mercredi 5 décembre 2007

Red Crayola (mais sans Jim O'Rourke)

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Un nouvel album de The Red Crayola est toujours une bonne nouvelle puisque cela implique de retrouver la musique subtilement tordue et le jeu de guitare si particulier de Mayo Thompson, le démiurge plénipotentiaire du groupe. Ainsi le label Drag City a publié au mois de septembre Sighs Trapped By Lights, une collaboration entre Red Crayola et Art & Language, un collectif dont les buts et motivations m’ont toujours quelque peu échappé mais ce n’est pas très grave parce que ce n’est pas la première fois que ces deux là copulent ensemble depuis le début des années 70 et les résultats obtenus ont souvent été à la hauteur.
C’est Jim O'Rourke qui, à nouveau, a joué les bons offices -avec pas mal de ses petits camarades post quelque chose de Chicago (dont John McEntire de Tortoise que l’on retrouve également sur Sighs Trapped By Lights) il est en partie responsable de la résurrection de Red Crayola au cours des années 90- mais, honnêtement, je suis au regret d’affirmer que, comme souvent, le principal talent d’O’Rourke c’est de transformer tout ce qu’il touche en tas de merde. On sait que depuis The Parable Of Arable Land en 1967 The Red Crayola a embrassé moult styles différents -pour s’en persuader l’écoute de l’excellente compilation de singles (Drag City, 2004) est nécessaire et quasiment suffisante- mais le visage présenté par Sighs Trapped By Lights est très loin de me combler. Dans le meilleur des cas on a affaire à du Velvet Underground circa 1968/69 (le troisième album des new-yorkais) et au pire il s’agit de pop vaguement bossa/jazzy et neurasthénique, au secours. Si j’ajoute à cela que Mayo Thompson ne chante pas sur ce disque -les voix sont assurées par Elisa Randazzo de Fairechild et Sandy Yang (?)- et qu’il faut vraiment tendre l’oreille pour l’entendre jouer de la guitare, je crois que j’ai à peu près tout dit sur mon état de déception intense. Sighs Trapped By Lights ne peut ravir que les amateurs de pop gracile et racée (dont je ne fais pas partie, haha) et pour tout dire je préfèrerais presque me taper l’intégrale de Stereolab au casque.














Lot de consolation, Drag City a aussi réédité en avril 2007 Soldier-Talk, un album de The Red Crayola à l’origine publié en 1979. Ce disque est également une collaboration puisque on y trouve tous les membres d’alors de Pere Ubu, il y a même un très beau duo avec le (déjà) gros David Thomas, le tout sur la chanson éponyme qui pour l’occasion et pour accueillir tout le monde atteint les sept minutes. Et là, c’est tout simplement autre chose. Cela reste subtil et inclassable (quoique… entre dadaïsme et post punk ?) mais jamais obscur juste pour le plaisir de l’être. C’est très arty dans l’esprit, joyeusement dissonant et bancal, d’une violence assez crue et émouvante, c’est tout le Red Crayola que je préfère. Et de très loin.
Au passage, je n’avais jamais remarqué jusqu’ici à quel point les intonations, inflexions et tics de chant de Mayo Thompson avaient peut être pu influencer Theo Hakola (celui d’Orchestre Rouge). Du moins c’est ce que je comprends à l’écoute de Soldier-Talk et c’est une filiation qui n’est pas plus bête qu’une autre. Je sens que cela va me faire une bonne occasion de déblatérer un peu sur Orchestre Rouge dans les jours prochains.