samedi 20 novembre 2010

We Only Said / self titled


Voilà un disque qui m’est tombé tout seul entre les mains un beau matin ou plus exactement entre les oreilles puisque il est arrivé par le biais d’un email avec un lien pour télécharger un fichier mp3 ainsi qu’un jpg de la pochette et un pdf pour la biographie en pièces jointes. Ça fait envie, hein ? Non. Mais il va surement falloir que l’on s’y fasse, nous les brontosaures de la musique en support physique, à toutes ces tracasseries digitales. D’ailleurs pourquoi digitale ? C’est à cause du gros doigt qu’essayent de nous enfiler les majors et même certains indépendants en essayant de nous vendre de la musique dans un format tellement compressé qu’il n’a plus aucune saveur ? Le proctologue remplace donc le musicologue.
J’ai perdu – ou beaucoup plus surement – effacé le pdf et donc la bio, je ne sais pas où j’ai mis le jpg de la pochette (j’en ai récupéré un autre) et l’adresse mail du contact qui m’avait envoyé le tout est passée aux abonnements absents mais heureusement pour moi j’ai gardé les mp3 de cet album sans titre de We Only Say. C’est en allant fouiner sur le monospace du groupe que je me suis aperçu que ce disque existait bien en dur (en CD pour être plus précis) et que c’est le label Range Ta Chambre qui l’avait publié l’année dernière, fin 2009. Range Ta Chambre c’est ce label qui avait publié l’album Use Less de Trunks – un disque que je pensais avoir chroniqué quelque part par ici mais apparemment non – et ce n’est pas une coïncidence puisque Trunks et We Only Said partagent le même guitariste, Florian Marzano, dont We Only Said est de fait le projet tout personnel. Depuis la sortie de l’album We Only Said a étoffé son line-up pour assurer des concerts et le batteur n’est autre que celui de Fordamage (non, je n’ai jamais parlé non plus de leur album Belgian Tango et c’est fort regrettable).























Voilà pour les présentations. J’ai donc retrouvé non sans mal les mp3 de cet album sans titre au fin fond du disque de mon ordinateur et personne ne pourra m’enlever de l’esprit que la musique n’existant qu’en mp3 c’est au mieux de la musique jetable et au pire de la musique morte. Monde de merde. Mais je ne regrette rien. Ecouter des mp3 au casque est quasiment une nécessité absolue si on veut pouvoir entendre quelque chose – parce que les enceintes d’un ordinateur ce n’est pas vraiment ce que l’on pourrait appeler de la haute fidélité – mais cela tombe très bien : la musique de We Only Said appelle à l’intimité, à l’espace restreint et protégé que procure l’écoute au casque. Cet album est un très beau disque, émouvant et fort tout en appuyant subrepticement ça et là par petites pressions, quelques tensions qui vous enserrent le cœur avant de s’échapper, comme un ange qui passe. On pense parfois à Purr – l’un des groupes les plus sous-estimés des 90’s, auteur d’au moins un album essentiel, son tout premier – et à d’autres choses encore, Bedhead et même Ventura… Voici donc un disque inattendu, qui arrive de nulle part et ne vous lâche pas.
We Only Said œuvre plutôt dans un registre pop mélancolique mais non dénué de vigueur (j’aime bien ce piano qui fait ses gammes presque dans le vide sur le titre Go Rotten et il y a également le final noisy de Killjoy) et d’une apparente simplicité. Et rien de tel que cette simplicité pour s’apercevoir que le songwriting est ici de qualité supérieure. Les vignettes existentielles de We Only Said vous parlent par le seul intermédiaire d’une musique et de mélodies doucement fébriles (la ligne de chant sur Cheerful Girl). Quant aux paroles, je n’ai aucune idée de ce qu’elles peuvent bien raconter bien que je puisse tenter de le deviner au travers des titres des chansons (Our Monochrome Life, That Evening We Were Alone, Killjoy ou I Discover The Muder) et de manière assez irrationnelle j’aime à penser qu’elles me sont proches. Comme un petit miracle.

[alors : CD, mp3 ou streaming ? l’intégralité de l’album de We Only Said est en écoute sur Bandcamp]