jeudi 7 mars 2013

Horseback & Locrian / New Dominions




Il fallait bien que cela arrive un jour et que les chemins de HORSEBACK et de LOCRIAN se croisent enfin ; car les deux groupes ont suffisamment de points communs et marchent souvent sur les mêmes platebandes : New Dominions est, pense-t-on, un disque un peu arrangé sur les bords avec aux commandes deux groupes qui ont déjà engrangé nombre de collaborations par ailleurs (avec les affreux Pyramids pour Horseback et surtout avec Century Plant, Mamifer et Christoph Heemann pour Locrian).
Quand on parle de disque un peu arrangé c’est pour signifier que New Dominions a déjà été publié dans une première version, en vinyle uniquement, sur Utech records et en 2011. Le 12’ de cette première version n’était gravé que sur une seule face et ne comportait que deux titres : Oblivions Eaters de Horseback et In The Absence Of Light de Locrian que l’on retrouve évidemment sur la réédition 2012 et en CD chez Relapse. Pour rendre la chose un peu plus attractive le label américain a boosté ce qui n’était au départ qu’un mini album pour lui donner des airs de long format avec l’ajout de deux titres enregistrés cette fois par Horseback et Locrian ensemble – The Gift et Our Epitaph – plus un remix de l’un de ces deux inédits par James Plotkin (également responsable du mastering du disque).
Encore une fois avec Relapse on a d’abord l’impression de se retrouver confronter avec un produit fini, pensé, conceptualisé et non pas avec un disque de musique et il faut passer outre son sentiment de défiance (d’aversion ?) avant de se lancer dans l’écoute d’un disque dont le côté expérimental est à prendre avec des pincettes : est-ce qu’il suffit de produire des bruits bizarres, de détourner quelques gimmicks typiques du black metal et d’ajouter un rythme vaguement tribal pour engendrer une musique intéressante ? On vous laissera juge mais ici on a tendance à penser que non ; souvent New Dominions donne le sentiment d’une artificialité très à la mode chez les métalleux barbus mais aussi à lunettes et à mèche.
Si on sauve cet album de l’anecdotique c’est grâce à la présence de Our Epitaph, long titre littéralement obsédant avec ses deux notes de piano et ce chant de fantôme invertébré perdu dans le fond du mix – oui Our Epitaph ressemble à une vieillerie cold d’un groupe oublié et c’est sans doute pour cette raison que l’on aime cette ode à la froideur, même lorsque l’entêtement de la répétition vient s’incruster dans la partie (la répétition – à ne pas confondre avec le minimalisme – c’est un peu le péché mignon des musiciens qui ne savent plus comment trouver de bonnes idées pour avoir l’air intéressants et bizarres à la fois). Les guitares dominent bellement sur toute cette dernière partie répétitive, des guitares qui murmurent d’une colère mélancolique et lancent comme un appel contre le vide.
Rien de particulier à ajouter au sujet de Oblivion Eaters sur lequel Jenks Miller/Horseback reste dans son registre habituel entre drone shoegaze et black zenifié ; sur In The Absence Of Light les trois Locrian lorgnent du côté d’un Sunn O))) maladroit copulant avec des moines tibétains, le résultat ne ressemble ni à un semblant de frisson tellurique ni à une révélation cosmique (comique ?). Quant au remix de The Gift par James Plotkin, l’ex-Khanate arrive à rendre ce titre un peu plus intéressant que sa version originale, ce qui n’était guère difficile, répétons-le encore une fois. Merci James.