mardi 30 novembre 2010

Ox Scapula / Hands Out




















Le jour où Ox Scapula a joué en concert dans le coin, c’était au mois de septembre, très exactement en même temps que le passage en ville de La Colonie De Vacances – oui, la fameuse – et donc la venue des anglais est complètement passée inaperçue ce qui est fort dommage : ne serait-ce qu’en jouant un jour avant ou un jour après, Ox Scapula (qui était accompagné ce soir là par les stéphanois de Jokari) aurait récolté un peu plus de spectateurs et se serait même surement fait de nombreux nouveaux fans. Parce que Ox Scapula est un bon petit groupe. Des artisans qui savent affûter leurs guitares, aiguiser leurs mélodies et trancher dans le vif d’un noise rock élégant et racé.
Hands Out est le premier véritable album du groupe après une série de singles, de splits et même une cassette et il faut croire qu’en Angleterre ce sont les mêmes problèmes qu’en France qui concourent à la publication d’un disque puisque ce sont pas moins de quatre labels qui se sont réunis pour arriver à sortir Hands Out dans des conditions décentes : Gringo records (le label des petits gars de Souvaris), Art For Blind, Sea Owl records et We Like Danger!... Les mêmes problèmes, vraiment ? S’il n’y a pas de solution c’est qu’il n’y a pas de problème clamait le philosophe Jean Rouxel il y a longtemps maintenant. Donc oui, sortir des disques me parait de plus en plus relever du courage suicidaire ou de l’inconscience téméraire.
Ox Scapula est pourtant du genre à ne pas se compliquer la vie : la musique du groupe est d’une simplicité récurrente, mid-tempo, nerveuse mais pas trop, avec juste ce qu’il faut de swing pour révéler une certaine élasticité alors que la production générale dénote d’une sécheresse devenue quasiment obligatoire dans le genre depuis qu’un obscur ingénieur du son de Chicago en a décidé ainsi. Vous voyez le genre de nervosité et d’aridité dont je veux parler ? Et bien c’est presque ça, Ox Scapula, en plus de torpiller en formation resserrée, possède aussi un je ne sais quoi de nonchalance : la musique du groupe peut être qualifiée de féline, derrière le ronronnement et les yeux mi clos du greffier anesthésié par la chaleur du radiateur de l’entrée on sent toujours les griffes qui pointent et le corps de la bête prêt à se tendre pour vous sauter au visage (saleté de chat). Il en résulte que Hands Out peut être aussi appréhendé comme un album un peu trop répétitif et linéaire. C’est à la fois son charme et sa limite. Mais heureusement le charme opère plus que toute chose.

C’est le nouveau futur moyen de communication incontournable pour tout groupe qui cherche à se faire connaitre un peu mieux : Hands Out est écoutable en entier sur Bandcamp. Sur le même site on apprend également que Ox Scapula vient tout juste de publier un 10 pouces splité avec les marseillais de Conger! Conger! sur le label Katatak, marseillais lui aussi mais néanmoins excellent (on en reparle).

lundi 29 novembre 2010

A star is Pord*























« Non mais je vous jure que c’est le dernier et qu’après celui-là j’arrête, promis ». C’est sur ces quelques mots enjôleurs et d’une rare hypocrisie que je tente de calmer la fureur collective d’une famille en proie à un terrible sentiment d’abandon et de frustration bien compréhensible. C’est en effet le quatrième concert en moins d’une semaine auquel je me rends mais en même temps je suis un peu obligé d’y aller : j’ai rendez-vous. Je plante donc femme et enfants à la maison pour me rendre au Trokson, un bistrot situé sur les pentes de la Croix Rousse et où je ne fous les pieds maximum qu’une fois par an. L’endroit est agréable, le chevelu derrière le bar porte un t-shirt Iron Maiden, sur les murs il y a des reproductions de vieilles affiches ou de vieilles unes de journaux consacrées à des groupes dont je n’ai jamais entendu parler, la musique diffusée n’est pas insupportable et la bière pression reste à un prix raisonnable.
Surtout le Trokson est doté d’une cave aménagée avec du carrelage au sol, quelques loupiodes et un peu de son, l’endroit idéal pour organiser des petits concerts pas chers. Et c’est donc l’endroit que les Bigoût Boys et Ostrobotnie ont trouvé pour faire jouer leur affiche de la semaine et c’est une belle affiche : Pord (du pur lozèrois) et Xnoybis (du picard mélangé) effectuent en effet quelques dates en commun et ce samedi c’est la dernière des cinq – a priori les deux groupes ont convolé en justes noces et ont l’air de très bien s’entendre. Veuve SS est également au programme.
















Veuve SS ça ressemble à une bonne grosse blague et ça en est sûrement une : au micro on reconnait un batteur qui joue habituellement et entre autres dans 12XU (et il n’y a encore pas si longtemps dans Neige Morte) et à la basse un garçon que l’on avait l’habitude de voir derrière la batterie d’Overmars – est ce que tout le monde suit ? Bon, OK. En ce qui concerne le guitariste avec t-shirt Iron Lung et le batteur avec t-shirt Tragedy je n’ai aucune idée d’où ils sortent. Mais c’est sans importance : ces quatre jeunes gens défouraillent dans le registre hard-core le plus basique possible, ça vire immanquablement au crust et, même si nous sommes en 2010 et que ce genre de truc a été inventé alors que les Veuve SS n’étaient même pas encore nés et que moi j’en étais encore au stade playmobil (et beaucoup trop gentil pour être foutu d’un torturer un pour voir l’effet que ça fait), les bourrades primaires et incontrôlées du groupe le font bien.
Le petit plus c’est le chanteur qui braille vraiment n’importe comment, se jette sur les gens du public, renverse la bière d’un pauvre gars qui pourtant avait très soif, s’en fout de partout sur le dos de son t-shirt, asperge le carrelage de la cave du Trokson ainsi transformée en patinoire gluante, passe le micro à un pote, rentre dans le lard d’un autre et finit par disparaître par l’escalier situé au fond de la scène tout en continuant de hurler et laissant le reste du groupe finir le dernier titre à trois. Il y a des concerts de Veuve SS qui doivent vraiment être tarés.
















On continue avec Xnoybis dont le deuxième et tout nouvel album, Meanwhile, a tourné en boucle pendant les trois jours avant le concert. Un disque riche et technique, complexe mais immédiat et je ne m’en lasse pas. Mon rendez-vous c’est eux et je peux donc vous certifier que l’on peut être parisien picard et absolument charmant. Malheureusement pour eux les deux Xnoybis – j’apprendrai d’ailleurs que le nom du groupe se prononce [ixe-noï-bis] vont avoir beaucoup de mal à récréer la qualité de leur disque, souffrant d’un manque de rigueur et se plantant allégrement dès le premier titre (Picardian Fight Song si je me souviens bien) mais aussi sur le deuxième. Non, ce n’était pas vraiment ça mais le groupe a bien réagi, ne cédant pas la place à la fébrilité ou à la mauvaise humeur.
Je me demandais comment le bassiste/chanteur devenu guitariste s’y prenait pour tout gérer et bien maintenant j’ai ma réponse : pour le son basse il se sert d’un octaver et envoie alternativement des boucles de guitare ou de basse avec lesquelles il doit jongler et sur lesquelles il joue et chante. Un sacré numéro d’équilibriste qui donc ce soir ne prend pas toujours d’autant plus que le batteur est une brute épaisse qui brouille les pistes en enchaînant des plans complètement incompréhensibles pour le commun des mortels – donc moi.
Heureusement Xnoybis arrive à redresser la barre et en fin de set interprète un Three Or Four Shades Of Grey vraiment excellent et qui n’est pas loin d’être mon titre préféré de Meanwhile. Peut mieux faire comme on dit et je suis persuadé qu’ils pourront mieux faire. A bientôt les gars.
















Précédé d’une réputation de tueurs de première catégorie, Pord ne va par contre pas décevoir. Un guitariste chanteur, un bassiste et un batteur. La formule idéale du power trio mais encore faut il savoir ce que l’on veut faire avec. Les Pord, eux, savent exactement où ils vont. La maîtrise du groupe est inhumaine – si le batteur de Xnoybis est un dieu, celui de Pord est un démon – et le noise/hard core du groupe qui, c’est vrai, fait inévitablement penser aux Dazzling Killmen est en même temps d’une brutalité à toutes épreuves.
Les trois musiciens enchainent des plans d’une sauvagerie et d’une robustesse incroyable, je ne vais pas jouer mon blasé en prétendant que c’était du déjà entendu et du sans originalité tellement tout ça était bien envoyé et totalement jouissif. Au risque de les faire rougir on peut affirmer sans trop se tromper que les trois Pord sont une des futures grosses pointures de la noise locale**. Ils vont jouer le 11 décembre prochain au Raymond Bar à Clermont Ferrand, une date à surtout ne pas rater si vous êtes dans le coin.
L’actualité de Pord c’est aussi l’enregistrement d’un premier album pour faire suite à la démo du groupe qui a tant fait parler d’eux. La sortie de l’album est prévue pour le début de l’année 2011 grâce aux efforts conjoints d’une belle brochette de labels : Rejuvenation, Prototype records, Contreplaqué records, Ocinatas Industries et Gabu records – vous pouvez compter sur moi pour en reparler lorsque ce sera le bon moment.

