mercredi 13 mars 2013

Report : Alabaster et Le Réveil Des Tropiques au Trokson - 06/03/2013



 

Continuons donc de varier les plaisirs mais pas trop non plus, remontons de quelques dizaines de mètres seulement sur les pentes de la Croix-Rousse pour changer de bar et de cave et assister à un concert proposant deux groupes du désormais éminent label/mailorder parisien Music Fear Satan : Alabaster et Le Réveil Des Tropiques sont à l’affiche ce soir et même le PDG de cette petite entreprise phonographique a fait le déplacement depuis la capitale pour surveiller au plus près ses deux poulains.
Il y a donc du monde qui se bouscule devant le Trokson et qui s’entasse dans sa cave, c’est sûrement plus facile quand on a battu le rappel auprès de tous les copains mais surtout ce concert est gratuit ; en tant que spectateur et amateur de concerts je ne peux que me réjouir d’une telle initiative qui en fait est due à la volonté du taulier général : celui-ci programme les groupes qu’il veut au Trokson et s’engage à payer les cachets demandés par ceux-ci, tout ça dans l’optique complètement idéaliste de faire découvrir des groupes à des gens qui potentiellement n’en auraient rien à foutre de la différence en matière de musique(s) – un exemple à suivre, assurément.




ALABASTER revient d’une petite tournée de cinq jours en compagnie de Neige Morte – les deux formations partagent le même chanteur –, une tournée qui aura permis à Alabaster de fêter dignement la parution de son tout premier disque, un 10 pouces de cinq titres. Le line-up est on ne peut plus basique (du chant, de la guitare, de la basse et de la batterie) et la formule musicale est tout aussi simple : retour direct vers les 90’s et son hardcore noise tendance lourd, rampant et puissant.
Ce qui est bien avec un groupe qui vient d’effectuer quelques dates c’est qu’il est tout chaud comme il faut, bien motivé et remonté à bloc mais qu’il n’est pas encore suffisamment fatigué pour s’écrouler comme un sportif en rupture de testostérone ou pour se contenter de jouer avec ses automatismes. C’est précisément ce soir le cas d’Alabaster : les boys sont nerveux et saillants, ils en veulent, ils mordraient presque et le concert est bien furieux, malgré un son malheureusement  trop approximatif (pour rester poli)…  trop d’aigus et vraiment pas assez de basses, le chant et la basse justement souffrant beaucoup de ce déséquilibre. Qu’importe, les quatre Alabaster prennent un peu plus d’ampleur à chaque concert que je vois d’eux et c’est bien là le principal.




Quand on a autant aimé un disque on ne peut décemment pas faire l’impasse lorsque se présente enfin  l’occasion de voir en concert le groupe qui a enregistré le disque en question : cette date lyonnaise est la première de la tournée du RÉVEIL DES TROPIQUES et, pense-t-on, c’est un peu une bénédiction tombée du ciel et l’assurance d’assister à un moment fort… Excès de confiance ? Angélisme ? Aveuglement ? Complaisance ? Mais pas du tout : Le Réveil Des Tropiques s’est rapidement révélé à la hauteur de son album (enregistré lors de sessions d’improvisations live, rappelons-le).
On note malgré tout quelques différences : ils ne sont que quatre sur scène et les guitares sont encore plus présentes, au détriment de toute la partie synthétiseurs/bidouilles/thérémine/etc. Sur le moment je trouve ça un peu dommage mais le groupe s’en sort plus que bien, alternant sans aucun effet de monotonie passages calmes/planants et montées supersoniques et psychédéliques. Ce qui par contre ne change pas c’est la prépondérance et le rôle moteur de la basse ; c’est elle qui lance les idées, c’est elle qui relance la machine – comme ce magnifique plan dub bien alourdi – et qui mène la danse. Ajoutons que la batterie ne s’encombre jamais de coquetteries inutiles et donne encore plus de puissance à l’ensemble.
Le Réveil Des Tropiques aligne ainsi des moments de pure fulgurance tout en préservant son côté hypnotique et kraut : effectivement, Can n’est jamais très loin, Sonic Youth non plus d’ailleurs et le groupe évite avec succès l’écueil de la démagogie instrumentale/tournerie post rock… le public en profite pour réclamer et obtenir un dernier titre en rappel, ce qui pour une ville comme Lyon est en soi un évènement à marquer d’une croix sur le calendrier.  Nous étions donc le 6 mars 2013.

[quelques photos du concert]