jeudi 14 octobre 2010

JG Thirlwell - Fred Bigot / Hydroze Plus


Voilà l’un des plus beaux disques vu et écouté depuis longtemps, sûrement même le disque qui au moment des inévitables listes compilatoires de fin d’année remportera le premier prix du plus bel objet toutes catégories confondues. Description. Un vinyle 25 centimètres transparent dont le label central est imprimé d’un œil, un insert en forme de bout de planche anatomique représentant la partie interne du crane humain et un feuillet plastifié façon écorché (en anatomie un écorché c’est ça) : le disque se glisse entre la représentation du crâne et la peau mise à vif, l’œil sur le disque tombe pilepoil au milieu et vous obtenez un magnifique jouet en forme de tête ensanglantée qui vous permettra le soir de réviser vos cours de médecine – spécialisation ophtalmologie ou O.R.L., comme vous voulez – ou de jouer au corps humain avec toute la famille. Cet artwork assez fou et bien réalisé (une bonne idée ne suffit pas toujours) est l’œuvre de J.G. Thrilwell aka monsieur Foetus (c’est comme s’il l’avait fait exprès). Lequel J.G. Thirlwell est l’une des deux composantes de Hydroze Plus, duo réunissant également Fred Bigot (du groupe Electronicat). L’australien réfugié à New York s’est uniquement occupé des voix et des textes. Le français a pris en charge toute l’instrumentation.
























On trouve ici deux titres inédits ainsi que deux remix (chaque musicien en ayant réalisé un). Hydroze Plus navigue en plein dans les sphères électroniques mais des sphères hautement expérimentales et déviantes. Aucune putasserie ni aucune festivité à déplorer, bien au contraire. La première face s’ouvre sur un Overcoat haché par le chant en forme de montagnes russes et transformé d’un Thirlwell – donc méconnaissable – alors que Fred Bigot nous a concocté une instrumentation particulièrement glaciale et inquiétante. Un bon trip dans la cyberviande. Belladonna suit et c’est un remix par Fred Bigot du titre CalmCalm. Il s’agit aussi du meilleur titre du disque, d’un tribalisme noir et avec des sons de synthétiseurs absolument magnifiques. Quelques éclats de voix murmurée viennent pervertir le tout et on pense inévitablement à Suicide dans une version un peu plus psychédélique (si c’était possible).
La face B s’ouvre avec Epi-Dose soit le remix par J.G. Thirlwell du titre Overcoat. Comme souvent le new-yorkais s’en tire bien, sans en rajouter ni en faire des tonnes dans l’emphase comme il a pourtant parfois tendance à le faire. Mais à Epi-Dose on préfèrera tout de même l’original, plus machiavéliquement malsain alors que le remix joue davantage la carte de l’efficacité. Cela reste tout de même excellent. CalmCalm est donc le dernier titre de cet EP. Nettement moins suicidaire que son remix Belladonna, cette dernière collaboration ravit à nouveau, malade et caverneuse, congelée dans un bain de réverbération et de beats cryogénés. Une conclusion parfaite pour un disque qui se montre donc à la hauteur de son emballage, ce qui n’est pas peu dire.

[disons le tout de suite, ce 10 pouces d’Hydroze Plus est peut être magnifique mais il n’est pas donné ; en ces périodes de vaches particulièrement maigres il m’a coûté l’équivalent d’un rein – ou d’une semaine de plâtrées de pâtes/jambon/gruyère/keupeuche pour quatre – mais, pour les amoureux de J.G. Thirlwell et de Fred Bigot, il n’y a aucune hésitation à avoir – ce disque est un must-have que l’on peut uniquement ou presque se procurer auprès d’Optical Sound]