mercredi 3 novembre 2010

nlf3 / Beautiful Is The Way To The World Beyond























Mine de rien Beautiful Is The Way To The World Beyond est déjà le cinquième album de nlf3, trio au départ suivi uniquement par fidélité envers Prohibition, le premier groupe de deux de ses illustres membres à savoir Nicolas Laureau aka Don Niño et Fabrice Laureau. Cette phrase d’introduction est certes d’une banalité consternante mais Prohibition est un groupe qui a réellement compté dans le paysage musical local des 90’s. Après, les deux frères doivent en avoir plus qu’assez : sans renier ce glorieux passé – ils ont même vraiment de quoi en être fiers – il est évident aussi que nlf3 n’a strictement plus rien à voir avec Prohibition bien qu’à la fin de sa vie la musique de ce dernier s’était considérablement enrichie et ouverte à d’autres horizons (l’album 14 Ups And Downs). Et il s’agit là précisément du seul point commun que l’on peut trouver entre les deux formations : ne pas se laisser enfermer, ni dans un style, ni dans un rôle et aller de l’avant, quitte à se planter. Mais pour l’instant nlf3 ne s’est pas planté non plus. Beautiful Is The Way To The World Beyond confirme même que nlf3 est un groupe extra-terrestre, bien loin de toutes mouvances et de toutes tendances à la pointe du succès à tout prix.
Le succès, les deux frères Laureau – accompagnés du batteur Mitch Pirès depuis l’album précédent, Ride On A Brand New Time – et nlf3 ne le rencontrent que de façon somme toute confidentielle, ce qui est bien dommage. A croire que la musique de nlf3 fait finalement un peu peur. Voyons voir : des boucles de toutes sortes trafiquées on ne sait trop comment, de la guitare, du Fender Rhodes, de l’orgue, un peu de chant onomatopique, une basse caracolante – bien que, me semble-t-il, mixée un peu moins en avant que précédemment – et une batterie sobre mais tirant vers la polyrythmie voire l’ensoleillement. En résumé, pas de quoi être tourmenté non plus par de terrifiants cauchemars si on a les oreilles un tant soit peu ouvertes. Essayons encore : la musique de nlf3 est difficilement classable on l’a dit mais disons que l’on y trouve, comme dans toute formule magique, autant d’éléments disparates et inconcevables qu’il en faut pour confectionner tout bon filtre à l’ensorcèlement efficacement durable. Un peu de post rock en paillettes par ici, quelques doigts d’élasticité jazzy par là, une vingtaine de goutte de sueur brûlante de fièvre tropicale, du kraut rock mariné dans du jus de noix de coco, du funk répétitif, des chants d’oiseaux, des bruissements de vent dans les arbres, des harmonies azimutées en direction de l’équateur et une bonne dose d’étrangeté. On l’aura compris, la musique de nlf3 est éminemment positive, ce qui par les temps qui courent fait d’elle la plus grande des anomalies. Pourtant cet éclairage n’a rien de forcé, de racoleur ou de stupidement niais et nlf3 ne tombe pas plus dans l’abrutissement festif ou la pignolade transcendantale. Le trio réussit à jouer une musique qui se place à la fois sur le terrain de l’intime (avec une douceur certaine) et de l’optimisme (sans concession). Voilà en quoi nlf3 reste un cas unique, un cas à part et voilà pourquoi Beautiful Is The Way To The World Beyond est un beau disque.

[Beautiful Is The Way To The World Beyond est disponible comme tous ses prédécesseurs, sur le site de Prohibited records, le propre label de nlf3]