mercredi 10 novembre 2010

Aids Wolf / March To The Sea























Une petite blague pour commencer : quel est le point commun entre Pelican – ce groupe américain de metal/post hard core atmosphérique/instrumental/soporifique – et Aids Wolf – ce groupe canadien de neo no-wave trépidante/hystérique/horripilante ? Aucun me direz-vous, quelle question parfaitement idiote. Jusqu’à ce que Aids Wolf publie un nouvel EP (encore une fois et toujours chez Skingraft), un mini album intitulé March To The Sea, titre qui est également celui d’un maxi des métalleux mentionnés ci-dessus*. Est-ce donc que Aids Wolf a enregistré une reprise de Pelican ? La blague aurait pu vraiment être excellente mais Aids Wolf a d’autres chats à fouetter et question reprise, nos amis ont choisi – comme nous le verrons un peu plus loin – quelque chose de nettement plus osé et de bon goût.
Il n’est pas si loin le temps où nous avons déjà parlé de Aids Wolf ici et pas forcément en très bien je l’avoue, à l’occasion d’un précédent EP intitulé Dustin' Off The Sphynx. Ces gens ont une productivité indéniable, productivité que ne renierait pas un groupe mod des Swinging London 60’s essoré de main de maitre par un Andrew Loog Oldham plus cupide et cocaïné que jamais. Et à chaque fois – à propos de Aids Wolf – le même constat s’impose : ce groupe, aussi prévisible et formaté soit il, réussit toujours plus ou moins son coup. C'est-à-dire faire perdurer sans grande imagination l’héritage d’Arab On Radar et de Melt Banana. OK : Arab On Radar se serait reformé et aurait donné des concerts déments comme jamais, donc on oublie tout de suite. Par contre, puisque Melt Banana s’enfonce de plus en plus dans le professionnalisme et les jeux de 20 heures du cirque pour amateurs de crouillasseries post muppets au final aussi inoffensives qu’une séance de sport arrosée à la vodka redbull, il reste effectivement une place à prendre et les quatre Aids Wolf ont largement raison de vouloir postuler. Et pour l’instant, ils sont en bonne position pour l’emporter.
March To The Sea
est donc un sept titres sur lequel s’épanche une chanteuse miaulant telle une chiennasse vivisectée en direct par une guitare aussi sadiquement aiguisée que le scalpel de Josef Mengele tandis que basse et batterie la tiennent bien fermement attachée à la table d’opération. Un vrai carnage, un bain de sang, une démonstration pour le fun de geysers d’hémoglobine et de tripailles extirpées à l’air libre. A peu près n’importe quoi mais que du bon et, une nouvelle fois, Aids Wolf, a eu la sagesse (?) de se cantonner au format court c'est-à-dire à sept titres et une grosse vingtaine de minutes. Ce qui est largement suffisant pour comprendre où ils veulent en venir mais aussi pour aimer ça.
Là où tout ceci vire à l’excellent c’est lorsque on aborde la dernière plage : il s’agit d’une reprise du Very Friendly de Throbbing Gristle frisant les dix minutes de supplice et de lacérations hypnotiques. On est donc obligé d’admettre que Aids Wolf a du goût pour choisir ses reprises mais qu’en plus l’exécution de celle-ci est tout simplement excellente, point barre. D’ailleurs le groupe a fait décliner son Very Friendly à lui par quelques remixeurs pour un 12 pouces limité à cinq cents exemplaires et lui aussi disponible chez Skingraft (et que je n’ai pas écouté).

* ah! on me fait signe sur mon extrême droite que le titre du maxi de Pelican c'est en fait March Into The Sea : je n'ai jamais été très fort en trivia, désolé