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Lotus Eaters, encore un groupe de métalleux qui ont vu la vierge. C’est la première réaction que j’ai eue en écoutant, fort distraitement, un album publié en 2007 par Troubleman Unlimited : Wurmwulv. Derrière ce groupe se cachent (mais pas très bien, on voit des oreilles pointues et des pieds fourchus qui dépassent) Stephen O’Malley, James Plotkin et Aaron Turner, du beau monde quoi, Lotus Eaters est comme qui dirait un super groupe -au sens seventies du terme, c'est-à-dire le mauvais sens…- et il fallait bien qu’un jour un de leurs disques parvienne jusqu’à moi par je ne sais quelle opération du saint esprit. Je n’ai jamais écouté Mind Control For Infants (chez Neurot) et, même si j’avais pu déjà collecter ici ou là quelques opinions parfois très tranchées sur ce groupe, la surprise a été complète avec Wurmwulv. Cinquante minutes de musique ambiante, transcendantale et gentiment indus qui ne ferait pas de mal à une mouche. Très loin de pouvoir concurrencer même le plus routinier et le plus académique des albums de Zoviet France.
Lotus Eaters, encore un groupe de métalleux qui ont vu la vierge. C’est la première réaction que j’ai eue en écoutant, fort distraitement, un album publié en 2007 par Troubleman Unlimited : Wurmwulv. Derrière ce groupe se cachent (mais pas très bien, on voit des oreilles pointues et des pieds fourchus qui dépassent) Stephen O’Malley, James Plotkin et Aaron Turner, du beau monde quoi, Lotus Eaters est comme qui dirait un super groupe -au sens seventies du terme, c'est-à-dire le mauvais sens…- et il fallait bien qu’un jour un de leurs disques parvienne jusqu’à moi par je ne sais quelle opération du saint esprit. Je n’ai jamais écouté Mind Control For Infants (chez Neurot) et, même si j’avais pu déjà collecter ici ou là quelques opinions parfois très tranchées sur ce groupe, la surprise a été complète avec Wurmwulv. Cinquante minutes de musique ambiante, transcendantale et gentiment indus qui ne ferait pas de mal à une mouche. Très loin de pouvoir concurrencer même le plus routinier et le plus académique des albums de Zoviet France.
Je ne sais pas pourquoi j’avais eu l’impression que ce disque avait une forte coloration zen/bouddha et tralala, la méditation par le bruit rampant, l’élévation de l’âme grâce à toujours plus d’expérimentation. Sûrement la faute aux premières minutes du premier titre, avec ces cloches/percussions qui résonnent, vibrent, ne paraissent même pas se répondre. Cette entrée en matière assez peu glorieuse fait craindre le pire pour tous ceux qui détestent voir le bien partout (le blanc immaculé c’est repoussant), comme si nos trois gaillards déambulaient en plein milieu des jardins du Ryoanji main dans la main avec le fantôme de John Cage. La suite est pourtant largement au dessus de cette intro en forme de jumelage pâturages de Bourgogne/hauts plateaux du Tibet avec des fréquences qui évoluent très lentement vers le bas (et non pas vers les graves) : des sons descensionnels en douce chute libre qui curieusement débouchent en pleine lumière, pour le coup une tentative d’apaisement, de plénitude enfouie, comme si le centre de la terre était le seul endroit où aller. Une petite demi-heure vient de s’écouler.
Passons rapidement sur le deuxième titre, court de quelques cinq minutes et qui n’est rien d’autre qu’un interlude vaguement bruitiste : on en profite pour balayer la cuisine et jeter la poubelle dans le vide-ordures, les boites de conserve qui résonnent dans le conduit d’acier dévalant la monté d’escalier font un joli tintamarre qui s’accommode parfaitement avec les piètres efforts alors déployés par Lotus Eaters.
Reste un quart d’heure et un dernier titre. Celui-ci commence là où le premier s’était arrêté, c'est-à-dire profondément enfoui sous des couches épaisses d’un silence bourdonnant plutôt apaisant sauf que cette fois l’auditeur a très nettement la tête sous l’eau : c’est un monde subtilement aquatique qui se révèle, à peine troublé par quelques grincements de cordes et quelques grincements d’origine inconnue, et la descente reprend, toujours plus profondément, jusqu’à l’air libre (une poche d’air coincée depuis une éternité ?), des voix enfin, une lumière crue et une odeur d’encens un peu écoeurante. A nouveau un jardin qui semble familier. Finalement, Wurmwulv n’évite que de justesse la musique d’ambiance de magasin de bricolage zen et de gadgets bio-équitables pour cadres supérieurs alter mondialistes. Cela aurait pu être bien pire mais il y a fort à parier que dans quelques années les gentilles expériences sonores de Lotus Eaters prêteront à sourire.