mardi 11 décembre 2007

Cyrod, dessine moi un mouton

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Cyrod : je ne comprends pas grand-chose dans les différentes déclinaisons de ce projet multiforme (un, deux et trois) mais je sais quand même que derrière tout ça se cache un homme et un seul -si j’ajoute à la liste Cockchafer Goodbye! et peut être aussi le label DIY Kuryakin (est ce que j’en ai oublié ?) plusieurs options s’offrent à moi : soit notre homme est rentier et ment à ses parents, soit il est chômeur longue durée mais il a trouvé une très bonne raison pour quand même se lever le matin.
En tous cas je doute fort qu’il ait des enfants, il a déjà fort à faire pour s’occuper avec lui-même. C’est l’album Routes de Cyrod que j’ai gentiment reçu, toujours avec cette appréhension du décalage entre ce qui est en écoute sur un site internet et ce qui est gravé sur un disque, un vrai.



















Une illustration et un nom d’album qui ne laissent planer aucun doute, neuf parties sans titres mais numérotées dans l’ordre puis un dernier morceau qui s’intitule Winsful : les intentions du disque semblent claires comme de l’eau de roche -démarre, embraye, passe la première, enlève le frein à main, accélère, passe la deuxième, etc, et c’est parti pour un petit voyage pépère. Oui, mais non. Pas tout faux mais presque. Parce que Routes n’est pas un petit chemin bucolique semé de pâquerettes et de nymphettes alanguies, écouter ce disque n’a rien à voir avec maîtriser sa voiture à allure lente ou modérée, le trafic étant faible ou nul. Il n’y a rien de désagréable ici, certes non, mais tout au long de Routes l’auditeur va de surprise en surprise et l’ensemble de celles-ci étant plutôt bonnes, le voyage tourne rapidement à la découverte.
Difficile de préciser dans quel style évoluerait Cyrod -il y a de la guitare et il sait en jouer, il y a de la voix et il sait chanter, il y a plein de zigouigouis de travers et il sait rafistoler- et il faudrait plutôt parler de démarche. Une démarche pas très éloignée de celle d’un Nurse With Wound (dans le sens dada et ludique du terme) qui consiste à essayer, puis lentement faire glisser le résultat vers autre chose et, hop, on est déjà ailleurs. Ce peut être quelques notes éthérées de guitare répétées à l’envie ou des voix immatérielles soudain perturbées par une nappe sonore que l’on croirait tout droit sortie des expériences telluriques d’un Lustmord. Ce peut être aussi un coulis de violons (cette fois j’y vois du Foetus) avec un glitch quasiment subliminal. Ou des tentatives de folk robotique et noisy qui tournent court. Certaines plages peuvent paraître un peu longuettes, trop répétitives mais il y a toujours un ou des éléments perturbateurs -pas tout de suite discernables, souvent en décalage (le sifflement morriconien sur les voix traînantes de la neuvième partie par exemple) et qui parfois passent au premier plan. Ce disque n’est que du bricolage (de la musique d’appartement nous dit son auteur) mais c’est du bon bricolage comme je l’aime.