Pile ou face ? Comme je n’ai pas très envie de
lancer ce disque en l’air pour voir de quel côté il va retomber et donc quel
groupe écouter en premier je choisis lâchement de d’abord faire semblant de
m’intéresser à la face occupée par La
Bourse Ou La Vie d’AUSSITÔT MORT
qui est un groupe que je n’ai jamais vraiment aimé. Personne n’est parfait et
je n’ai jamais pu supporter le chant en français – sauf lorsqu’on ne comprend
pas ce qui se raconte (éternel exemple : La Mâchoire) ou lorsque ce qui se
raconte est vraiment dégueulasse (autre exemple, tout aussi éternel :
Glu). Pour tout le reste, ça ne passe pas, c’est mon côté réactionnaire qui
vous parle.
Lequel côté me fait de toute façon également détester
l’emo-core et ce genre d’éternelles adolescenteries… Je reconnais toutefois que
sur la longueur limité d’un 7 pouces la musique d’Aussitôt Mort passe à peu
près la rampe, que tout ça est extrêmement bien foutu, même pas le temps de trop
bailler aux corneilles, juste celui de siffler une bière avant de retourner la
galette pour écouter l’autre face et l’autre groupe.
L’autre groupe en question s’appelle THE CATALYST, un combo américain originaire
de Virginie et que par contre j’adore. Petite surprise, les deux titres de The
Catalyst ont été enregistrés avec l’ancien line-up du groupe c'est-à-dire avec
le guitariste et batteur Jamie Faulstich. Thumbsucker
est pourtant une bonne petite bourrinade qui aurait dépareillé en rien sur Voyager, le dernier album en date du
groupe. Et moi qui croyais que le départ de Jamie était précisément la cause
principale de l’intensification métallique de Voyager… Heureusement Our
Science Is Too Tight me donne enfin raison, The Catalyst y mâtinant son
hardcore noise d’une couche insidieuse de psychédélisme rampant – enfin, tout
est relatif, hein, parce que ce « psychédélisme » là a plutôt à voir
avec la torture sonique d’un Today Is The Day de l’époque Supernova/Willpower. On
reste donc entre gens civilisés et de bon goût et surtout entre noiseux ;
les petits gars de The Catalyst prouvent une nouvelle fois avec ces deux titres
furieux et étincelants qu’ils sont l’un des secrets les mieux gardés en matière
de musique qui défouraille et qui fait pleurer les enfants. Allez, pour la
peine je réécoute une dernière fois La
Bourse Ou La Vie et qu’on n’en parle plus.
Ce split démontrant la suprématie indéniable du hardcore noise sur toutes autres formes de groupes à guitares plus ou moins énervées a été gravé dans un
vinyle vert (tendance Malabar à la menthe), légèrement marbré sur les bords et
emballé dans une pochette doté d’un artwork sombre mais très réussi et qui se
déplie en trois volets (il y a des choses à lire à l’intérieur). Trois labels
se sont ruinés pour parvenir à un tel résultat, vraiment chouette, qu’ils en
soient donc chaudement remerciés : Aïnu records, Moment Of Collapse records et Sieve Sand records.