Il fallait bien que cela arrive un jour et que les
chemins de HORSEBACK et de LOCRIAN se croisent enfin ; car les deux
groupes ont suffisamment de points communs et marchent souvent sur les mêmes
platebandes : New Dominions est,
pense-t-on, un disque un peu arrangé sur les bords avec aux commandes deux
groupes qui ont déjà engrangé nombre de collaborations par ailleurs (avec les
affreux Pyramids pour Horseback et surtout avec Century Plant, Mamifer et
Christoph Heemann pour Locrian).
Quand on parle de disque un peu arrangé c’est pour
signifier que New Dominions a déjà été publié dans
une première version, en vinyle uniquement, sur Utech records et en 2011. Le
12’ de cette première version n’était gravé que sur une seule face et ne
comportait que deux titres : Oblivions
Eaters de Horseback et In The Absence
Of Light de Locrian que l’on retrouve évidemment sur la réédition 2012 et
en CD chez Relapse. Pour rendre la chose
un peu plus attractive le label américain a boosté ce qui n’était au départ
qu’un mini album pour lui donner des airs de long format avec l’ajout de deux
titres enregistrés cette fois par Horseback et Locrian ensemble – The Gift et Our Epitaph – plus un remix de l’un de ces deux inédits par James
Plotkin (également responsable du mastering du disque).
Encore une fois avec Relapse on a d’abord
l’impression de se retrouver confronter avec un produit fini, pensé,
conceptualisé et non pas avec un disque de musique et il faut passer outre son
sentiment de défiance (d’aversion ?) avant de se lancer dans l’écoute d’un
disque dont le côté expérimental est à prendre avec des pincettes : est-ce
qu’il suffit de produire des bruits bizarres, de détourner quelques gimmicks
typiques du black metal et d’ajouter un rythme vaguement tribal pour engendrer
une musique intéressante ? On vous laissera juge mais ici on a tendance à
penser que non ; souvent New
Dominions donne le sentiment d’une artificialité très à la mode chez les métalleux
barbus mais aussi à lunettes et à mèche.
Si on sauve cet album de l’anecdotique c’est grâce
à la présence de Our Epitaph, long titre
littéralement obsédant avec ses deux notes de piano et ce chant de fantôme
invertébré perdu dans le fond du mix – oui Our
Epitaph ressemble à une vieillerie cold d’un groupe oublié et c’est sans
doute pour cette raison que l’on aime cette ode à la froideur, même lorsque
l’entêtement de la répétition vient s’incruster dans la partie (la répétition – à
ne pas confondre avec le minimalisme – c’est un peu le péché mignon des
musiciens qui ne savent plus comment trouver de bonnes idées pour avoir l’air
intéressants et bizarres à la fois). Les guitares dominent bellement sur toute
cette dernière partie répétitive, des guitares qui murmurent d’une colère
mélancolique et lancent comme un appel contre le vide.
Rien de particulier à ajouter au sujet de Oblivion Eaters sur lequel Jenks
Miller/Horseback reste dans son registre habituel entre drone shoegaze et black
zenifié ; sur In The Absence Of
Light les trois Locrian lorgnent du côté d’un Sunn O))) maladroit copulant
avec des moines tibétains, le résultat ne ressemble ni à un semblant de frisson
tellurique ni à une révélation cosmique (comique ?). Quant au remix de The Gift par James Plotkin, l’ex-Khanate
arrive à rendre ce titre un peu plus intéressant que sa version originale, ce
qui n’était guère difficile, répétons-le encore une fois. Merci James.