dimanche 9 décembre 2007

Piouhgd + Widowermaker !

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Après quatre années d’interruption Latino Buggerveil reprend la réédition des albums des Butthole Surfers et c’est au tour de Piouhgd d’être relifté. C’est à la fois une très mauvaise et une très bonne nouvelle : Piouhgd (1990, sorti chez Rough Trade en Europe et chez Capitol aux US, faîtes vos jeux) est l’un des plus mauvais albums des Butthole Surfers -tellement mauvais que s’en est une énigme qui lui confère instantanément ce petit côté attachant que l’on donne aux bibelots achetés pendant sa jeunesse, ceux que plus tard on se plaira à exhiber sur un napperon en dentelle posé au dessus de la télé- mais cette nouvelle parution est agrémentée du EP Widowermaker! qui lui est l’un des meilleurs disques des psychopathes texans. Au total ça nous fait dix-sept chansons, une grosse heure de séance d’électrochocs et un disque qui démarre dans le navrant autoparodique et s’achève dans la plus complète désinvolture. Et en plus c’est une façon comme une autre de rendre à nouveau disponible un Widowermaker! absent depuis beaucoup trop longtemps des bacs de disques, détail qui en réalité est très loin d’en être un.
Un petit résumé de Piouhgd ? Pas vraiment facile de se faire -même après toutes ces années d’oubli- une idée convaincante de cet album. Le pire y côtoie l’atroce, le grotesque y concurrence l’inutile et le stupide y nique l’absurde. Peut être la faute à cette surproduction, les guitares démultipliées, le psychédélisme baveux -les Butthole Surfers avaient touché beaucoup de thunes pour faire l’enregistrement, ils comptaient bien tout dépenser et pas seulement en gnôle, en dope et en putes à l’arrière d’un pick-up flambant neuf. A noter aussi la country à répétition de Lonesome Bulldog (le chanteur Gibby Haynes aimant bien traire les vaches ; d’autres exemples de son talent d’artiste ici) et quelques fausses bonnes idées comme la reprise de The Hurdy Gurdy Man de Donovan, reprise qui pourtant faisait les beaux jours des étudiants batcave sur la piste de danse du Toy Club au début des années 90, enfin bref. Il y a aussi beaucoup de synthétiseurs sur ce disque, tellement trop que lorsque arrive Something -un rip off absolument parfait de Jesus & Mary Chain- c’en est presque une délivrance.












Passons donc au EP Widowermaker!, publié une année avant Piouhgd et tout aussi psychédélique et psychotique mais avec le gras en moins. En seulement quatre titres (dont le fabuleux Helicopter et le non moins excitant Booze, Tobacco, Dope, Pussy, Cars -je vous l’avais bien dit), les Butthole Surfers bottent le cul du monde entier et vomissent avec une réelle délectation sur toute forme de bon goût. Et je vomis avec eux.
Il ne reste plus qu’à espérer que Latino Buggerveil (en fait c’est le batteur qui s’occupe du label) n’attende pas quatre années de plus pour continuer les rééditions du reste du back catalogue des surfers proctologues, même si le plus gros -les années 83/89- a d’ores et déjà été fait. Manquent le superbe Double Live (1989), Independant Worm Saloon (1993), The Hole Truth And Nothing Butt (1995) et peut être aussi Electric Larryland (1996) pour terminer le sale boulot. On laissera tomber l’insipide Weird Revolution et on aura ainsi l’intégralité ou presque d’une discographie passionnante à nouveau disponible sur support -je dis ça, je dis rien mais tous les albums du groupe se trouvent tout de même très facilement et sans chercher beaucoup en mp3 quelque part dans le monde virtuel, hop deux ou trois petits extraits pour la route.