vendredi 1 mars 2013

The K. / My Flesh Reveals Millions Of Souls




The K. – avec un point, c’est très important – est un trio de rock très énervé originaire de Belgique. J’hésite à employer les sacro-saints termes de « noise rock » mais peut-être que je devrais quand même le faire : The K. est un groupe qui ne rigole ni avec les guitares, ni avec la rythmique et encore moins avec le chant. C’est du sévèrement burné dont on vous parle ici, du puissamment charpenté et du vindicatif qui reluque c’est vrai du côté de quelques vieilleries (le groupe aime citer Jesus Lizard mais de rajouter aussitôt McLusky, groupe qui en plus d’être britannique (gallois !) était un groupe à guitares assez atypique à défaut d’avoir servi de maitre étalon comme ses illustres camarades chicagoans).
The K. est ainsi une formation aussi classique qu’hors catégorie : des comme ça, qui savent composer des chansons – même si ça braille constamment on peut effectivement parler de chansons – qui se tiennent sans avoir recours à des effets dignes d’un musicien de jazz frustré ou des artifices tout juste bons pour un hardcoreux trop malheureux et en colère, on n’en croise pas tous les jours… Non, The K. c’est une denrée rare et c’est vraiment que du basique mais du basique vraiment bien torché, pensé juste ce qu’il faut, instinctif sans avoir à se justifier de quoi que ce soit, absolument pas conceptuel et bon comme une petite fuckerie à l’improviste sous la table de la cuisine. Du rock’n’roll, point barre.
Essayer My Flesh Reveal Millions Of Souls c’est donc l’adopter aussitôt ; cet album est truffé de tubes chauds comme la braise et on ne compte pas le nombre de singles que The K. aurait pu publier à la suite, comme ça, juste pour le plaisir d’aligner les rondelles (on citera rien que le titre d’ouverture Bald Woman – un fantasme comme un autre – et ses hayaya yaya spectaculaires mais The K. a préféré mettre en images Essential Chippendale).
Il y a autre chose d’assez inhabituel avec The K., c’est le chant. Non seulement on comprend tout ou presque de ce que raconte le chanteur/guitariste – « my cock is yours », bravo les gars – mais en plus ce chant, distinct et fier comme une érection matinale (donc) est placé très en avant dans le mix ; c’est pour ça que l’on a parlé de chansons à propos des onze compositions de My Flesh Reveal Millions Of Souls parce que oui, pour chanter ça chante velu et surtout pour de vrai, avec une arrogance et un aplomb que l’on apprécie dans ce cas précis alors que d’habitude il nous donnerait plutôt des boutons d’urticaire. Le vrai, c’est sans doute ce qui résume le mieux la musique de The K. A suivre absolument.

[My Flesh Reveal Millions Of Souls est publié en CD – avec une illustration de pochette en décalage certain avec le contenu du disque – par Jaune Orange]