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La voilà donc, la compilation de Jon Spencer Blues Explosion (pour l’occasion le groupe a retrouvé son nom en entier) et c’est In The Red qui publie ce bouche-trou. Bouche-trou mais pas amuse-gueule: dessus figure l’intégralité des singles du groupe publiés dans le cadre des Jukebox series, plus quelques pseudo inédits et fonds de tiroirs qui justement traînaient par là, ce que le label appelle fort pudiquement des jam sessions. Le package obtenu contient pas moins de dix huit titres, chez In The Red on ne se fout pas de la gueule du client d’autant plus que la quasi majorité des titres proposés vont du bon au formidable.
Puisque Jukebox Explosion est une compilation c’est donc que nombre des morceaux qui y figurent sont loin d’être des inédits. C’est vrai. Peut être avez-vous chez vous un ou plusieurs de ces singles emballés dans une pochette de papier blanc et agrémentés d’une étiquette de 8 x 2,5 centimètres imprimée du nom de Jon Spencer Blues Explosion et indiquant les deux titres figurant sur la galette de vinyle, étiquette destinée au jukebox que vous possédez sûrement aussi et dans lequel vous n’avez pas manqué de placer le dit single. Personnellement j’ai retrouvé un exemplaire de Get With It/Down Low, quatrième 45 tours de la série, que je n’avais jamais réellement écouté et je me demande bien pourquoi : de tous les titres de Jukebox Explosion ils figurent parmi les meilleurs. Get With It démarre avec un piano presque baltringue, le rock’n’roll du Blues Explosion débaroule en à peine plus d’une minute et demi, soit à peine le temps de retrouver son souffle après une bonne suée conduite par un harmonica furieux ; en face B Down Low assure la continuité, arrive à atteindre les deux minutes (plus une seule petite seconde…) et donne immédiatement envie de retourner le disque pour recommencer. Et ça tombe bien parce que des morceaux courts mais efficaces de cette trempe Jukebox Explosion en est bourré. A croire que les Jukebox series étaient une véritable mine d’or…
Il ne s‘agit pas que d’enregistrements antédiluviens de la part du Jon Spencer Blues Explosion (par exemple Get With It et Down Low ont été enregistrés pendant les mêmes sessions que l’album Now I Got Worry) mais certains masters ont semble t-il été perdus puisque le repiquage d’après les vinyles d’origine s’entend très bien -ces bons vieux craquements- ce qui donne une coloration encore plus brute au trash-a-billy garage punk du groupe. Les titres les plus anciens rappellent le bon vieux temps des premiers albums, jusqu’à Extra Width inclus, et cultivent ce savoureux paradoxe qui consiste à rendre datés les titres les plus récents : c’est dans la furie lo-fi d’une cave puante que Jon Spencer, Judah Bauer et Russels Simins étaient vraiment les meilleurs.
J’aime beaucoup aussi l’illustration d’un rouge criard et saturé de la pochette de ce disque qui montre nos trois gaillards en train de creuser une tombe, fossoyeurs des musiques mammouths des 90’s dont quelques noms emblématiques illustrent des pochettes de disques jetées au sol -une imagerie tellement galvaudée qu’elle ne fait même plus sourire. Mais ce n’est pas grave.