Encore des types sortis de nulle part et dégottés
par Throatruiner records pour notre plus grand plaisir : PRIMITIVE MAN c’est le nom du groupe et
Scorn c’est le nom de ce premier
album. Bon, mes indicateurs m’informent discrètement que Primtive Man est un
trio américain et que dedans on trouve des bouts de Clinging To The Trees Of A
Forest Fire (CTTTOAFF pour
les intimes), un groupe qui ne faisait déjà pas dans la dentelle mais plutôt du
côté de grind de la force obscure.
Primitive Man non plus ne s’embarrasse pas de
détails et de trop de finesse, les seules choses qui semblent compter aux yeux
de ces trois gaillards c’est que leur musique sente vraiment mauvais – voire
qu’elle pue la mort, comme un rat crevé et enfoncé dans le trou du cul d’un
cadavre abandonné dans une cave depuis quelque semaines –, qu’elle soit la plus
lourde possible, la plus grasse possible également (bien sûr !) et qu’elle
soit émaillée d’accélérations peu scrupuleuses et un peu approximatives,
tendance charges de pachydermes poilus et gavés de speed dans une morne plaine
dévastée. Tout un programme qui n’a rien d’original et qui fera illico
rebrousser chemin aux amateurs de guitares dentelières, aux pacificateurs de l’harmonie
pour tous, aux esthètes du metal gay friendly et j’en passe.
Non, Primitive Man ce n’est pas le truc le plus
novateur du moment, ni même le plus bandant mais Scorn vaut largement son pesant de têtes coupées à la tronçonneuse
et d’enfants violés avec le canon d’un fusil de chasse. On n’ira pas beaucoup
plus loin dans le descriptif d’un metal bien gras, bien épais et bien nauséeux
mais on lui refusera toutefois les qualificatifs trop précis de sludge – pas
assez de grésillements grassouillets ici – ou ceux tout aussi normatifs de doom
– parce que pas assez de lyrisme satanique non plus. Primitive Man choisit une
troisième voie, un peu trop proprette question mise en pli et niveau de production,
celle d’un hardcore métallisé, simple et lourd. Point barre. Scorn n’est pas un cauchemar ambulant, Scorn n’est pas un appel au meurtre, Scorn n’est pas un chef d’œuvre de neo
blackened sludge (j’adore cette étiquette ridicule, sans doute imaginée par un
branleur métallurgiste qui a déjà passé beaucoup trop de temps à classer sa
discothèque)… Scorn est un bon disque
de metal, assez confortablement sauvage et vicieux mais suffisamment barré pour
qu’on l’écoute avec plaisir, sans se faire des films ni avoir mal à la tête. Et
c’est bien là le principal.
[Scorn est
publié en LP de ce côté-ci de l’Atlantique par le français Throatruiner records et le
britannique Mordgrimm records]