lundi 18 octobre 2010

A l'abattoir !


Je vous ai déjà raconté l’histoire du mec hyper-fan-amoureux-transi de Marvin, un mec qui ne les avait jamais vus en concert et qui n’attendait que le passage à Lyon de La Colonie De Vacances pour enfin réaliser son rêve le plus cher ? Non ? Vous êtes sûrs ? Bon, et bien je vais vous la faire courte : ce jour là – l’ordre de passage des groupes changeant sur chaque date de la tournée – c’est Marvin qui avait (bien) entamé la soirée et malgré quelques coups de téléphone donnés en urgence pour prévenir les retardataires encore coincés par l’apéro au bistrot du coin, nombre sont celles et ceux qui avaient tout simplement raté le concert de Marvin. Déception, consternation, rage et désespoir…
Le hasard a voulu que The Ettes (je n’avais jamais entendu parler de ce groupe auparavant*), The Ettes donc devaient jouer ce samedi avec Zëro aux Abattoirs de Bourgoin-Jallieu mais ont annulé leurs dates en France, préférant rester à la maison aux States pour cachetonner et rencontrer amour, gloire et beauté : qu’à cela ne tienne, les Marvin ont derechef été propulsés groupe remplaçant, ont sauté dans leur légendaire et vrombissant marvan et ont accouru jusqu’à cette petite ville de l’Isère essentiellement connue pour la pratique d’un sport vivifiant et euphorisant dont je préfère taire le nom**.
L’essentiel était donc qu’une session extraordinaire de rattrapage s’offrait miraculeusement à notre ami fanatique de Marvin et que l’idée a également rapidement germé chez quelques autres désœuvrés du samedi soir de faire une cinquantaine de kilomètres depuis Lyon pour assister à un concert avec deux groupes pourtant connus sur le bout des doigts. Nous voilà donc partis, bande de lyonnais, pour Bourgoin-Jallieu, comme en terrain conquis.
















Quelques mésaventures d’itinéraire plus tard – je suis vraiment un très très mauvais copilote – nous voilà enfin arrivés à destination. Les Abattoirs sont une superbe salle aux abords de la ville, une SMAC qui offre également des possibilités de résidence et de studio, le lieu a une bonne réputation d’accueil, de convivialité et de confort auprès des artistes et groupes qui y posent leur matériel et leurs idées pour quelques jours et ça je veux bien le croire. Je constate tout de suite que cela ne va pourtant pas être la foule ce soir et, pire, je reconnais nombre de têtes connues, des têtes que je croise d’ordinaire aux concerts du Grrrnd Zero et du Sonic alors j’en tire une preuve supplémentaire que l’on s’emmerde vraiment le samedi soir à Lyon comme ailleurs.
Les Marvin jouent en premier. Je les ai donc déjà vus il y a exactement un mois de ça, je pourrais faire mon (gros) blasé mais l’effet est immédiat et fulgurant : ces gamins savent y faire pour me faire déborder l’enthousiasme. Passant en revue tous les tubes de leur deuxième album, n’oubliant pas les incontournables du premier, les trois montpelliérains jouent à bloc devant cinquante malheureux pélots exactement comme ils l’avaient fait au Grrrnd Zero devant plus de quatre cent personnes, avec le même acharnement, avec le même plaisir et avec la même conviction. A force de mouliner Greg Marvin devient chaud comme la braise et ne peut qu’enlever son t-shirt pour le plus grand plaisir de quelques admiratrices et admirateurs.
Je vais sérieusement devoir reconsidérer la place du mot « festif » dans l’échelle superlative de mon vocabulaire pourtant déjà très limité – et d’ailleurs cette remarque, je ne l’ai pas déjà écrite quelque part ? Les Marvin terminent leur set par la presque traditionnelle reprise de Girl U Want de Devo et c’est Eric Aldea de Zëro qui assure le chant. Je n’ai à vrai dire qu’un seul regret concernant ce concert : Emilie, Fred et Greg, où étaient passés vos bandanas ?























C’est au tour de Zëro de jouer. Je n’ai pas revu les lyonnais sur une scène depuis quelques temps déjà et je ne cache pas mon plaisir. Je les trouve résolument décontractés et déridés, phénomène déjà constaté auparavant et qui va toujours en s’amplifiant, alors que cela n’avait pas toujours été le cas lors des premiers concerts du groupe, à l’époque trop rigides. La musique de Zëro peut toujours être aussi cérébrale et sombre (Big Screen, Enough… Never Enough ou The Cage) mais elle gagne toujours plus en attraction positive. A l’inverse les titres sensément plus légers (Cheeese, Viandox et Drag Queen Blues) ne sont pas non plus exempts d’une certaine – comment dire… ? – majesté et hauteur. Le groupe nous offrira également de bien belles versions de Loud Out et de Pigeon Jelly.
Zëro a vraiment atteint un équilibre ***, ce que ne semblent pas démentir les deux titres inédits joués ce soir, deux titres qui fatalement ne tournent pas aussi bien que ceux que le groupe joue depuis déjà quelques mois ou même quelques années (comme ils le feront remarquer eux même non sans humour, quand il y a de la nouveauté ça laisse forcément un peu à désirer) mais qui s’annoncent très bons pour la suite.
Le groupe aura droit à un rappel, Eric Aldea remonte alors tout seul sur la scène, appelle désespérément ses trois camarades de jeu mais ceux-ci tardent vraiment à revenir, à croire que les loges des Abattoirs sont particulièrement immenses et confortables et une fois que tout le monde est bien remonté sur scène Zëro nous gratifie d’une magnifique reprise du Hello Skinny des Residents – un titre déjà repris en son temps par Narcophony (le duo Eric Aldea/Ivan Chiossone) et surtout un titre lent et faussement mélancolique qui sied à merveille pour une fin de concert de grande classe.

[on peut trouver toutes les photos du concert ici]

* tu veux écouter ? allez, débrouille-toi avec ça
** le premier qui répond rugby a perdu
*** au passage je conchie les jeunes cons qui parle de la musique de Zëro comme d’une musique de quarantenaires, effectivement ils le sont – moi aussi – et je trouve qu’atteindre un tel niveau est aussi réjouissant qu’inespéré