[quelques photos du concerts sont donc visibles ici]

* on pouvait difficilement trouver pire comme titre, non ?
** d’où le titre auquel vous avez échappé : La côte de Pord est à la hausse

samedi 27 novembre 2010

Xnoybis / Meanwhile























Prototype records est un label basé à Montpellier et déjà responsable de quelques bons disques (le split Stuntman/Chère Catastrophe par exemple) et dont la moindre des (co)productions n’est pas le tout récent et tout chaud Permission To Engage de Sofy Major. Prototype records continue sur cette belle lancée avec Meanwhile, le deuxième album de Xnoybis. On attendait les picards de pied ferme après la démonstration de force constituée par un Picardian Fight Song gravé dans les mémoires et sur ce que désormais nous sommes bien obligés d’appeler le split single de l’année 2010 partagé avec les amis de Pord. Rien que ça ? Oui. Picardian Fight Song montrait un nouveau visage de Xnoybis après Solace, un premier album placé sous la haute influence de Godflesh et que l’on pouvait trouver un peu trop long et fastidieux. Ce single marquait également une sorte d’étape pour Xnoybis puisque, depuis son enregistrement, le groupe est passé de la formation de trio à celle de duo, le guitariste ayant décidé de partir vers de nouvelles aventures et le bassiste reprenant son poste et tentant seul (avec un deuxième ampli ?) de conserver toute l’intensité du son du groupe.
On peut donc pleinement gouter sur Meanwhile aux effets de la réorganisation de Xnoybis puisque le disque comprend deux sessions distinctes : la première (titres 4 et 5) a été mise en boite à trois en 2008 et reprend Picardian Fight Song pour notre plus grand plaisir. La seconde (titres 1 à 3) a été enregistré à deux en 2010. Vous pouvez toujours prétendre entendre des différences entre les deux sessions et il est clair qu’il y en a puisque rien ne pourra jamais remplacer une bonne grosse basse jouée au cordeau pour assurer la puissance et l’ampleur d’un hard core/noise spectaculaire et angulaire. Car c’est bien définitivement ce dont il s’agit désormais avec Xnoybis : un son très sec mais velu, des compositions très longues et labyrinthiques – il n’y a peut être que cinq titres sur Meanwhile mais l’album dépasse les 35 minutes –, des breaks qui assaisonnent, des passages plus atmosphériques qui jouent la carte de la montée de tension contre laquelle on ne peut rien et une dynamique agressive et contorsionniste qui n’oublie pas ce que les termes lourd et fort signifient. On avait déjà parlé des Dazzling Killmen à propos de Xnoybis et bien avec Meanwhile on remet ça et c’est plutôt un énorme compliment.
Les Killmen mais pas seulement. En quatrième position sur le disque on trouve un Three Or Four Shades Of Grey suintant, lent et particulièrement pesant et dont l’attaque du riff d’intro renoue avec les amours broadrickiennes que Xnoybis avait tant développées sur Solace. Three Or Four Shades Of Grey évolue ensuite quelque peu, quitte la chape de plomb pour retrouver le tapis à clous mais le mal est fait et on se plait à penser que Xnoybis avait vraiment trouvé là quelque chose. Et pour en revenir au changement de line-up, et même après une énième réécoute heureuse de Picardian Fight Song, on se dit que le Xnoybis à deux n’a pas à rougir du Xnoybis à trois, que la guitare est toujours aussi percutante et inventive d’autant plus qu’elle est accompagnée par un batteur d’un rare niveau. Deux années séparent les deux sessions d’enregistrement et les progrès sont visibles et conséquents : Maybe Next Time, Face Plant et Sleepless sont autant de brûlots à la sauvagerie et la maîtrise époustouflantes. Allez, hop, on laisse volontiers Meanwhile sur le sommet de la pile des disques de l’année. Comme ça, ça fera deux.

[Meanwhile est en écoute libre et en téléchargement intégral ici mais le CD c’est aussi très bien, d’autant plus que celui-ci est très beau et très classe, qu’il est tout cartonné et qu’encore une fois c’est Alexia qui a pris la photo servant de base à un artwork réussi]






















Xnoybis est en train de terminer une petite série de concerts en compagnie de Pord, concerts dont le dernier a précisément lieu ce soir à Lyon au Trokson (montée de la Grande Côté sur les pentes de la Croix Rousses). Les Pord continueront encore un peu après mais tous seuls. Egalement à l’affiche et à partir de 21 heures les Veuves SS de Lyon (pensez à apporter votre protège-dents).

vendredi 26 novembre 2010

Hawks - Café Flesh / split























Voilà un disque dont on pouvait penser qu’il ne verrait jamais le jour : un double split entre les américains de Hawks et les français de Café Flesh sur le label Trans Ruin basé à Atlanta en Géorgie et monté par quelques uns des membres des Hawks. Cela fait des mois pour ne pas dire des années que l’on en entendait parler de ce disque, avec des histoires abracadabrantes du genre « les Hawks ils ont perdu les masters et de toute façon on a plus aucune nouvelle d’eux ». La tournée que les deux groupes auraient du effectuer conjointement des deux côtés de l’Atlantique s’est même transformée en une tournée des fermes et des bars hexagonaux par Café Flesh et ÖfÖ AM (avec un passage héroïque à Lyon). Première conclusion : sur ce coup là les Café Flesh ont réussi à trouver encore plus losers qu’eux.
L’objet en lui-même est superbe, l’artwork nous montre la bouille des musiciens des deux groupes sur fond de billets de trois ou sept dollars (?) portant la devise « United States Of Lies » et les deux vinyles ont cette couleur de pisse avariée/vomi tamisé qui laisse aucun doute sur les mauvaises intentions des forces en présence. Les Hawks démarrent au quart de tour avec un Hey Regina hargneux et poisseux, une excellente entrée en matière pour qui n’aurait pas encore jeté une oreille sur leur merveilleux album Barnburner publié l’année dernière. Ces gars là ne sont pas là pour rigoler et leur noise punk’n’roll fait remonter à la surface autant de bons souvenirs qu’une bonne partie de vaches en l’air sous l’égide d’un label reptilien et amphétaminé. Et puis ce solo de guitare ridicule est absolument parfait. En Face B Hawks continue le carnage avec un mid tempo dégoulinant de sueur : Pity Party sent effectivement la fin de partie, ce moment crucial où on passe de l’état de pochetron en roue libre à celui de cadavre nauséeux. C’est absolument imparable et – deuxième conclusion – si vous trouvez que décidément le dernier single à pochette jaune spermicide des Pissed Jeans est guère satisfaisant et bien jetez-vous sur ces deux titres des Hawks.
Deuxième disque et face C : les Café Flesh entament les débats avec Without A Word. Les français assurent leurs basses besognes dans un registre pas si différent que ça de celui des Hawks mais après la tornade américaine on aurait tendance à trouver leur son un peu léger. Plus léger certes, mais les Café Flesh savent cultiver leur blues punk et en extirper le bon jus qui va vous faire tourner la tête. Without A Word est un bon titre comme l’album I Dumped My Wife I KIlled My Dog en regorgeait et il aurait été fort regrettable qu’il ne voit jamais le jour. En Face D on a droit à un Stopping Speaking et je ne sais pas vous mais moi il suffit qu’on me dise de fermer ma gueule pour que j’ai soudainement envie de l’ouvrir en grand. Ça tombe bien, Stopping Speaking, s’il ne donne pas instantanément envie de hurler sa race parce qu’il n’y a plus de bières au réfrigérateur, vous la joue au vice et par derrière. Le titre monte inexorablement en puissance jusqu’à cette fin pantagruélique où tous les moutons se sont transformés en loups, les connards en cadavres et les mères de famille en MILF – now it’s time to fuck (troisième et dernière conclusion).

jeudi 25 novembre 2010

Toujours en état de choc























Je ne vous raconte pas la surprise que j’ai eu ce jour là en recevant le message d’un vieil ami qui me proposait de m’emmener jusqu’à Saint Etienne pour assister à un concert de The Ex. L’argument était imparable (il reste une place dans la voiture) et l’offre ne pouvait pas se refuser puisque lors du dernier passage de The Ex à Lyon – fin décembre 2009 au Grrrrnd Zero – j’avais du faire l’impasse pour des raisons… professionnelles. Travailler un samedi soir ça devrait être interdit et d’ailleurs, depuis, je me le suis justement interdit.
Après une prise de contact auprès de l’Equipe du Fil (merci !) pour savoir si j’avais le droit de me pointer au concert avec mon appareil photo pour immortaliser ce moment et la réponse ayant été positive, il ne m’a pas fallu réfléchir très longtemps pour me dire que, oui, j’allais faire la route jusqu’à Sainté et revoir The Ex pour la première fois depuis au moins sept ans. Joie. Catch My Shoe, le dernier album en date du groupe et le premier avec Arnold De Boer au chant, tient du miracle : beaucoup ne croyaient pas les hollandais encore capables de faire aussi bien. Et, pour être honnête, avec cet album The Ex a fait mieux que bien, le groupe est tout simplement revenu à un niveau d’excellence.
Après quelques appels de phares, insultes campagnardes, doigts d’honneur, excès de vitesse, dépassements hasardeux et cascades en série sur l’autoroute qui mène de Lyon à Saint Etienne nous voilà donc tous arrivés sains et saufs. La salle du Fil est moderne mais super agréable – bien que je n’en verrai que le club (aka le bar) puisque la grande salle restera fermée, un concert de The Ex ne justifiant semble t-il pas une capacité démesurée. Le Fil est une Smac donc voit défiler des musiciens d’horizons très divers, lesquels peuvent également y effectuer des résidences d’artistes. Cette spécificité est bien française et pourvu que ça dure. Entre les affiches très variées et collées au dessus du bar je remarque celle de The Ex ou celle de Zëro. Il en faut pour tous les goûts et je suis heureux de constater que malgré les craintes des organisateurs la salle se remplit de plus en plus.
















