mardi 29 novembre 2011

Zoft / Electrically Haunted





Zoft est un duo belge (Bruxellois même) qui traîne derrière lui une aura un rien précieuse pour ne pas dire arty. Et une réputation d’exigence ? Oui, également. Aussi est-ce assez amusant de constater que le premier titre d’Electrically Haunted, le tout premier album de Zoft, s’intitule Exit – une toute petite provocation car s’il y a bien quelque chose à laquelle ce titre incite l’auditeur, c’est au contraire de rester pour écouter bien attentivement tout le reste du disque. Mais Exit permet surtout de déceler rapidement les intentions de Nicolas Gitto (guitare) et de Damien Magnette (batterie). Ces intentions sont aussi claires qu’appuyées, sorte de math rock certes un brin sérieux mais finalement très volumineux et très imagé et surtout parcouru de manipulations sonores qui font toute la différence. Cette différence ne servirait à rien si Zoft ne s’en servait que comme d’un gimmick de plus mais le duo démontre tout au long de cet Electrically Haunted qu’il déborde d’idées parfois fulgurantes et toutes plus intéressantes que les autres.
Après l’éloge des groupes trigonométriques qui respectent scrupuleusement le cahier des charges et les tables de la loi, après les groupes pratiquant le math rock instrumental boosté à l’énergie punk ainsi qu’aux fulgurances noise, voici donc l’un des premiers cas avérés de groupe œuvrant dans les eaux claires et limpides de l’algèbre contemporaine (sérielle ?) appliquée au rock instrumental. Pour vraiment faire plaisir à tout le monde rajoutons une pointe de physique quantique pour ce sens du détail moléculaire et le maniement des rayons électromagnétiques, disciplines dans lesquelles Zoft excelle apparemment.
Ceci posé, on aurait pu craindre un résultat trop glacial et trop millimétré or le duo, malgré une maîtrise quasiment parfaite d’un langage compliqué et stylisé à outrance (ou alors est-ce le résultat d’un gros travail à l’enregistrement ?), dégaine rapidement un second argument de taille : l’ensemble d’Electrically Haunted est emballé avec une énergie confinant même à la rudesse et qui laisse pantois. On n’en demandait pas tant. On finit également par s’apercevoir qu’il y a quelque chose à voir avec Brise Glace ou même Laddio Bolocko dans la musique de Zoft, non pas au niveau de l’abus de répétitions hypnotiques mais dans cette façon de dévoyer et de perturber des compositions à l’aide de manipulations de textures et rajouts de perturbations sonores. Tiens et puis parfois j’y ajouterais aussi une pincée de prog, dans le sens magmatique du terme, pour cette façon de monter des architectures musicales complexes. Dommage toutefois que la toute fin d’Electrically Haunted ne nous épargne pas quelques facilités et/ou faiblesses (qui deviennent alors longueurs) ni un remix complètement inutile d’un titre des copains de Vitas Guerulaïtis.

Electrically Haunted est publié en vinyle et CD par Humpty Dumpty records – il n’aura donc pas échappé aux plus perspicaces que Zoft est désormais voisin de pallier des non moins excellents K-Branding. Un nouvel argument en faveur d’un exode massif en direction de Bruxelles en 2012.