mercredi 30 novembre 2011

Neptune / Silent Partner


Neptune, le groupe arty par excellence, est de retour avec Silent Partner, sur Northern Spy records. Fait nouveau, les Neptune sont quatre pour ce nouvel enregistrement – Daniel Boucher ayant quitté le groupe alors que Farhad Ebrahimi et Kevin Micka arrivaient. Le premier est totalement inconnu de nos services (quoi qu’il aurait participé un moment à Magic People, le groupe fondé par John Manson après son départ de Neptune et l’album Intimate Lightning en 2004*) mais le second n’est autre que le bonhomme œuvrant sous l’alias d’Animal Hospital, il a d’ailleurs plusieurs fois occupé le poste d’ingénieur du son sur les enregistrements passés de Neptune. Sinon le line-up comprend toujours Jason Sanford ainsi que Mark Pearson mais, à l’heure où on vous parle, il semblerait bien que ce dernier ait également quitté le navire**.
Sur disque Neptune a souvent été en deçà de ses performances scéniques, exception faite de l’album Gong Lake (publié chez Table Of The Elements en 2008) qui peut apparaitre comme une sorte d’aboutissement du groupe dans sa version Sanford/Person/Boucher, en tous les cas le disque sur lequel Neptune arrive presque à se passer de tout délayage expérimental et/ou de morceaux trop faiblards et bouche-trous***. Il faut dire que Neptune en concert c’est quand même quelque chose, avec ces guitares fabriquées maison et entièrement en métal, ces percussions insensées et ces boites à bidouilles dont les composants électroniques d’un autre âge – on veut dire avant l’invention du PC pour tous – semblent avoir été assemblés entre eux avec des bouts de chewing-gums usagés. Enfin bref, malgré tout le bien que l’on a pu dire de Gong Lake, rien de peut remplacer un concert de Neptune.




Malheureusement ce n’est pas ce nouveau Silent Partner qui va nous prouver le contraire. On est même très loin du compte et il n’y a pas de mystère : Silent Partner est un disque faiblard. Un rapide coup d’œil aux photos illustrant le verso du disque nous met un peu sur la voie : quatre vues plongeantes sur le matériel utilisé par chaque musicien… On compte pas moins de trois kits de percussions bricolés et accompagnés de boites à bordel sonore tout aussi bricolées alors que les deux photos du haut nous montrent, pour la première, toujours de la bidouille incompréhensible mais aussi une des fameuses guitares métalliques, et, en ce qui concerne la seconde, on ne sait encore quelle autre diablerie électromagnétique et une basse (enfin… une sorte de guitare trafiquée en fil de fer et avec quatre cordes). On refait les comptes et donc on obtient un groupe dont le lin-up est apparemment dominé par des utilisateurs de percussions et de sons électrobidules. Et l’écoute de Silent Partner le confirme avec une absence de fracas assez désolante : il n’y a presque plus de guitares sur ce nouvel album.
Les percussions ont toujours eu un rôle prépondérant dans la musique de Neptune et ce n’est pas la première fois non plus qu’un disque du groupe est largement basé sur leur utilisation extensive – pour mémoire, faisons encore une fois référence à l’album Intimate Lightning et ses deux batteurs/percussionnistes : Daniel Boucher et John Manson – mais, dans le cas de Silent Partner, on a beaucoup de mal à trouver quelque chose derrière. La musique est comme dégrossie (alors qu’elle n’était pas non plus à la base un modèle de foisonnement progressif), réduite à sa plus simple expression et tournant dans le vide laissé par les arrangements et instruments que l’on aurait bien imaginés à la place. Cash Mattress se traîne beaucoup trop en longueur, comme la plupart des compositions du disque (il y en a sept en tout), compositions qui provoquent un ennui certain avant de laisser de marbre.
Triple Your Money arrive à tirer son épingle du jeu car on y entend un peu de cette guitare dégénérée que l’on aimait tant et parce que les bidouilles électroniques ressemblent à autre chose qu’à une partie de Simon™ en réseau. Les vocaux sont volontairement trainants et irritants et – alliés au minimalisme percussif et répétitif – feraient passer le Drum’s Not Dead des affreux Liars pour un pur monument de musique baroque. Les passages instrumentaux tels que la longue première partie de Collection Plate s’en sortent à peine mieux tant ils révèlent un manque d’inspiration certain.
Mais le pire ce sont ces trois titres (#35, #36 et #37) qui parsèment Silent Partner et ne servent strictement à rien sinon à documenter une nouvelle fois les expérimentations des musiciens de Neptune en matière d’utilisation du langage binaire ou d’encodage en morse de leurs pannes artistiques. On en vient à se demander si le groupe est réellement arrivé à trouver à un moment ou à un autre un quelconque intérêt à la musique qu’il enregistrait alors et pour la première fois Neptune est ainsi terriblement décevant et ennuyeux.

* est ce que tout le monde suit ?
** c’est pourtant pas bien compliqué
*** mais on ne saurait trop vous conseiller aussi le non moins excellent et susnommé Intimate Lightning, enregistré à quatre, à une époque où Mark Pearson tenait encore la basse dans le groupe alors que John Manson faisait office de batteur/chanteur