En première partie Bob Log III vient faire son chaud. Bob Log est un paysan basé à Tucson/Arizona qui joue tout seul sur scène un blues punk rudimentaire et dévoyé avec quelques artifices bien trouvés : il assure la rythmique avec ses pieds (pour un résultat assez casserole métallique) et pour le chant il a collé un combiné de téléphone sur un casque d'aviateur (?). Il ressemble ainsi à un gros insecte un peu inquiétant. Il joue en slide et en finger picking – il va même s’amuser un moment à expliquer sa façon de jouer au public – et plutôt bien ma foi. S’il démarre le concert tout engoncé dans un costard digne d’un vieux rocker décadent nostalgique d’Elvis Aaron Presley (période pré service militaire), il va très vite l’enlever pour laisser apparaitre une combinaison bien moulante avec incrustations de faux brillants digne cette fois d’un homme canon nostalgique lui aussi du King mais plutôt de sa période Las Vegas. Bob Log III c’est un drôle de mélange de kitch et de clinquant et de cheap cradingue.
Une fois la surprise du folklore bobloguien passée et la répétitivité de la musique aidant, le spectacle finit par contre par tourner en rond. On imaginerait plus Bob Log dans une mare de pisse et de bière et dans l’épaisse fumée bleue d’un bar à putes de Tijuana que sous les lumières de scène omniprésentes et les fumigènes d’une salle de concerts subventionnée de la vieille Europe. Je me désintéresse très rapidement du bonhomme et de sa musique qui trop souvent sonne un peu facilement comme du Pussy Galore anesthésié, même lorsque Bob Log fait monter sur scène et assoir sur ses genoux une jeune fille gironde du public pour interpréter son single interplanétaire I Want Your Shit On My Leg'. Heureusement pour Bob que je ne suis qu’un grincheux psychorigide et qu’une bonne partie des gens qui se sont déplacés ce soir l’ont fait pour lui et semblent apprécier son trip. Il a sûrement donné un bon concert mais ce fut sans moi. Je me dirige donc vers le bar commander la première bière de la soirée, m’étonne un peu de son prix mais découvre rapidement que c’est parce que mon verre est consigné contre un euro. Une bonne idée pour éviter la corvée d’après concert de ramassage des gobelets en plastique.





















Cela s’active sur la scène. Normalement c’est au tour de Xavier Charles de jouer mais tout le matériel de The Ex est également mis en place, prêt à l’emploi. Je comprends que le clarinettiste va commencer tout seul avant d’être rejoint par le groupe. Les deux effectuent ensemble toute une série de dates entre le 20 et le 26 novembre en France et ce n’est pas la première fois qu’ils le font. Malgré une présentation chaleureuse de Xavier Charles par Arnold De Boer l’attention n’est pas à son comble lors de l’improvisation solo du clarinettiste. Même lorsqu’on est collé à la scène on entend distinctement les bavardages et les rires derrière, en provenance du bar.
Cela n’empêche pas les amateurs de musique improvisée ou tout simplement les curieux d’écouter une performance riche en couleurs et en timbres, virevoltante et dynamique. Xavier Charles est un fin musicien mais il a aussi ce côté assez dur du performer (et je ne dis pas ça parce qu’il a des petites rouflaquettes sur les joues, pourtant signe évident de bon goût). Il est d’abord rejoint par Terrie de The Ex puis par tous les autres membres du groupe pour une courte impro collective. The Ex enchaine immédiatement sur son set sans le clarinettiste mais celui-ci reviendra un peu plus tard.
















Ils sont donc là, tous les quatre sur la scène du Fil : The Ex. Et l’effet est immédiat. Cela fait un peu drôle de voir The Ex avec un nouveau chanteur, sur une scène aussi belle et haute et avec une telle profusion de lumières lorsqu’on les a découverts pour la première fois en concert il y a presque vingt ans dans un squat des pentes de la Croix Rousse à Lyon mais le groupe est resté égal à lui-même, en dépit des années et des changements de musiciens. The Ex, le groupe positif par excellence, le groupe qui s’engage sans virer au dogmatisme, le groupe qui te donne un sentiment profond du collectif sans transformer ses concerts en grande messe festive pour alternos du samedi soir.
Bien évidemment l’album Catch My Shoe est uniquement à l’honneur pendant le concert or quoi de plus normal : Arnold De Boer apporte du sang frais à The Ex tout en assurant une certaine continuité dans la musique du groupe et Catch My Shoe est le seul enregistrement de cette « nouvelle » formation de The Ex mais – comme on l’a déjà dit – l’album étant particulièrement bon, qui s’en plaindrait ? Xavier Charles est rapidement de retour sur scène, son jeu s’intègre parfaitement à celui de The Ex, que ce soit pour exposer une mélodie, un thème ou pour partir en vrille lors des improvisations explosives qui terminent chaque titre joué avec un entrain grandissant. Katrin chante Eolyo, sa voix bien qu’ayant un peu vieilli est toujours aussi émouvante et en fin de set The Ex nous gratifie d’une version démentielle de 24 Problems.
Le public en redemande et les cinq musiciens reviennent sur scène. Cette fois ils joueront des titres anciens et très loin de calmer les ardeurs ils seront obligés de revenir une seconde fois. Ils joueront alors State Of Shock, leur titre le plus emblématique avec un public chantant en même temps que Xavier Charles aura la lourde tâche d’exposer la mélodie autrefois jouée par le violoncelle du grand Tom Cora auquel il ne sera pas manqué de rendre hommage. Et c’était tout simplement magique. State Of Shock fait toujours le même effet, complètement irrésistible. Cet effet qui te colle des étoiles dans les yeux pour plusieurs jours encore après le concert.

mercredi 24 novembre 2010

Un roi quadriphonique, un barde précheur, un chevreuil fringant et un singe chinois























Comme c’est bon de ne pas travailler, d’être au chômage, de ne pas être obligé de se lever tous les matins – sauf pour emmener les gosses à l’école mais on peut très bien se recoucher après – et de ne pas avoir plus d’obligations que celles que l’on se donne. On peut alors en profiter pour se demander si derrière chaque branleur en suspens ne se cache pas un patron en puissance. Je plaisante bien sûr, mais pas tant que ça.
Pour occuper tout cet espace d’oisiveté je me suis donc prévu un agenda de ministre en matière de concerts. Dimanche soir c’était The Healthy Boy & The Badass Motherfuckers avec Zëro à Grand Guignol. Lundi c’était au tour de Chevreuil à Grrrrnd Zero. Et ça va continuer mercredi puis samedi soir. Quelle énergie. L’énergie de pédaler dans le froid et sous la pluie jusqu’à Vaise pour me pointer devant le Rail Théâtre, carrément en avance pour cause de rendez-vous informel avec le boss d’Africantape. Moi je l’ai déjà vu ce gars là, à un concert de Chevreuil et à une lointaine époque où je ne me faisais pas remarquer en écrivant des conneries sur les disques que j’écoute (je me contentais de les passer dans une radio que de toute façon personne n’écoutait). Mais pas lui. Et c’est amusant le choc du regard, celui qui trahit que l’on ne s’imaginait pas vraiment l’autre comme ça. C’est lorsque la parole commence à fonctionner que l’on doit enfin se rendre compte que c’est bien à la bonne personne que l’on a affaire. Il n’y a rien de plus vide qu’un écran d’ordinateur, même rempli à ras bord de mots et d’images. Donc rien ne vaut une vraie rencontre. Merci beaucoup.
Le concert de ce lundi soir est organisé par Maquillage et Crustacés. Initialement Chevreuil aurait du venir jouer à Lyon en juin de cette année mais pour une raison qui m’échappe toujours le concert avait été annulé ou plus exactement reporté. Et puis on regrette un peu que Sathönay (nouveau projet de Nico Poisson de Ned) ne soit finalement pas de la partie mais on accueille avec plaisir Daniel Higgs, rajout surprise de la programmation. Et malgré cette belle affiche le public ne va pas se précipiter au Grrrrnd Zero/Rail Théâtre. Renseignements pris, cela n’a pas été non plus la grande joie du côté de L’Epicerie Moderne qui accueillait Sofy Major et Shrinebuilder. Les concerts du lundi en hiver.























Raymond IV joue en premier, planté au beau milieu de la salle et quasiment dans le noir complet. Il a installé sa guitare à plat sur sa droite, sur sa gauche on remarque une table de mixage et entre les deux c’est un entrelacs de câbles reliant diverses pédales, etc. Quand je dis que Raymond IV joue dans le noir ce n’est pas tout à fait vrai, au dessus de sa tête est accroché un caisson contenant un projecteur qui l’éclaire de temps à autres mais très faiblement. De loin on voit des petites taches de lumière se déplacer furtivement au sol, les personnes assises juste à côté du musicien ont pu se rendre compte que le projecteur diffusait en fait des films et non pas uniquement des formes abstraites de couleur.
La table de mixage sert à faire tourner les sons extirpés de la guitare, éventuellement mis en boucle et trafiqués à l’envie. Raymon IV pratique donc une sorte de quadriphonie mutante dont il prend bien garde de ne pas trop abuser, ne l’utilisant que pour souligner les sons qu’il met en œuvre et là l’amateur de poésie musicale est proprement servi par toutes les résonnances et altérations que lui offre le musicien. Ce fut peut être un tout petit peu trop long mais ce fut souvent passionnant, surtout ces dérapages dignes des manipulations sonores d’un Fennesz ou d’un Markus Popp/Oval – qui eux utilisent un laptop (quel bande de vieux losers). Lorsque les lumières se rallument notre garçon se relève de ses machines pour récolter tout souriant une salve d’applaudissements bien mérités et certains auront alors reconnu en lui l’un des musiciens de Pan Pan Pan, groupe qu’au passage on aime beaucoup par ici.























