ? ah oui, c’est tout à fait ça – sauf que c’est encore plus puissant, barré, méchant, carré et tout ce que vous voudrez, on parle de musique « extrême » là, donc la surenchère est le corolaire de tout le truc.
On est ainsi bien sûr très content qu’il y ait dans le coin des groupes tels que Warsawwasraw, violemment hardcore et tendu du slip comme des négociations sur la dette avec le FMI. Jahiliya se termine déjà – le titre dépasse pourtant les deux ou trois minutes règlementaires que le genre impose d’ordinaire – et on retourne prestement le disque : et là c’est la désillusion, la déception, que sais-je encore… la face B de ce single n’en est pas une, elle ne comporte pas de sillon, elle est complètement muette, en résumé Jahiliya est un single monoface. Malgré la qualité évidente de ce titre unique, on se demande à quoi ça sert de publier un tel disque en y apportant autant de soin (Artwork arty, pochette en carton épais, insert avec les paroles et vinyle transparent s’il vous plait). On espère que Jahiliya restera au moins inédit, qu’il ne figurera sur aucun éventuel futur album de Warsawwasraw et on n’est pas loin de penser que le groupe comme son label auraient mieux fait de se contenter de mettre Jahiliya en ligne – il y a des fois où la beauté du geste inutile me laisse malgré tout assez perplexe.