jeudi 6 décembre 2007

Volcano The Bear @ Grrrnd Zero

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Uniquement deux groupes pour le concert de ce soir, lorsque j’arrive le Grrrnd Zero est plongé dans le noir et un rétroprojecteur diffuse sur un écran un vieux film muet en noir et blanc : un type avec des fourmis qui lui sortent de la paume de la main, une tentative de viol, un accident de voiture, je n’y comprends rien si ce n’est que cela semble se passer à deux époques différentes. La musique change selon l’époque et pour l’une d’elles il s’agit du Final (ou du Prélude, je ne sais plus bien parce qu’ils se ressemblent un peu) de Tristan Und Isolde de ce cher Wagner, son opéra le plus cérébral et le plus conceptuel au niveau de la composition -c’est mon préféré loin devant tous les autres, non je ne rigole pas. Je croise le boss de Gaffer records avec lequel j’ai plus ou moins rendez-vous et je récupère un magnifique exemplaire du nouvel album de Death To Pigs, album dont je ne manquerai pas de reparler. Ce soir le prix du concert est libre (je me suis toujours demandé quel est le prix moyen donné par les gens pour assister à un tel concert) et la salle se remplit raisonnablement : j’imagine qu’avec un prix fixe, moins de personnes se seraient décidées pour venir voir Volcano The Bear, un groupe relativement inconnu.























En attendant c’est Fat32 qui débute la soirée et comme d’habitude pour les premières parties dans cette salle ils jouent par terre. Comme ce n’est pas non plus la foule, il y a suffisamment de place pour que je puisse me glisser devant : je vais quand même pouvoir tout voir et tout entendre -une occasion de râler de perdue, dommage. Fat32 c’est un terme technique d’informatique et je m’en contrefous, c’est surtout une énième émanation du collectif Undata vu fin octobre et qui m’avait alors un peu déçu. Là il s’agit d’un duo batterie/synthé et le premier titre joué me donne quelques frissons d’effroi -oui ça envoie et c’est bien taré mais les sonorités que le garçon (grand, beau et fort) arrive à tirer de son instrument à touches me font un peu tiquer, j’ai alors un peu peur d’assister à une démonstration néo prog. Et puis le duo s’arrête, raconte une blague ou deux et c’est reparti pour un festival de grind musette, de hard core baltringue, de death bontempi ponctué de samples hilarants et de courtes citations de phrases musicales ultra connues. Ça cartoone à fond, un peu comme si Mike Patton avait viré King Buzzo de Fantômas pour le remplacer par Charly Oleg. Le garçon à la batterie (encore plus beau, plus grand et plus fort que celui qui joue du synthé) est un véritable monstre de puissance et de finesse : tout lui réussit, les blasts comme la valse à quatre temps, les roulements comme la bossa jazzy-listening. Je ravale prestement tout ce que j’ai dit de négatif au sujet du début de la prestation de Fat32 et je m’étrangle de bonheur.

















J’attendais beaucoup de Volcano The Bear. Sûrement beaucoup trop mais je n’ai absolument pas été déçu. La poésie inflexible qui sur disques se dégage de la musique des britanniques me semblait peut être un peu difficile à retranscrire sur une scène mais j’avais confiance. D'ailleurs il ne faut jamais faire confiance à une bande d’énergumènes qui manient le non-sens aussi bien que l’absurde sinon c’est le plaisir assuré. Et puis c’est peut dire que le spectacle offert par les trois trublions m’a ravi. Maniant une myriade d’instruments -certains de facture classique comme une batterie, un clavier, une guitare, une trompette, etc et d’autres étant des objets détournés ou des instruments trafiqués-, se battant parfois pour avoir accès au micro devant la scène, se montrant menaçants, luttant de manière inattendue et toujours inachevée, les multi-instrumentistes de Volcano The Bear ont joué leurs folk songs dadaïstes sans sourciller, entrecoupant les passages visiblement pré-écrits par des improvisations sur tout et n’importe quoi (la limite de cette pratique c’est que cela peut varier du banal/anecdotique au magique). Mention spéciale pour celui qui, placé au milieu (également au centre de la photo du boys band), n’a quasiment fait que manipuler un magnéto à cassettes, modifiant parfois les nappes bruitistes qu’il balançait et se contentant le reste du temps de regarder ses deux camarades d’un air entendu et connaisseur, leur intimant l’ordre de jouer, chef d’orchestre sans orchestre ni baguette, interpellant un public trop bavard et bruyant à son goût, rictus goguenard et yeux rieurs à l’appui. Pourtant un mec adorable malgré sa tronche de boxeur, j’en suis certain.