vendredi 29 mars 2013

Primitive Man / Scorn




Encore des types sortis de nulle part et dégottés par Throatruiner records pour notre plus grand plaisir : PRIMITIVE MAN c’est le nom du groupe et Scorn c’est le nom de ce premier album. Bon, mes indicateurs m’informent discrètement que Primtive Man est un trio américain et que dedans on trouve des bouts de Clinging To The Trees Of A Forest Fire (CTTTOAFF pour les intimes), un groupe qui ne faisait déjà pas dans la dentelle mais plutôt du côté de grind de la force obscure.
Primitive Man non plus ne s’embarrasse pas de détails et de trop de finesse, les seules choses qui semblent compter aux yeux de ces trois gaillards c’est que leur musique sente vraiment mauvais – voire qu’elle pue la mort, comme un rat crevé et enfoncé dans le trou du cul d’un cadavre abandonné dans une cave depuis quelque semaines –, qu’elle soit la plus lourde possible, la plus grasse possible également (bien sûr !) et qu’elle soit émaillée d’accélérations peu scrupuleuses et un peu approximatives, tendance charges de pachydermes poilus et gavés de speed dans une morne plaine dévastée. Tout un programme qui n’a rien d’original et qui fera illico rebrousser chemin aux amateurs de guitares dentelières, aux pacificateurs de l’harmonie pour tous, aux esthètes du metal gay friendly et j’en passe.
Non, Primitive Man ce n’est pas le truc le plus novateur du moment, ni même le plus bandant mais Scorn vaut largement son pesant de têtes coupées à la tronçonneuse et d’enfants violés avec le canon d’un fusil de chasse. On n’ira pas beaucoup plus loin dans le descriptif d’un metal bien gras, bien épais et bien nauséeux mais on lui refusera toutefois les qualificatifs trop précis de sludge – pas assez de grésillements grassouillets ici – ou ceux tout aussi normatifs de doom – parce que pas assez de lyrisme satanique non plus. Primitive Man choisit une troisième voie, un peu trop proprette question mise en pli et niveau de production, celle d’un hardcore métallisé, simple et lourd. Point barre. Scorn n’est pas un cauchemar ambulant, Scorn n’est pas un appel au meurtre, Scorn n’est pas un chef d’œuvre de neo blackened sludge (j’adore cette étiquette ridicule, sans doute imaginée par un branleur métallurgiste qui a déjà passé beaucoup trop de temps à classer sa discothèque)… Scorn est un bon disque de metal, assez confortablement sauvage et vicieux mais suffisamment barré pour qu’on l’écoute avec plaisir, sans se faire des films ni avoir mal à la tête. Et c’est bien là le principal.

[Scorn est publié en LP de ce côté-ci de l’Atlantique par le français Throatruiner records et le britannique Mordgrimm records]