Invité de dernière minute du concert, Daniel Higgs est un personnage étonnant. Son cou et ses mains laissent entrevoir qu’il a le corps couvert de tatouages, il porte une imposante barbe blanche qui lui donne des airs de vieux druide islandais et il est surtout connu pour être le chanteur de Lungfish, groupe qui n’a pas donné de signes patents de vie depuis 2005 et l’album Feral Hymns – Lungfish est toujours officiellement actif bien que Daniel Higgs a multiplié les disques et concerts en solo ces dernières années. Ah ouais je fais mon malin à propos de Lungfish mais en fait je n’ai jamais écouté que deux albums du groupe : Feral Hymns justement ainsi que l’album Indivisible de 1997 mais par contre je ne saurais trop vous conseiller d’avoir recours aux conseils avisés de spécialistes qui n’ont que ça à foutre de leurs journées que de se taper toute la discographie d’un groupe et ce uniquement pour le plaisir.
Pour Daniel Higgs je ne l’avais encore jamais vu en concert – encore un grand mystère – mais je ne suis pas trop surpris de le voir débarquer avec son banjo, ses tatouages de partout, son harmonium qui ne joue qu’une seule note (?) et ses chansons/psalmodies post chamaniques sur la fin du monde et autres petites considérations ordinaires. Le premier morceau semble s’intituler Bible Time vu que Daniel Higgs ne cesse de répéter à l’envie ces deux mots et j’aime à penser que c’était parfaitement ironique même si j’en suis de moins en moins sûr jusqu’au moment où il chante take it and throw it away/see it as it flies, ce qui me rassure sur le caractère iconoclaste de son prêche. Un instrumental joué au banjo puis Daniel Higgs entame un autre (très) long morceau qui finit par me décourager. Malgré la présence et l’aura du bonhomme ses litanies proches de la performance et du happening ne me touchent guère. Il faut dire aussi que j’ai toujours été plus spiritueux que spiritualité*.
















Place à Chevreuil qui s’installe au beau milieu du Rail Théâtre. Cette configuration fait partie du folklore du groupe, tout comme les quatre amplis qui encadrent les deux musiciens et au travers desquels le guitariste va faire tourner les sons de son instrument ainsi que ceux sortis de son clavier. Le poste à musique d’un kitch blanc tout ce qu’il y a de plus écœurant et qui diffusera en sourdine pendant tout le concert des daubes 80’s – par exemple et au hasard Boys Boys Boys de Sabrina, attention c’est super chaud à 2’42 – ou la glacière qui sert au guitariste de rangement pour ses pédales d’effet puis de siège pour le concert sont également partie intégrante de toute cette mise en scène qui ne se prend pas au sérieux.
Et sinon ? Le Chevreuil est il encore fringant ? Celles et ceux qui n’avaient encore jamais vu le duo en concert ont eu le droit de se prendre une claque mémorable. Celles et ceux, plus vieux, qui connaissaient déjà, ont retrouvé toutes les bonnes sensations. La Rolls Royce du math rock n’a rien perdu de sa rutilance et de son panache. Julien est toujours ce batteur très physique et complètement fou, Tony est toujours un fin guitariste jonglant de main de maitre avec ses boucles, ses amplis, sa guitare, son clavier. J’ai toujours trouvé, non sans une certain attendrissement, qu’il avait une tête d’ingénieur en aéronautique et le voir passer régulièrement pendant le concert de l’état de guitariste scientifique et appliqué à celui de franc-tireur douillet de la gâchette est l’un des grands plaisirs de Chevreuil en concert. En toute logique et selon certaines sources bien informées Chevreuil devrait revenir jouer l’année prochaine pour un festival du feu de dieu qu’organiserait Africantape au Grrrrnd Zero le dernier week end d’avril. Et renseignez vous également ce qui se passera la semaine précédente du côté de Paris, on ne sait jamais.
















Malheureusement pour lui, Alexis Gideon a la lourde tâche de terminer la soirée. Certains diraient qu’il l’a achevé. Après la tornade Chevreuil il ne restait pas beaucoup de place dans les cœurs et les oreilles pour la musique bigarrée de l’américain, tout sympathique que l’on puisse le trouver. Il a pourtant eu la très bonne idée d’adapter en musique un conte traditionnel chinois du XVIème siècle et il s’accompagne sur scène d’un film projeté derrière lui et racontant la même histoire – son dernier disque, Video Music II : Sun Wu-Kong, sorti chez Africantape, est un double LP couplé avec un DVD.
Malgré l’originalité du sujet et malgré – à cause de ? – son traitement, le concert de Alexis Gideon est fastidieux, indigeste et le décalage n’opère pas vraiment (Alexis Gideon aime alterner parties rapées, plans de guitar hero, chant presque lyrique dans un registre proche d’un baryton et electronica cheap). Le côté ludique et voyageur du truc s’évapore complètement dans les airs d’un Rail Théâtre de plus en plus déserté par le public et c’est dommage. A écouter – et regarder – plutôt à la maison qu’en concert. Ou alors dans un vrai cinéma.
[toutes les photos du concert ici]

* j’avais aussi pensé à une formule du genre : « liqueur ou le cœur, il faut choisir »

lundi 22 novembre 2010

Zëro dans une cave = septième ciel























Toute petite tournée d’automne pour Zëro avec comme point culminant les quatre dernières dates en compagnie de The Healthy Boy. Personne n’est censé ignorer que ce garçon barbichu et intriguant joue dès qu’il le peut avec les Badass Motherfuckers, backing band entièrement dévoué à sa cause et composé précisément de trois membres de Zëro sur quatre. Les deux dernières dates de la tournée se sont déroulées à Lyon, dans la cave de la librairie Grand Guignol située au 91 montée de la Grande Côte sur les pentes de la Croix Rousse – cette librairie, en plus de proposer des livres et même des disques de qualité et que l’on ne peut dénicher nulle part ailleurs à Lyon, organise aussi régulièrement des concerts et on peut trouver tout le détail de la programmation ici.
Si la première des deux dates lyonnaise a eu lieu le samedi soir, la seconde est prévue pour le dimanche après-midi à l’heure du thé – 17 heures cela me rappelle le siècle dernier lorsqu’il y avait presque systématiquement des concerts au Rail Théâtre de Vaise, exactement au même horaire et le même jour : la raison en était je crois que cela permettait aux groupes alterno parisiens de pouvoir rentrer chez eux avant le lundi matin et c’était une façon assez génialement efficace d’achever un dimanche morose avant que lui ne vous achève. Un horaire idéal pour une journée de merde.
Mais là ça se passe dans le sous-sol d’une librairie underground – ça fait beaucoup de niveaux en dessous – et la cave de Grand Guignol n’est peut être pas particulièrement aménagée pour accueillir des concerts puisque les groupes jouent au sol, que la sono est très rudimentaire mais l’ambiance est bien là, les vieilles pierres de la voute semblant propices à l’électricité.
















The Healthy Boy entame donc la soirée avec ses Badass Motherfuckers. En plus des trois membres de Zëro le backing band comprend un guitariste qu’à ma grande surprise je reconnais pour avoir joué dans un (très) vieux groupe lyonnais, justement parfois à ces concerts qui se déroulaient il y a une éternité en fin d’après midi le dimanche au Rail Théâtre, alors que j’ai toujours été persuadé que le cinquième membre des Badass Motherfuckers était en fait un musicien de Nantes, comme The Healthy Boy. Qu’importe, le bonhomme en question est un guitariste fin et désinvolte qui va grandement colorer le concert de The Healthy Boy & The Badass Motherfuckers de ses interventions lumineuses.
La plus grande qualité du concert c’est la voix de Benjamin Nerot. Une belle voix grave, chaude et profonde qui vous réchauffe de l’intérieur. Et si vous ajoutez à cela que notre homme maîtrise quelques bons petits secrets pour élaborer un songwriting de haute volée alliant élégance et émotion, vous aurez une certaine idée de la qualité supérieure du folk blues joué cet après-midi là. Le groupe interprète aussi et surtout les quatre compositions de Tonnerre Vendanges, EP quatre titres enregistré l’année dernière à l’Epicerie Moderne de Feyzin lors d’une résidence d’artiste avec concert de clôture à la clef, concert auquel je n’étais bien évidemment pas allé et je me demande encore pourquoi.
Mais là je me rattrape, depuis la découverte du disque j’espérai enfin voir The Healthy Boy sur scène (enfin le sol d’une cave s’est révélé tout à fait suffisant) pour goûter à son lyrisme rural et enfumé entre Bill Callahan et les premiers Tindersticks. En fait c’est particulièrement le titre Remember Me qui me fait penser à chaque fois à la bande de Stuart Staples, ce titre est le tire-larmes absolu de l’année 2010 et l’interprétation donnée ce dimanche en toute fin de set aura été à la hauteur. A noter également une nouveauté (intitulée je crois Our Story’s Grave) du même niveau que les titres du EP. Vivement la suite, que ce soit sur disque ou en concert.
















