Hymns est
le dernier album studio officiel de GODFLESH,
initialement publié en 2001 par Music For Nations, quelques mois à peine avant
que GC Green ne quitte le groupe – ce qui finira, au printemps 2002, par
entrainer la dissolution définitive de celui-ci par un Justin Broadrick
complètement déprimé et incapable d’assurer physiquement et psychologiquement
une tournée américaine qui s’annonçait pourtant plus que prometteuse.
Aujourd’hui réédité en grandes pompes (en format digipak,
avec un petit remastering et surtout avec un second CD comprenant sept bonus), Hymns est aussi un disque mal-aimé :
beaucoup trop long et beaucoup trop produit ont affirmé les fans à l’époque et
il est vrai qu’à la réécoute Hymns
souffre toujours de ces défauts-là. Il y a pourtant de bonnes compositions mais
– et c’est un comble pour un groupe dont le nom avait depuis toujours été
synonyme de puissance et d’ampleur – les titres ont trop souvent cette tendance
à s’essouffler, ne tiennent pas toutes leurs promesses, certains riffs sentent
le réchauffé, la basse est définitivement sous-mixée, le son de la guitare
lorgne trop du côté d’un Prong neurasthénique…
… Pourtant Hymns
est intéressant et ce pour plus d’une raison. Premièrement, le duo de base est
ici devenu trio et Godflesh comprend donc dans ses rangs le batteur Ted Parsons
(Swans, Prong...) ; l’association avec un batteur de chair et de sang
aurait pu être une expérience réellement positive – elle l’était lors des
concerts, notamment grâce à l’interactivité/échanges entre batteur et machines
– si, encore une fois, la production trop lisse d’Hymns n’avait pas aussi peu mis en valeur la frappe pourtant
spectaculaire de Parsons.
Deuxièmement, Hymns
est un disque varié à l’extrême, piochant dans beaucoup d’époques et d’aspects
différents de la musique de Godflesh (à l’exception de la période Selfless), en témoignent Tyrant ou Antihuman qui n’auraient pas dépareillé sur Songs Of Love And Hate ou Defeated
qui donne l’illusion de retrouver quelque accents à la Streetcleaner. Mais le plus important est que sur Hymns on découvre également quelques
pistes que Justin Broadrick approfondira plus tard avec son nouveau projet, Jesu :
Jesu est précisément le dernier titre
d’Hymns et après celui-ci et une
minute ou deux de silence apparait un ghost track qui est en quelque sorte le
maitre-étalon du metal shoegaze pleurnichard de Jesu. On aime ou on n’aime pas
mais, avec le recul des années, c’est encore plus flagrant.
Hymns
reste donc un album testamentaire imparfait et finalement frustrant de
Godflesh ; l’intérêt de cette réédition 2013 vient du deuxième disque qui
propose sept titres issus des démos d’Hymns :
on découvre alors ce que ce dernier enregistrement aurait pu être, tout
simplement parce que ces sept inédits enfoncent tout – le son, bien qu’imparfait,
a nettement plus de carnation et de profondeur que celui des sessions
officielles de l’album et ces versions exaltent enfin un parfum de lourdeur et
de noirceur.
Il n’empêche que l’on peut légitimement se demander
quels impératifs président depuis deux ou trois ans aux rééditions successives de
tous les albums de Godflesh : Hymns
est seulement le deuxième disque du groupe a être réédité avec des bonus
conséquents alors que la plupart des autres disques de Godflesh sont plus
simplement combinés entre eux – par exemple le combo Pure/Slavestate/Cold World – et alors que le 15 mars dernier
une réédition combinée du premier album éponyme, de Selfless et de Us And Them
a vu le jour … or s’il y a bien des albums de Godflesh qui auraient mérité un
traitement de faveur et être réédités en version deluxe/je sais pas quoi/avec
plein de bonus, démos ou titres live ce sont bien Pure, Selfless et Us And Them…