vendredi 26 novembre 2010

Hawks - Café Flesh / split























Voilà un disque dont on pouvait penser qu’il ne verrait jamais le jour : un double split entre les américains de Hawks et les français de Café Flesh sur le label Trans Ruin basé à Atlanta en Géorgie et monté par quelques uns des membres des Hawks. Cela fait des mois pour ne pas dire des années que l’on en entendait parler de ce disque, avec des histoires abracadabrantes du genre « les Hawks ils ont perdu les masters et de toute façon on a plus aucune nouvelle d’eux ». La tournée que les deux groupes auraient du effectuer conjointement des deux côtés de l’Atlantique s’est même transformée en une tournée des fermes et des bars hexagonaux par Café Flesh et ÖfÖ AM (avec un passage héroïque à Lyon). Première conclusion : sur ce coup là les Café Flesh ont réussi à trouver encore plus losers qu’eux.
L’objet en lui-même est superbe, l’artwork nous montre la bouille des musiciens des deux groupes sur fond de billets de trois ou sept dollars (?) portant la devise « United States Of Lies » et les deux vinyles ont cette couleur de pisse avariée/vomi tamisé qui laisse aucun doute sur les mauvaises intentions des forces en présence. Les Hawks démarrent au quart de tour avec un Hey Regina hargneux et poisseux, une excellente entrée en matière pour qui n’aurait pas encore jeté une oreille sur leur merveilleux album Barnburner publié l’année dernière. Ces gars là ne sont pas là pour rigoler et leur noise punk’n’roll fait remonter à la surface autant de bons souvenirs qu’une bonne partie de vaches en l’air sous l’égide d’un label reptilien et amphétaminé. Et puis ce solo de guitare ridicule est absolument parfait. En Face B Hawks continue le carnage avec un mid tempo dégoulinant de sueur : Pity Party sent effectivement la fin de partie, ce moment crucial où on passe de l’état de pochetron en roue libre à celui de cadavre nauséeux. C’est absolument imparable et – deuxième conclusion – si vous trouvez que décidément le dernier single à pochette jaune spermicide des Pissed Jeans est guère satisfaisant et bien jetez-vous sur ces deux titres des Hawks.
Deuxième disque et face C : les Café Flesh entament les débats avec Without A Word. Les français assurent leurs basses besognes dans un registre pas si différent que ça de celui des Hawks mais après la tornade américaine on aurait tendance à trouver leur son un peu léger. Plus léger certes, mais les Café Flesh savent cultiver leur blues punk et en extirper le bon jus qui va vous faire tourner la tête. Without A Word est un bon titre comme l’album I Dumped My Wife I KIlled My Dog en regorgeait et il aurait été fort regrettable qu’il ne voit jamais le jour. En Face D on a droit à un Stopping Speaking et je ne sais pas vous mais moi il suffit qu’on me dise de fermer ma gueule pour que j’ai soudainement envie de l’ouvrir en grand. Ça tombe bien, Stopping Speaking, s’il ne donne pas instantanément envie de hurler sa race parce qu’il n’y a plus de bières au réfrigérateur, vous la joue au vice et par derrière. Le titre monte inexorablement en puissance jusqu’à cette fin pantagruélique où tous les moutons se sont transformés en loups, les connards en cadavres et les mères de famille en MILF – now it’s time to fuck (troisième et dernière conclusion).