Ce joli 10 pouces fondu dans du vinyle transparent est pour l’instant le dernier né de la série de splits initiée par Gaffer records mais on peut aussi affirmer qu’il s’agit là du plus réussi, et de loin. Pourtant la concurrence était rude puisque les épisodes précédents comprenaient entre autres des contributions de Gentle Veincut, Sheik Anorak & Weasel Walter, Offonoff, Jazkamer ou Moha!, bref rien que du beau monde. Tout est question de goût me direz-vous mais les deux groupes ici en présence ne déméritent absolument pas, chacun dans leur genre… oui mais quel genre ? La catégorisation par genre c’est précisément quelque chose à laquelle échappent la plupart des musiciens/groupes choisis par Gaffer records pour cette série. Alors si vous êtes amateur de déviances musicales c’est le moment de vous transformer en consommateur averti car bientôt il sera trop tard : la plupart de ces références sont dores et déjà presque épuisées.
FAT32 sait jouer la carte de la mise en boite avec une folie certaine et n’a pas son pareil pour brouiller les pistes, porter ses délires jusqu’à ébullition, faire déborder la marmite et en concert FAT32 vous sert une mixture improbable alliant guinguette et grind core, Ennio Morricone et The Locust, Edith Piaf et Mike Patton, Le Sacre Du Printemps et Torture Garden. Le batteur est fou et intrépide mais le jeune homme au claviers et sampler ne l’est pas moins. Les deux se répondent en un joyeux dialogue prenant toute l’apparence d’un gros bordel mais en apparence seulement, car tout est millimétré, précis, imparable et vire régulièrement à la démence collective. Le risque était que FAT32 n’arrive pas à retranscrire sur bandes la folie de ses prestations live or Ziiion-Ponk [part01] y parvient parfaitement avec son intro batucada virant au surf core métallisé avant de vous entrainer dans autant d’improbables recoins qu’il est possible d’en imaginer. Ziiion-Ponk [part01] a été enregistré chez les potes de Grrrnd Zero, à priori en prise directe ce qui fait que le son est brut de décoffrage, en résumé tout ce qui convient parfaitement aux FAT32 qui visiblement ne sont pas là pour faire du lard.
Sur l’autre face on retrouve Ahleuchatistas. Et c’est à nouveau le choc. Le bassiste Derek Poteat venait de quitter le groupe et les deux survivants, Shane Perlowin (guitare) et Ryan Oslance (batterie), avaient pourtant décidé de continuer en duo. Heraclitean, tout en reprenant quelques bases bien installées par Ahleuchatistas sur ces cinq premiers albums, voit également le groupe envisager sa musique différemment, avec l’adjonction de boucles de guitare, en prenant plus son temps – un court passage rappelle les essais solo de Shane Perlowin sur son album The Vacancy Of Every Verse – et davantage de linéarité dans les plans malgré une construction en trois parties distinctes. La dernière, marquée du sceau du free punk cher à Ahleuchatistas, permet à la guitare de tricoter une partie absolument insensée de brutalité et de finesse à la fois et Heraclitean de s’achever dans un véritable déluge sonore.
Pour finir, quelques prédictions sûres et certaines de madame Soleil : Ahleuchatistas vient de terminer l’enregistrement de son nouvel album et prépare une nouvelle tournée européenne pour décembre 2010.
La série de 10’ de Gaffer records reprendra en novembre 2010 avec un split Mats Gustafsson/Olof Madsen et en attendant le label sort un LP de The Pitch (Transposition Zero, avec un des deux Moha!). A suivre.
La série de 10’ de Gaffer records reprendra en novembre 2010 avec un split Mats Gustafsson/Olof Madsen et en attendant le label sort un LP de The Pitch (Transposition Zero, avec un des deux Moha!). A suivre.