On prend presque les mêmes et on recommence. Zëro attaque comme d’habitude avec The Opening et enchaine avec Enough… Never Enough. Le ton est donné, le groupe est en excellente forme et le contraste avec le précédent concert de Zëro auquel j’ai assisté aux Abattoirs de Bourgoin est total. Il y a pas vraiment beaucoup moins de monde dans la cave de Grand Guignol que ce jour là à Bourgoin (malheureusement pour les Abattoirs) mais les conditions sont toutes autres : à une salle super moderne et confortable succède une salle pourrie avec conditions aléatoires mais une salle chaleureuse et le son y est rugueux, brut et finalement bien plus vivant, presque sauvage. La tension du public monte immédiatement d’un cran.
Zëro continue avec une série de nouveaux morceaux – « en fait pas si nouveaux que cela » rigolent ils – qui promettent pour plus tard, notamment le deuxième que le groupe a joué (et encore sans titre) et surtout un Clown In A Crowd qui finit d’achever tout le monde. Va falloir enregistrer tout ça bien comme il faut les gars. Suit directement Pigeon Jelly joué au taquet et, petit bonheur pour les plus anciens, une excellente version du Rock’n’Roll Star de Bästard. La fin du concert montrera toutefois que Zëro n’a pas forcément besoin de piocher dans les vieux titres issus d’une vie antérieure pour assurer un bon concert : Viandox, Cheeeese puis surtout The Cage et Bobby Fischer sont joués presque avec de la rage, en tous les cas avec une âpreté renouvelée alors que souvent on reproche à Zëro de justement en manquer.
C’est fini ? Non pas tout à fait : les personnes présentes en redemandent et le groupe qui de toute façon n’était pas parti bien loin – je rappelle que nous sommes entassés dans une cave sous une librairie – revient pour balancer une version absolument délirante de Load Out puis sa très belle reprise du Hello Skinny des Residents. Que du bonheur.

[toutes les photos, ou presque, du concert sont ici]

dimanche 21 novembre 2010

Tapso II / self titled





















Etrange disque que celui-ci, à vrai dire. Et si on m’en avait parlé avant de m’en faire écouter la moindre note mon naturel méfiant et intolérant aurait immédiatement pris le dessus. Bon allez, je m’explique : Tapso II (oui c’est bien le nom du groupe) est un trio guitare + voix/batterie/violon et orgue. De quoi donner de sacrés coups de boutoir à mes œillères et mes principes éternels. Car si une éducation musicale rigoureuse à base de musique baroque, classique et romantique m’a fait bouffer du violon à tous les repas pendant les longues années d’une enfance bienheureuse et insouciante, je peine malgré tout à trouver un seul bon groupe avec du violon ou même du violoncelle. Vous avez des exemples ? Le Velvet Underground lorsque John Cale jouait encore dedans ? Jamais entendu. The Ex & Tom Cora ? Connais pas. Grinderman ? A l’hospice les papys ! Vous voyez bien : lorsqu’on me parle de violon, soudain les spectres cauchemardeux des Waterboys ou même de New Model Army remontent à la surface et ça ce n’est pas bon signe du tout.
Dans ce monde formaté et sans surprise, oser sortir le disque d’un groupe incluant un violon dénote donc d’un certain courage. Ce qui l’est encore plus, courageux, c’est que ce disque est en fait entièrement auto-produit, publié sans l’aide d’aucun label et vous pouvez donc tout de suite aller le commander en visitant le site du groupe – vous obtiendrez ainsi un vinyle accompagné d’un CD. Et vous m’en direz des nouvelles.
Car Tapso II est très loin de tout ce qu’il peut y avoir de détestable chez un groupe dès qu’il s’est mis en tête d’inclure un violon dans son line-up. Je suis même extrêmement surpris que les trois garçons de Tapso II aient du se résoudre à l’autoproduction pour arriver à leurs fins (ou alors ils ont eu une expérience malheureuse dans le passé avec un label manager peu scrupuleux ?). Le déclic s’est produit aux alentours du quatrième titre avec un Il Mostro tout simplement captivant. Puis il s’est poursuivi grâce au final de From Tan One To Tan Two alors que History Of A Wave m’a définitivement convaincu d’immédiatement réécouter ce court disque (une demi-heure) depuis son début. Alors je recommence.
Bulldog
vous étonne d’entrée avec ce son âpre et rude. Un coup d’œil sur le mode d’emploi du disque vous permet de savoir que c’est Sacha Tilotta de Three Second Kiss qui a enregistré ce disque. Il avait déjà fait quelques merveilles sur The Impossible Story Of Bubu de Io Monade Stanca avec des techniques de prise de son très albiniennes. Si je vous dis que le mastering a été effectué par Bob Weston vous aurez compris quel genre de son peut bien avoir ce disque de Tapso II.
Et la musique est à la hauteur de sa production. Tapso II incorpore intelligemment le violon sans en faire un gimmick folklorique ni un rajout occasionnel. C’est un fait, du violon il y en a quasiment sur tous les titres (sauf sur l’excellent The Space Outside pour lequel Giovanni Fiderio lâche son instrument préféré pour se mettre à l’orgue) et assure à peu près tous les postes inimaginables, de celui d’accompagnement rythmique à celui de trublion en passant par un apport mélodique indéniable – c’est ce qui me faisait un peu peur au départ, la propension à faire couler la morve et les larmes à l’aide de mélodies trop déchirantes jouées avec un violon bien mielleux était à la fois un risque majeur et un facteur aggravant mais il n’en est donc rien.
On se retrouve donc avec un hybride, un groupe qui joue une nouvelle version d’un noise rock plutôt calme et introspectif combinée avec un côté matheux et rigoureux. C’est assez détonnant, franchement original et donc réussi. Reste le chant également assuré par le guitariste et ce chant tombe toujours de la bonne façon et au bon moment. Des fois cela tient à pas grand-chose mais de toute évidence le chanteur a su trouver. Cela m’épate toujours d’entendre un groupe qui fait quelque chose d’un peu nouveau et avec que du vieux et si on devait vraiment rapprocher la musique de Tapso II de celle d’un autre groupe je dirais L’Enfance Rouge surtout pour ce même caractère d’insatiabilité et d’en avant. Bonne pioche.

samedi 20 novembre 2010

We Only Said / self titled


Voilà un disque qui m’est tombé tout seul entre les mains un beau matin ou plus exactement entre les oreilles puisque il est arrivé par le biais d’un email avec un lien pour télécharger un fichier mp3 ainsi qu’un jpg de la pochette et un pdf pour la biographie en pièces jointes. Ça fait envie, hein ? Non. Mais il va surement falloir que l’on s’y fasse, nous les brontosaures de la musique en support physique, à toutes ces tracasseries digitales. D’ailleurs pourquoi digitale ? C’est à cause du gros doigt qu’essayent de nous enfiler les majors et même certains indépendants en essayant de nous vendre de la musique dans un format tellement compressé qu’il n’a plus aucune saveur ? Le proctologue remplace donc le musicologue.
J’ai perdu – ou beaucoup plus surement – effacé le pdf et donc la bio, je ne sais pas où j’ai mis le jpg de la pochette (j’en ai récupéré un autre) et l’adresse mail du contact qui m’avait envoyé le tout est passée aux abonnements absents mais heureusement pour moi j’ai gardé les mp3 de cet album sans titre de We Only Say. C’est en allant fouiner sur le monospace du groupe que je me suis aperçu que ce disque existait bien en dur (en CD pour être plus précis) et que c’est le label Range Ta Chambre qui l’avait publié l’année dernière, fin 2009. Range Ta Chambre c’est ce label qui avait publié l’album Use Less de Trunks – un disque que je pensais avoir chroniqué quelque part par ici mais apparemment non – et ce n’est pas une coïncidence puisque Trunks et We Only Said partagent le même guitariste, Florian Marzano, dont We Only Said est de fait le projet tout personnel. Depuis la sortie de l’album We Only Said a étoffé son line-up pour assurer des concerts et le batteur n’est autre que celui de Fordamage (non, je n’ai jamais parlé non plus de leur album Belgian Tango et c’est fort regrettable).























Voilà pour les présentations. J’ai donc retrouvé non sans mal les mp3 de cet album sans titre au fin fond du disque de mon ordinateur et personne ne pourra m’enlever de l’esprit que la musique n’existant qu’en mp3 c’est au mieux de la musique jetable et au pire de la musique morte. Monde de merde. Mais je ne regrette rien. Ecouter des mp3 au casque est quasiment une nécessité absolue si on veut pouvoir entendre quelque chose – parce que les enceintes d’un ordinateur ce n’est pas vraiment ce que l’on pourrait appeler de la haute fidélité – mais cela tombe très bien : la musique de We Only Said appelle à l’intimité, à l’espace restreint et protégé que procure l’écoute au casque. Cet album est un très beau disque, émouvant et fort tout en appuyant subrepticement ça et là par petites pressions, quelques tensions qui vous enserrent le cœur avant de s’échapper, comme un ange qui passe. On pense parfois à Purr – l’un des groupes les plus sous-estimés des 90’s, auteur d’au moins un album essentiel, son tout premier – et à d’autres choses encore, Bedhead et même Ventura… Voici donc un disque inattendu, qui arrive de nulle part et ne vous lâche pas.
We Only Said œuvre plutôt dans un registre pop mélancolique mais non dénué de vigueur (j’aime bien ce piano qui fait ses gammes presque dans le vide sur le titre Go Rotten et il y a également le final noisy de Killjoy) et d’une apparente simplicité. Et rien de tel que cette simplicité pour s’apercevoir que le songwriting est ici de qualité supérieure. Les vignettes existentielles de We Only Said vous parlent par le seul intermédiaire d’une musique et de mélodies doucement fébriles (la ligne de chant sur Cheerful Girl). Quant aux paroles, je n’ai aucune idée de ce qu’elles peuvent bien raconter bien que je puisse tenter de le deviner au travers des titres des chansons (Our Monochrome Life, That Evening We Were Alone, Killjoy ou I Discover The Muder) et de manière assez irrationnelle j’aime à penser qu’elles me sont proches. Comme un petit miracle.

