The K. – avec un
point, c’est très important – est un trio de rock très énervé originaire de
Belgique. J’hésite à employer les sacro-saints termes de « noise
rock » mais peut-être que je devrais quand même le faire : The K. est
un groupe qui ne rigole ni avec les guitares, ni avec la rythmique et encore
moins avec le chant. C’est du sévèrement burné dont on vous parle ici, du
puissamment charpenté et du vindicatif qui reluque c’est vrai du côté de
quelques vieilleries (le groupe aime citer Jesus Lizard mais de rajouter aussitôt
McLusky, groupe qui en plus d’être britannique (gallois !) était un groupe
à guitares assez atypique à défaut d’avoir servi de maitre étalon comme ses
illustres camarades chicagoans).
The K. est ainsi une formation aussi classique
qu’hors catégorie : des comme ça, qui savent composer des chansons – même si ça
braille constamment on peut effectivement parler de chansons – qui se tiennent
sans avoir recours à des effets dignes d’un musicien de jazz frustré ou des
artifices tout juste bons pour un hardcoreux trop malheureux et en colère, on
n’en croise pas tous les jours… Non, The K. c’est une denrée rare et c’est
vraiment que du basique mais du basique vraiment bien torché, pensé juste ce
qu’il faut, instinctif sans avoir à se justifier de quoi que ce soit,
absolument pas conceptuel et bon comme une petite fuckerie à l’improviste sous
la table de la cuisine. Du rock’n’roll, point barre.
Essayer My
Flesh Reveal Millions Of Souls c’est donc l’adopter aussitôt ; cet album
est truffé de tubes chauds comme la braise et on ne compte pas le nombre de
singles que The K. aurait pu publier à la suite, comme ça, juste pour le
plaisir d’aligner les rondelles (on citera rien que le titre d’ouverture Bald Woman – un fantasme comme un autre
– et ses hayaya yaya spectaculaires mais The K. a préféré mettre en images Essential Chippendale).
Il y a autre chose d’assez inhabituel avec The K.,
c’est le chant. Non seulement on comprend tout ou presque de ce que raconte le
chanteur/guitariste – « my cock is yours », bravo les gars – mais en
plus ce chant, distinct et fier comme une érection matinale (donc) est placé
très en avant dans le mix ; c’est pour ça que l’on a parlé de chansons à
propos des onze compositions de My Flesh
Reveal Millions Of Souls parce que oui, pour chanter ça chante velu et
surtout pour de vrai, avec une arrogance et un aplomb que l’on apprécie dans ce
cas précis alors que d’habitude il nous donnerait plutôt des boutons d’urticaire.
Le vrai, c’est sans doute ce qui résume le mieux la musique de The K. A suivre
absolument.
[My Flesh Reveal Millions Of Souls est publié en CD – avec une
illustration de pochette en décalage certain avec le contenu du disque – par Jaune Orange]