dimanche 30 décembre 2007

Filastine / Burn It

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De tous les disques publiés par Jarring Effects cette année -et ce label a publié un sacré paquet de bons trucs en 2007, à commencer par le Scorn (déjà évoqué ici) et Underground Wobble de High Tone qui dans le genre e-dub est une totale réussite (dont je finirais bien également par parler un jour…)- je crois que celui qui m’a le plus impressionné et que j’ai le plus écouté est l’album de Filastine, Burn It. Initialement publiée par Soot records en 2006, cette collection d’enregistrements venus du monde entier est le ravissement de tout amateur de mille-feuilles : glanés à droite et à gauche, les samples recueillis par Filastine évoquent aussi bien le Maghreb que le Brésil, les Balkans que le Moyen Orient ; les percussions elles aussi d’origines diverses viennent renforcer et enrichir des rythmes toujours très travaillés, complexes et denses mais irrésistibles ; nombre d’invités figurent également sur ce disque -et presque autant de langages différents : français, arabe, espagnol, anglais et quoi d’autre ?- ce qui fait que chaque titre à une coloration propre.
Cette coloration n’est jamais forcée puisque à chaque fois tous ces éléments complètement opposés se télescopent sans que la moindre sensation de collage ne surgisse -comme sur le très beau et le très prenant Crescent Occupation. Un titre repose toujours sur trois éléments maximum, tout le talent de Filastine consiste à les rendre parfaitement complémentaires, indissociables, inséparables mais il n’y a aucun simplisme ni aucune facilité ou ostentation dans son travail pas plus qu’il n’y a la moindre trace de présomption -DJ du monde entier, Filastine absorbe tout ce qui pour lui est un sujet de curiosité et produit une musique dont l’intégrité et les principes de fonctionnement (comme des lois organiques évoluant selon la matière sonore qu’elles sont supposées régir…) sont le ciment. Réussir à donner une homogénéité de ton a une telle diversité de sons, Burn It le réussit sans difficulté, avec une immédiateté et une fraîcheur imparable.
Militant politique (il va régulièrement perturber le G8 avec l’Infernal Noise Brigade, une battucada dantesque), Filastine est un infatigable globe-trotter et un curieux résolu : bloqué par les grèves de transport à Lyon après son passage au festival Riddim Collision, il aurait passé plusieurs jours à se balader avec son laptop pour éventuellement collecter des nouveaux sons -sa rencontre avec une scie musicale (instrument dont jusqu’ici il ignorait l’existence même) figurera peut être sur son prochain album…