samedi 23 mars 2013

Godflesh / Hymns




Hymns est le dernier album studio officiel de GODFLESH, initialement publié en 2001 par Music For Nations, quelques mois à peine avant que GC Green ne quitte le groupe – ce qui finira, au printemps 2002, par entrainer la dissolution définitive de celui-ci par un Justin Broadrick complètement déprimé et incapable d’assurer physiquement et psychologiquement une tournée américaine qui s’annonçait pourtant plus que prometteuse.
Aujourd’hui réédité en grandes pompes (en format digipak, avec un petit remastering et surtout avec un second CD comprenant sept bonus), Hymns est aussi un disque mal-aimé : beaucoup trop long et beaucoup trop produit ont affirmé les fans à l’époque et il est vrai qu’à la réécoute Hymns souffre toujours de ces défauts-là. Il y a pourtant de bonnes compositions mais – et c’est un comble pour un groupe dont le nom avait depuis toujours été synonyme de puissance et d’ampleur – les titres ont trop souvent cette tendance à s’essouffler, ne tiennent pas toutes leurs promesses, certains riffs sentent le réchauffé, la basse est définitivement sous-mixée, le son de la guitare lorgne trop du côté d’un Prong neurasthénique…
… Pourtant Hymns est intéressant et ce pour plus d’une raison. Premièrement, le duo de base est ici devenu trio et Godflesh comprend donc dans ses rangs le batteur Ted Parsons (Swans, Prong...) ; l’association avec un batteur de chair et de sang aurait pu être une expérience réellement positive – elle l’était lors des concerts, notamment grâce à l’interactivité/échanges entre batteur et machines – si, encore une fois, la production trop lisse d’Hymns n’avait pas aussi peu mis en valeur la frappe pourtant spectaculaire de Parsons.
Deuxièmement, Hymns est un disque varié à l’extrême, piochant dans beaucoup d’époques et d’aspects différents de la musique de Godflesh (à l’exception de la période Selfless), en témoignent Tyrant ou Antihuman qui n’auraient pas dépareillé sur Songs Of Love And Hate ou Defeated qui donne l’illusion de retrouver quelque accents à la Streetcleaner. Mais le plus important est que sur Hymns on découvre également quelques pistes que Justin Broadrick approfondira plus tard avec son nouveau projet, Jesu : Jesu est précisément le dernier titre d’Hymns et après celui-ci et une minute ou deux de silence apparait un ghost track qui est en quelque sorte le maitre-étalon du metal shoegaze pleurnichard de Jesu. On aime ou on n’aime pas mais, avec le recul des années, c’est encore plus flagrant.
Hymns reste donc un album testamentaire imparfait et finalement frustrant de Godflesh ; l’intérêt de cette réédition 2013 vient du deuxième disque qui propose sept titres issus des démos d’Hymns : on découvre alors ce que ce dernier enregistrement aurait pu être, tout simplement parce que ces sept inédits enfoncent tout – le son, bien qu’imparfait, a nettement plus de carnation et de profondeur que celui des sessions officielles de l’album et ces versions exaltent enfin un parfum de lourdeur et de noirceur.
Il n’empêche que l’on peut légitimement se demander quels impératifs président depuis deux ou trois ans aux rééditions successives de tous les albums de Godflesh : Hymns est seulement le deuxième disque du groupe a être réédité avec des bonus conséquents alors que la plupart des autres disques de Godflesh sont plus simplement combinés entre eux – par exemple le combo Pure/Slavestate/Cold World – et alors que le 15 mars dernier une réédition combinée du premier album éponyme, de Selfless et de Us And Them a vu le jour … or s’il y a bien des albums de Godflesh qui auraient mérité un traitement de faveur et être réédités en version deluxe/je sais pas quoi/avec plein de bonus, démos ou titres live ce sont bien Pure, Selfless et Us And Them