samedi 29 décembre 2007

Radiohead, Denis olivennes et le mp3

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Je ne sais pas trop quoi penser de cet article mis en ligne par le Monde Diplomatique à propos du rapport Olivennes. Ou plus exactement je souris à l’idée que l’industrie du disque se soit rendu compte beaucoup trop tard qu’internet est très certainement l’arme absolue du faîtes le vous-même contre une machine de distribution à l’ancienne qui s’est gavée pendant si longtemps -50 % du prix de vente hors taxe, c’est ce qu’exigeait Pias il y a quelques années pour distribuer un petit label et ils appelaient ça aider la production indépendante, haha.
Mais je souris aussi à la naïveté de l’auteur de l’article qui semble s’émerveiller d’une telle résistance au pouvoir économique et va même jusqu’à appeler le phénomène néo-communisme numérique. Il n’est pourtant pas question de faire la révolution mais uniquement d’obtenir gratuitement ou de payer le moins cher possible ses disques, sa musique. Le moins cher possible cela peut toutefois vouloir également dire suffisamment pour que le musicien/groupe puisse en vivre si tel est son but, car vouloir gagner un peu d’argent pour s’acheter des pâtes et de la bière sont des choses qui arrivent couramment. Tout ceci n’est donc qu’une question d’équilibre : il est beaucoup plus amusant et utile de télécharger le disque d’une rock star et de la priver ainsi de sa quatrième résidence secondaire ou de son deuxième jet privé (quand je pense que ce pauvre Kirk Hammet est obligé de vendre sa maison de San Franciso…).






















En éliminant les intermédiaires tout va beaucoup mieux : si je peux écouter et télécharger n’importe quel fichier audio posté n’importe où dans le monde je peux aussi acheter directement à un groupe ou un label son disque si je le souhaite. Et je ne parle même pas des mercis sincères qu’une telle façon de faire suscite. Pourquoi payer beaucoup plus cher et au passage engraisser un distributeur sans que le groupe y gagne quelque chose de plus ? Mes raisons ne sont pas idéologiques mais purement économiques. De l’économique pondéré -ce qui revient il est vrai à une posture idéologique : la pondération est l’ennemi de l’accumulation capitaliste.

Je m’amuse aussi des hourras qui ont accompagné la sortie digitale de nouvel album de Radiohead, quel groupe courageux ! Puis les anglais se sont rétractés, ont signé un deal avec un gros label -comme par hasard le même qui a publié l’album solo de Thom Yorke l’été dernier- et In Rainbows sera bientôt disponible en magasin. Peut être n’ont-ils pas eu assez de bras pour empaqueter et expédier les exemplaires collector de leur album vendus honteusement cher ? Ou peut être le savaient ils déjà… pourquoi avoir donné en pâture une version numérique si médiocre (seulement 160 kbs mais i-tunes fait souvent pire) et qui ne pouvait pas être satisfaisante ? Le mp3 est le parent pauvre du son, faut il le rappeler -quelle sera la prochaine étape dans la déperdition de qualité ?- et le problème est le suivant : ce qui plait aux amateurs de Radiohead, dont je ne fais pas partie, c’est justement le son du groupe. Dans ces conditions vendre des mp3 limités de In Rainbows à prix libre était vraiment une question de bonne conscience. Avec un tel exemple de récupération et de détournement de ce que peut offrir l’internet musical on est en pleine confusion, bien joué les gars.