[alors : CD, mp3 ou streaming ? l’intégralité de l’album de We Only Said est en écoute sur Bandcamp]

vendredi 19 novembre 2010

Foetus / Hide


La première réaction a été celle d’un rejet total et en bloc d’un album dont finalement on n’attendait rien, peut être quelques grosses crises de rire et les habituelles kitchouneries débridées à grand renfort de faux big band jazzy et de percussions métalliques. La musique de J.G. Thirlwell enregistrée sous le nom de Foetus a toujours été riche d’une teneur déraisonnable en (auto) parodie et délires soniques avec un sens du bricolage et de la démerde réjouissant. Mais Foetus n’a jamais rien eu de lo-fi tout comme J.G. Thirlwell n’est pas un crevard mais un dandy. Un seigneur de grande classe. J.G. Thirlwell est surtout une sorte de savant fou éclairé, cloîtré dans un home studio bouillonnant et bordélique, un home studio d’où sont sortis au fil des années une triplette d’albums hallucinants (Hole, Nail et Thaw)* et des résurgences machiavéliques (Gash et Flow)*. Notre homme avait montré avec Love* qu’il souhaitait sortir d’un carcan finalement devenu prévisible bien que toujours unique en son genre, construisant alors un album un peu trop en retrait et tournant principalement autour des sonorités du clavecin. Mais Love n’était pas un mauvais album, tout juste pouvait il paraitre décevant – et encore, il comporte nombre de compositions inespérées.




















Il n’y a encore jamais eu de mauvais album de Foetus. Et il n’y en a toujours pas. Mais pour Hide il faut s’accrocher. Le maître ne nous avait pas malmenés ainsi depuis bien longtemps. Hide, résonne, Hide déborde, Hide symphonise, Hide dégouline. Nous avons droit avec ce neuvième album studio** seulement en presque trente années d’activité à la chose la plus baroque et kitch que J.G. Thirlwell ait jamais composée, interprétée et orchestrée. Le choc initié d’entrée par un Cosmetics de près de neuf minutes est violent. Violent mais sans âpreté : ce qui explique le mouvement naturel de recul, la garde montée et finalement un rejet qui ne dure que le temps d’une infiltration insidieuse d’un venin aux effets inavouables. Car Cosmetics convoque en un tour de main toute la grandiloquence d’œuvres post classiques, au hasard Carmina Burana – cette meringue aussi connue que surestimée a été composée par Carl Orff entre 1935 et 1936, rappelons-le – mais aussi les paillettes d’une fête vénitienne, le pathos d’une dramaturgie germaniste et les mouvements épiques de n’importe quelle musique de film à grand spectacle, que ce soit un western, un film de samouraïs ou une bataille intergalactique (il n’y a au final aucun album de Foetus aussi déraisonnablement cinématographique que Hide). Et puis il y a cette voix, celle de la chanteuse baroque Abby Fischer, qui domine les débats. C’est elle qui chante, c’est elle qui mène la danse. En bon vicelard, Thirlwell se « contente » lui de doubler la voix de la cantatrice avec la sienne. Ce sera comme d’habitude l’un des principes de Hide : les envolées lyriques y sont dévoyées et malades, perverties par toute la science occulte d’un compositeur machiavélique. Plus loin sur d’autres titres comme le maladif Here Comes The Rain Thirlwell préfèrera rehausser d’un même mouvement infecté les violonades à l’aide d’une ligne de synthétiseur décalée ou d’un artifice bruitiste.
Quelques interludes viennent rythmer le disque : la bidouille de Concrete ou ce Fortitudine Vincenus avec chœurs et envolées quasi dissonantes – on est loin des lacérations d’un Krzysztof Penderecki et d’un György Ligeti, celles qu’a utilisées Stanley Kubrick pour Shining mais on semble s’en rapprocher. Une autre particularité de Hide est de comprendre plusieurs balades, qu’elles soient mortuaires (Oilfields curieusement placé avant Here Comes The Rain, déjà évoqué) ou convoquant les fantômes du paradis (Papper Slippers avec une tentative d’imitation de John Lennon assez convaincante). On termine avec un magnifique O Putrid Sun (For Yuko), placé à la fin du disque avec des dégoulineries de piano et de violons à tomber par terre.
Reste le cas très intéressant de The Ballad Of Sisyphus T. Jones où pour la première fois J.G. Thrilwell cite Ennio Morricone aussi visiblement (avec le fidèle Steven Bernstein à la trompette) et Stood Up qui se rapproche, malgré l’omniprésence une nouvelle fois des violons et l’absence de sonorités abrasives, du Foetus que l’on connait le mieux, presque tubesque et entraînant. C’est tout ? Non. Pendant longtemps les albums de Foetus ont été marqués par la présence dans leur tracklisting d’un titre façon big band de jazz/cabaret pervers et halluciné : Descent Into The Inferno sur Nail, Hauss-on-Fah sur Thaw, Slung sur Gash ou Cirrhosis Of The Heart et Heuldoch 7B sur Flow. Avec Hide c’est exactement le contraire. L’album ne comporte qu’un seul tire réellement poisseux et industriel – quelque part entre A Prayer for My Death (de l’album Thaw) et surtout Your Salvation (du EP Butterfly Potion) – qui, s’il ne se débarrasse pas totalement des effets symphoniques parcourant tout l’album, cède soudainement la place au bruit et permet donc à Hide d’être une sorte de miroir inversé de ses prédécesseurs.
Alors que l’on ne reproche surtout pas à Hide d’être un album bordélique et sans homogénéité : tous les albums de Foetus le sont à l’exception notoire de Hole – premier chef d’œuvre de 1983 traversé par la même folie destructrice quel que soit le registre emprunté – et de Love malheureusement un peu fade. J.G. Thirlwell prouve à nouveau qu’il n’y a jamais rien d’évident et d’acquis avec lui. Il prouve aussi et surtout qu’il reste inimitable et unique, vraiment hors de nulle part, naviguant dans un monde aussi composite que délirant.

* il n’y a pas que Jesus Lizard qui utilise des four letter words comme titre d’album, Foetus avait commencé bien avant (1981 et l’album Deaf)
** donc je ne compte pas les live (Rife, Male, Boil, York), les mini albums comme Bedrock, les compilations (Sink, Limb) et autres albums de remix (Blow, Vein) ou d’inédits (Damp)

jeudi 18 novembre 2010

Ed Wood Jr / Feats






















Je me rappelle encore très bien de ce mail que j’avais reçu d’un type que je ne connaissais absolument pas et qui me demandait si cela m’intéressait de chroniquer le premier album de son groupe. Un lien permettait aussi de télécharger tout l’album en question mais comme le mail me proposait également l’envoi d’un CD juste au cas où mes oreilles en chou-fleur ne supporteraient pas les mp3 j’ai aussitôt sauté sur l’occasion et exigé le disque en format physique – sinon pas de chronique, oui cela s’appelle du chantage – et quelques jours plus tard j’ai bien reçu Ruban De Möbius, le premier album de Ed Wood Jr. Et je ne l’ai absolument pas regretté.
Si j’ai bien tout compris, Ruban De Möbius aurait également du sortir plus tard en LP avec deux ou trois titres bonus enregistrés avec des invités lors de la release party du CD. Voilà une idée vraiment bonne qui malheureusement n’a pas pu se concrétiser, j’imagine à cause de la crise financière internationale, de Jérôme Kerviel et de Bernard Madoff (rien à voir du tout avec moi) et de l’effondrement – pas pour tout le monde – de l’économie de marché. On vit une époque formidable. Je vous rassure tout de suite, la release party de Ruban De Möbius a bien eu lieu le 1er mai 2010 et quelques invités ont bien joué en compagnie de Ed Wood Jr sur différents titres. Mais donc pas de LP et à la place un CD trois titres intitulé Feats. Chienne de vie. Je ne suis pas totalement sûr que ce sont précisément ces versions d’alors que nous pouvons maintenant écouter sur Feats ou si Ed Wood Jr est plutôt retourné enregistrer après coup quelque part avec ses potes mais l’effet est le même : chaque titre de Feats possède son lot d’invités pour des versions retravaillées.
Zemzon est le premier titre à bénéficier d’une relecture presque totale et malgré l’adjonction d’un Cercueil et d’un Tang ce n’est pas à une mise en bière/bouteille de soda à laquelle nous assistons mais bien à un décollage impressionnant, pied au plancher : la version initiale était déjà très bonne mais avec toutes ces nouvelles bulles en plus – soit une basse et une guitare – Zemzon dépasse largement l’effet Canada Dry. Mais le meilleur titre c’est celui d’après, Art Brut, avec comme invité Mathieu Deprez qui joue de la contrebasse. Je ne sais pas tout vient ce garçon ni où il va mais ses adjonctions offrent une épaisseur et une dynamique fort appréciables à Art Brut qui frise alors l’excellence. Seul le dernier morceau – dont le titre reste intranscriptible ici, on dirait du cyrillique et mon clavier est bêtement en azerty – surprend moins bien qu’il ne démérite pas. C’est seulement qu’il y a ici moins de différences et d’ajouts par rapport à la version de base mais on reste dans le haut de gamme. Précisons que sur ce dernier titre c’est un membre de Klang qui joue.
Feats est donc très loin d’être un EP anecdotique, une vague suite à un premier album remarqué et prometteur. Et décidemment Ed Wood Jr est bien la preuve vivante que l’on peut encore faire avancer le schmilblick math-rock toujours un peu plus loin. Les labels qui se sont cotisés pour sortir Feats sont deux petites maisons que nous rencontrons très souvent dès qu’il s’agit de parler de la production locale, en l’occurrence Swarm records et Whosbrain. Et alors que l’on remarque que la pochette blanche qui contient le CDr a été tout bêtement tamponnée (comme les premiers singles de Shellac) on tombe sous le charme de l’objet, un CD artisanal aura toujours beaucoup plus de gueule qu’un CD manufacturé en boitier cristal.

