lundi 28 novembre 2011

Tarwater / Inside The Ships



Tarwater est un groupe très étrange. Bernd Jestram et Ronald Lippok – ce dernier étant également membre de To Rococo Rot – viennent de Berlin et ont été régulièrement affiliés au renouveau kraut ayant émergé dans les années 90’s, « courant » existant d’ailleurs à peine plus que son modèle et inspiration des années 60 et 70. Ce que l’on veut dire par là – on laisse à celles et ceux qui le souhaitent le plaisir et le choix des étiquettes qu’il leur semble bon d’apposer sur telle ou telle musique – c’est que Tarwater reste, des années après son premier album publié en 1995, complètement unique et inclassable.
La seule chose de sûr à propos du duo, c’est que l’on peut parler de musique électronique. De pop également. De synthétiseurs, d’un art subtil et très personnel du sampling. D’un chant dispersant de la retenue et de la distance tout en se montrant chaleureusement présent, comme lorsqu’on susurre des mots du bout des lèvres pour ne pas être entendu de tous tout en prenant soin d’articuler distinctement pour être compris quand même.




On ne compte plus les bons voire les grands albums de Tarwater – pour cela on vous conseille plus que tout de vous intéresser au coffret A Collection 1996 - 2002 chez Gusstaff records – mais le duo n’appartient pas au passé pour autant : malgré un The Needle Was Traveling moins bon que la moyenne en 2005, Tarwater a continué de nous séduire et de nous enchanter avec Spider Smile en 2007 et surtout le groupe est de retour avec Inside The Ships, son huitième album à ce jour, publié par Bureau B.
Inside The Ships est tout simplement un grand disque de Tarwater. Et on affirme même que le groupe y côtoie à nouveau et sans aucune difficulté les sommets qu’il avait déjà tutoyés avec Silur, Dwellers On The Threshold et Spider Smile. Tarwater semble même aller encore plus loin dans ses techniques de sampling qui sont l’une des marques de fabrique essentielles du duo et dans cette façon unique et jamais artificielle de mélanger sons électroniques et sons organiques – Sato Sato (une reprise de D.A.F.) et ses cuivres péteurs est même très drôle. D’autant plus que le groupe maîtrise réellement l’art de varier les atmosphères (en dehors du fait qu’en général Inside The Ships est comme ses prédécesseurs une alternance d’instrumentaux plus expérimentaux et de titres chantés plus immédiats et même plus pop) et de se faire succéder des compositions à la fois lumineuses, sophistiquées, très travaillées, finement arrangées mais toujours accessibles à la première écoute. Tarwater c’est vraiment ça, une certaine idée de l’exigence alliée à une mélancolie certaine, une délicatesse parfaite et à une immédiateté jamais trompeuse. On tient sûrement là l’un des meilleurs groupes « pop » de ces quinze dernières années, toutes catégories confondues.



Tarwater est un outre en tournée pour défendre ce magnifique Inside The Ships. Il y a plusieurs dates en France à commencer par celle au Sonic de Lyon le 29 novembre avec Blackthread en première partie.