Peter Kernel et Sheik Anorak au Sonic… belle affiche, hein ? Et bien le bruit court qu’il s’agirait là de la toute dernière programmation de l’association monozygote Maquillage & Crustacés avant un bon moment. Le principal intéressé a en effet annoncé qu’il souhaitait souffler un peu et ralentir question organisation d’évènements culturels de prestige à forte valeur ajoutée. Imaginez un peu le coup de semonce que cette annonce a provoqué dans le microcosme lyonnais : plus d’affiches réunissant une programmation improbable et bigarrée, plus de concerts à l’ambiance bon enfant et à l’esprit éternellement juvénile, plus de jeux de mots foireux dans les descriptifs des groupes apposés sur les flyers, plus d’affiches sérigraphiées à prix libre pour toutes celles et tous ceux qui voulaient ramener un souvenir à la maison, plus de distribution de parts de tarte à la praline aux premiers arrivés au concert, plus de jeunes filles acariâtres postées aux entrées pour faire régner l’ordre commercial… c’est une véritable institution qui menace ainsi de disparaitre, c’est tout un monde qui s’écroule. Merde.
Premier groupe de la soirée : Alligator. Alligator est un duo réunissant Elizabeth de Moms On Meth à la basse et Lisa de Réveille à la batterie – toutes deux se partageant le chant. Musicalement on est très proche de Réveille et pas du tout des terribles Moms On Meth – question de goût mais je décide avec moi-même de ne pas écouter le duo plus longtemps sitôt mes quelques photos prises. Je laisse Alligator entre les mains et les oreilles des gens ouverts d’esprit et tolérants et sors du Sonic au bout du troisième titre pour me nicotiner les poumons et m’oxygéner les trous de la cervelle.
Pas vu de concert de Sheik Anorak depuis celui – excellent – que ce garçon avait donné à l’Africantape fin avril/début mai. Pas de réelle surprise en début de set – le principe/mode opératoire de Sheik Anorak consiste toujours à créer une pop noise (noise poppy ?) en superposant boucles de guitare élaborées en direct et parties de batterie dynamiques – mais toujours le même plaisir d’écouter ou de réécouter les tubes de ce one man band, en particulier Day 01, dont la version studio figure sur l’album du même nom et autoproduit de Sheik Anorak.
Mais celui-ci nous réserve toujours une surprise à chaque concert et celle de ce soir sera de taille : Sheik Anorak va en effet jouer un nouveau titre chanté. Avec son riff simple mais diaboliquement efficace, son rythme soutenu et sa partie chantée accrocheuse, cette nouveauté a tout du hit interplanétaire – et c’était un véritable plaisir que de regarder Sheik Anorak s’éclater comme un petit fou tout en jouant et surtout ne faiblissant pas (et mention spéciale à ces montées en puissance et aux coups de tom placés tout en continuant de chanter).
Il ne faut jamais se faire trop d’idées (ni d’espoir) avant un concert… j’étais on ne peut plus content de découvrir Peter Kernel sur scène après avoir apprécié White Death & Black Heart, le deuxième album de ce trio suisse, paru cette année chez Africantape. Et ce n’est pas tous les jours que l’on a un groupe maniant élégance pop et péripéties noisy à se mettre sous la dent.
Mais je dois également ajouter que souvent les groupes trop pop me déçoivent en concert et ce malgré l’excellence de leur musique. Peter Kernel n’aura donc pas échappé à la règle, leurs hits me paraissaient un peu termes par rapport à l’emprunte qu’ils avaient laissée sur moi via l’album, la simplicité des compositions me paraissait trop bancale pour vraiment garder tout son charme et les jeux de voix (dans le groupe tout le monde chante, y compris le batteur) manquaient d’aplomb.
Il y a tout de même eu de très bons moment pendant ce concert, en particulier We’re Not Gonna Be The Same Again joué en toute fin de set juste avant le rappel – un titre qui reste l’un de mes préférés de White Death & Black Heart. L’ambiance du concert était bon enfant et malgré la présence dans le public de ronchons dans mon genre, les fans de Peter Kernel – les déjà convaincus comme les nouvellement convertis – se sont montrés on ne peut plus enthousiastes et chaleureux. Les trois musiciens ont alors su gouter avec simplicité et sourire à ce succès (« thank for coming… and thank for staying » dira la guitariste).
De mon côté, en réécoutant White Death & Black Heart le lendemain à la maison, une fois la petite déception du concert passée et presque digérée, j’ai du me rendre à l’évidence que j’aimais toujours autant ce disque. Mademoiselle et messieurs de Peter Kernel je vous attends donc de pied ferme la prochaine fois que vous repasserez en concert par ici, j’ai encore un ou deux trucs à vérifier avec vous.