[et pendant que j’y suis voici les liens des groupes des musiciens invités sur Feats : Cercueil, Tang et Klangam, stram gram ?]

mercredi 17 novembre 2010

202project / Total Eclipse























Je ne sais pas grand-chose de 202project mis à part que JP Marsal, l’homme qui se cache derrière cette appellation contrôlée, joue tout seul et de tous les instruments sur ce premier album intitulé Total Eclipse. En y réfléchissant bien j’ai même du voir 202project un jour en concert et il me semble aussi avoir vu JP Marsal il y a très longtemps aux côtés de Tamagawa lors d’un concert des plus réussis mais comme on me souffle dans mon oreillette que depuis ces deux là se sont brouillés à mort je préfère ne pas m’étendre davantage sur le sujet – alors que pourtant les questions d’ego démesuré, en général, ça me connait bien.
202project vient donc de St Etienne/France et Total Eclipse (sortie très officielle le 25 novembre prochain sur le label Le Son Du Maquis) est son premier véritable album alors que notre homme a déjà énormément d’expérience accumulée et d’enregistrements derrière lui comme peut en témoigner sa page bandcamp sur laquelle on peut trouver quelques uns de ceux-ci parmi les plus récents (avec du live et un album complet datant d’un an et uniquement disponible en digital). Ce tout nouvel enregistrement est présenté de la façon suivante : « Total Eclipse est né de l’idée que le monde se trouve à l’heure actuelle dans une situation similaire à une éclipse de soleil, ni soleil, ni lune… Une sorte d’entre deux… A la fois excitant mais aussi un peu tragique (…) La lumière réapparaitra elle et si oui, que verrons nous ? ». Soit une philosophie de l’inconnu abyssal à laquelle je n’adhère absolument pas puisque je suis plus que jamais convaincu que la fin du monde est proche, que l’humanité mérite de disparaître, que seule la souffrance éternelle pourra sauver les civilisations humaines en perdition et que bientôt le règne du chaos arrivera. Un peu plus sérieusement, Total Eclipse peut absolument se passer d’une telle présentation – même si elle semble tenir à cœur à son auteur – car ce disque est plus qu’une bonne surprise de fin d’année ou un enregistrement prometteur : Total Eclipse est un excellent disque, certes sombre mais envoutant et passionnant. Et pourquoi pas même excitant.

Les références les plus évidentes de 202project sont très certainement à chercher du côté de Spacemen 3, remontons même jusqu’au Velvet Underground en passant par les tout premiers Cure, ajoutons y une dose conséquente de kraut rock et de la noisy pop pour assurer un solide pendant mélodique au côté psychédélique de la chose et nous aurons une vague idée des territoires brassés par 202project. Mais à bien y réfléchir la musique de JP Marsal est surtout profondément désabusée pour ne pas dire triste, voire dépressive. Il ne fait vraiment pas chaud là dedans, on n’y voit pas très clair, on ne sait pas trop ce qu’il y a dehors/après – comme lors d’une éclipse totale de soleil, donc – mais on s’y sent bien aussi. L’envoutement est quasi immédiat à l’écoute du très psychédélique premier titre (Hallucination Collective) et ne redescendra pas d’un cran tout du long d’un album qui pourtant va emprunter divers chemins pour nous conduire toujours plus loin dans ce qui semble être un long tunnel sans fin, impression donnée par le final et glauquissime Tuner, titre instrumental de plus de onze minutes lorgnant du côté d’une cold wave poisseuse et d’une musique industrielle primitive du meilleur effet.
Entre ces deux extrêmes 202project/JP Marsal aura fait la preuve de tout son talent de compositeur et d’arrangeur, passant sans complexe d’une pop assombrie et magnifique (Total Eclipse) à un simili electro rock (Raw Club et sa ligne de basse irrésistible), sortant les influences garages du réfrigérateur où elles ont eu le temps de bien macérer et nous gratifiant de lignes de chant qui ne s’oublieront pas de sitôt (La Face Cachée Du Soleil, vraiment très bon). Le chant n’est pas superflu chez 202project, notre homme a su l’habiller d’effets (Drug Me !) pour le rendre plus pertinent mais il sait aussi se passer de sa voix sans que l’on ait la désagréable impression qu’il manque quelque chose (Le Voyage Immobile, In The Air). Et puis il y a les entre-deux comme Bloody Map où le chant est tellement lointain qu’il résonne juste comme un instrument supplémentaire.
On croit deviner que Total Eclipse est un travail au long court, le résultat élaboré par un orfèvre passionné et enfermé dans son atelier pendant des années. Alors on gage que 202project saura confirmer ce coup d’éclat aux allures de brumes délétères ou, mieux, qu’il saura nous surprendre en allant pourquoi pas dans de nouvelles directions tout en ne gardant que la justesse d’une pensée renouvelée.

mardi 16 novembre 2010

Loup / self titled


Loup est un duo composé de musiciens lyonnais venant à priori d’horizons assez différents puisque on y retrouve Clément Edouard des Lunatic Toys et Franck Garcia aka Sheik Anorak. L’un vient du jazz et de la musique improvisée tout en faisant partie de l’équipe qui s’occupe du Périscope, une chouette salle de concert pas aussi sage qu’elle en a l’air. L’autre vient de la noise et tient d’une main de fer le désormais bien connu label Gaffer records, label qui au fil du temps est devenu pour certains une référence quasiment incontournable du paysage musical et ce n’est pas moi qui vais leur donner tort. Le catalogue de Gaffer records a suivi la même évolution que les activités musicales de son patron : alors que ce dernier s’investit de plus en plus dans des projets tournant autour du free et de la musique improvisée*, Gaffer records a multiplié les références hors-normes (tout en continuant à pratiquer un peu la noise) au point de monter une nouvelle collection intitulée Free Jazz Series – des CD tout simples emballés dans des pochettes cartonnées aussi arty qu’élégantes – et dont le premier album de Loup est précisément la deuxième référence.





















Clément Edouard joue du saxophone alto et de la bidouille. Franck Garcia est guitariste et batteur plus quelques autres trucs. Sur le papier ils ne sont peut être que deux mais ils sont la plupart du temps trois voire quatre à jouer dans Loup : soit des boucles de guitare ou un son de basse (?) apparaissent ici ou là (Theology, Timeline) soit le saxophone est démultiplié (Cut And Paste) quand ce n’est pas les deux en même temps. Loup n’a donc pas uniquement pensé sa musique au sens d’un strict duo avec deux musiciens qui dialoguent et se répondent mais a également envisagé, au-delà du travail d’improvisation, de réelles constructions bien que le côté vignette des premiers titres tendraient à le démentir. L’album démarre en effet au quart de tour par un Porcelaine violent et âpre qui surprend par son côté free jusqu’au-boutiste et son bourdonnement synthétique qui vrombit dans les oreilles. Directement enchainé, Cut And Paste est un parfait exemple de manipulations et d’altérations sonores. Enfin The Number renoue avec un peu plus de lisibilité. Ces trois titres sont très courts – entre une et deux minutes – et exposent très complètement toute la palette musicale free de Loup.
Il faut donc attendre Theology pour goûter à un peu plus de lyrisme (belle partie de saxophone) et surtout I Could Have Guessed What About To Happen pour comprendre pourquoi Loup se revendique aussi de la musique drone. D’une longueur tranchant avec tous les autres titres du disque, I Could Have Guessed What About To Happen dépasse en effet les dix minutes et débute par une plage très calme sur laquelle nappes synthétiques et saxophone s’entrecroisent sans jamais se bousculer. Soudain Loup semble avoir trouvé la formule pour suspendre le temps mais les deux musiciens sont facétieux et ont imaginé un final autrement supersonique pour remettre tout le monde d’accord. Le saxophone y fait à nouveau preuve de toute sa beauté sonore tandis que la batterie l’accompagne de ses pulsations. On rejoint presque la fureur du début du disque, celle de Porcelaine, mais avec le côté poignant que l’on avait découvert avec Theology. Loup confirme ainsi toutes les très bonnes impressions que l’on avait eues du duo en concert – notamment en première partie de The Thing & Otomo Yoshihide. Clément et Franck confirment également qu’ils sont des musiciens vraiment doués et qu’ensemble ils pourraient vraiment faire de grandes choses. A suivre.

* le meilleur exemple en date étant le trio Weasel Walter/Mario Rechtern/Sheik Anorak à nouveau en tournée en ce mois de novembre, les trois musiciens joueront au Périscope de Lyon le jeudi 18 novembre et toutes les autres dates sont consultables ici

lundi 15 novembre 2010

Pissed Jeans / Your Life Is Worth


Il m’est un peu difficile de comprendre – tout comme il m’est difficile d’admettre – pourquoi je trouve ce nouveau single de Pissed Jeans un peu moins bon que les enregistrements antérieurs du groupe, en particulier cet excellent album qu’était King Of Jeans et qui avait marqué l’année 2009 d’une belle cicatrice, bien profonde et bien saignante. Cet album reste d’ailleurs le meilleur de sa catégorie à avoir été publié ces dernières années, meilleur même que l'album posthume (plus récent) et sans titre de Drunkdriver, pour la simple et unique raison que les Pissed Jeans, eux, savent trousser une composition comme il faut.
On ne peut pas dire que l’on attendait les Pissed Jeans au tournant, eux s’en foutent complètement et finalement nous aussi, mais on pensait réellement que le format single devait aller comme un gant à un groupe tel que celui-ci, un groupe sachant allier noise rock et rock’n’roll déviant comme d’autres savent décapsuler bières et gonzesses à coups de dents. Your Life Is Worth n’est pas le premier single des Pissed Jeans – le groupe avait publié un excellent Don’t Need Smoke To Make Myself Disappear b/w Love Clown, déjà chez Sub Pop, en 2006 – aussi on était plutôt confiant. Malgré une pochette d’un jaune repoussant et une suspecte absence totale d’artwork. Signes avant-coureurs, pour les plus fatalistes des mélomanes, d’un disque au rabais.























Sam Kinison Woman (face A) et L Word (face B) ne sont en aucun cas deux titres au rabais mais ils manquent d’un chouïa de cette nervosité, de cette méchanceté, cette âpreté et de ces bas instincts qui élevaient les Pissed Jeans loin au dessus de tous les autres. Les bras sont toujours levés mais le majeur de la main est soigneusement resté replié aux côtés des autres doigts de la main. Est-ce le solo toujours aussi jouissivement brinquebalant mais pour une fois pénible de Bradley Frey sur Sam Kinison Woman ? Est-ce le manque d’entrain (relatif) de Matt Korvett au chant ? Est-ce le son poussif, limite pataud, presque vieillot de l’enregistrement ? Est-ce la lassitude qui s’installe à l’écoute de L Word, une sorte de Drunk With Guns en version hyper ralentie et titre pourtant doté de paroles tordantes pour tout propriétaire de pénis (Love Is A Word I Use To Describe/The Way I Feel Inside/I Love This Pie/I Love A Good Surprise/I Love Velvet Sky/I Love The Flyers) ? Sûrement un peu de tout ça. Et pour tout dire, en parlant de pénis, sur les deux titres de Your Life Is Worth les Pissed Jeans bandent encore suffisamment. Ce single n’est donc rien d’autre qu’un amuse gueule sympathique mais pas très essentiel – en espérant que le prochain album renouera avec les sommets éjaculatoires des disques précédents.

vendredi 12 novembre 2010

Basement Fest


Belle affiche noise en ce jeudi 11 novembre – jour de nausée persistante puisque commémorer dans l’hypocrisie patriotique la plus totale les quelques millions de morts et mutilés de guerre occasionnés lors d’une lointaine boucherie internationale n’a jamais empêché l’histoire de se répéter – donc (excusez-moi, je me suis juste un peu égaré) belle affiche noise avec le tandem Dupek/Basement au Sonic. Pourtant il y avait le choix ce jour là avec le concert des Movie Star Junkies à Grrrnd Zero mais, aussi surprenant que cela puisse paraître, je n’avais encore jamais revu Basement depuis la remise en activité du groupe aux alentours des années 2005/2006. Il est vrai que je ne leur avais pas spécialement couru derrière non plus puisque je ne suis pas du tout du genre à me taper quelques kilomètres pour sortir de ma ville chéri afin d’assister à des concerts d’exceptions*.
J’étais alors resté dans l’ignorance de cette inattendue et incroyable résurrection. Et donc, encore une fois, le choix a été vite fait bien qu’avoir à choisir entre deux concerts se déroulant le même jour est l’une des expériences humaines les plus éprouvantes que je connaisse.
Les groupes à l’affiche ont beau être des groupes à guitare, c’est Jarring Effects qui programme la soirée via l’asso Active Disorder et dans le cadre de la 12ème édition du festival Riddim Collision. Je vous vois bien venir, bande de snobinards à lunettes et autres musicologues intolérants : Jarring Effects est un label essentiellement electro-dub et hip-hop (une spécialité lyonnaise comme tant d’autres, un peu écœurante pour certains) aussi comment ces gens peuvent ils oser se mêler d’autres musiques ? Et bien tant mieux. Et l’avantage – il faut bien le reconnaître – c’est que si c’est l’une des associations habituelles organisant au Sonic qui avait programmé Basement et Dupek, le public aurait cumulé à quarante personnes maximum or une soirée Jarring Effects c’est au contraire l’assurance d’avoir beaucoup de monde et une grosse ambiance (chose que certains expérimenteront en toute fin de soirée mais c’est une autre histoire). C’est ça, d’avoir du following.















Mais cela ne signifie pas que le public en avait rien à faire des groupes. Au contraire. Nombreux sont ceux qui étaient même venus voir et entendre le premier de la soirée : Gameboy Physical Destruction. Des lyonnais et je crois même comprendre que l’un d’eux fait partie du staff de Jarring. Nous avons donc sur scène un bassiste/hurleur barbu et un guitariste/brailleur masqué entourant un clown qui ne fera rien d’autre de tout le concert que d’avoir l’air ahuri ou épileptique (plus rarement). Derrière, une boite à rythmes bastonne à grande vitesse des beats d’un binaire à rendre un punk intelligent tandis que des programmations lancent des lignes hérissées de synthés façon console de jeu donnant également un fort relent électro à la musique du groupe. Alors ? Plutôt Unlogistic ou plutôt Binaire ? Incontestablement Gameboy Physical Destruction piétine sur les platebandes de notre duo stéphano-marseillais chéri sans toutefois arriver au même niveau**. Par contre il compense par une rapidité et une gaillardise vraiment très gauloises.
C’est justement un peu ce qui me rebute, Gameboy Physical Destruction sent trop fort le groupe alterno pour moi, un improbable croisement entre Ludwig Von 88 et The Locust ou Metal Urbain découvrant les joies du marteau-piqueur à roulettes. Je m’éloigne de la scène et je passerai toute la fin du concert de Gameboy Physical Destruction à faire des allers-et-retours entre le bar pour toper une bière et la terrasse de la péniche pour m’engoudronner les alvéoles pulmonaires sous la pluie (il faut savoir faire des sacrifices lorsqu’on veut assouvir ses vices préférés). Je ne ronchonne même pas et après tout, il en faut pour tous les goûts. Ah oui : j’aime bien la voix du bassiste, ce genre de voix qui laisse à penser qu’il ferait un carnage millésimé s’il jouait dans un groupe de death grind progressif.
















C’est le tour de Dupek, groupe totalement inconnu en ce qui me concerne. Mais la confiance règne, Dupek ayant prévu d’enchainer quelques dates aux côtés de Basement. C’est un peu la surprise lorsque j’apprends que le trio – formation classique : guitare, basse et batterie – est venu en voisin puisqu’il est originaire de Macon et de Chalon Sur Saône. Ces trois là m’ont l’air de ne pas être nés de la dernière pluie et je tombe rapidement sous le charme de leur noise rock étrangement atmosphérique. Oui cela peut sembler quelque peu étrange comme formulation mais Dupek a une façon très personnelle de construire ses titres (en général assez longs) comme si le groupe procédait par strates.
Le batteur n’est pas pour rien dans ces structures horizontales avec un jeu original lui aussi mais ce qui m’épate le plus c’est qu’il chante en même temps, plutôt bien d’ailleurs, et qu’il est au passage le chanteur principal de Dupek. Plus loin une ligne de basse presque dub ravit les oreilles et le guitariste joue également à l’économie ce qui n’est pas pour me déplaire. Le bassiste nous fait alors un sketch en tombant incompréhensiblement de la scène en avant et en se rattrapant en exécutant un magnifique salto – mais finalement plus de peur que de mal***.
Vers la fin de son set Dupek joue un titre plus musclé que les autres et tranchant quelque peu mais l’impression générale reste. Le groupe serait un train de préparer un nouvel enregistrement et je suis assez curieux d’en entendre le résultat. En tous les cas les titres mis en ligne par Dupek ne me semblent pas tous absolument représentatifs du concert qu’a donné le groupe au Sonic.
















Je les attendais, ils sont là, venus de Libourne : Basement. Après tout, je ne vais pas trop m’étendre sur le sujet puisque le groupe a tout simplement été excellent, généreux et complètement furieux. Alignant les hits comme s’il en pleuvait, matraquant des rythmiques imparables, alignant des riffs irrésistibles, explosant de temps à autre dans des maelstroms d’une folie invraisemblable, la bande des quatre a fait preuve de tout son talent et de toute sa grande classe.
On me dit que Basement n’est qu’un groupe de noise ultra classique voire scolaire et formatée et je ne comprends pas. Ou plutôt je comprends que l’on se place là encore sur le terrain des goûts et des couleurs mais que l’on ne peut rien enlever à la prestation formidable et digne de grands seigneurs donnée par Basement. Et je ne pense pas qu’être les héritiers et qu’assurer la continuité d’une certaine tradition noise 90’s soit un horrible défaut, bien au contraire. Mention spéciale tout de même à cette rythmique hallucinante et à cette basse omniprésente (et à la bassiste championne du monde de grimaces de clown sur scène). Et puis mention spéciale aussi aux deux guitaristes qui ont tout déchiré. Ce fut grand, ce fut beau et ce fut violemment fort. Certain(e)s en tremblent encore.
Pour les parisiens et les gens de passage à Paris retrouvez Basement et Dupek accompagnés de Ed Wood Jr, Pord, Royal McBee Corporation et quelques autres aussi le dimanche 21 novembre pour le festival An Intuitive World Of Arts à Colombes.

[toutes les photos du concert sont visibles ici]

* mais bientôt, moi je vous le dis, tout le monde voudra aller à Lyon pour assister à l’évènement de l’année 2011 en matière de concert
** un ami ayant particulièrement mauvais esprit me fera même cette blague d’un goût plus que douteux : tu connais Binaire ? je te présente Binouze
*** ce qui donnera lieu à l’autre blague de la soirée : Dupek, ça veut dire cascadeur en quelle langue ?