Le grand dilemme lyonnais de cette fin
d’hiver : alors que Gaffer records organise à Grrrnd Zero le troisième concert
en un an des norvégiens de Staer (de retour à Lyon pour fêter la parution de leur
deuxième album), Active Disorder préfère
jouer la carte de la tradition à la Triperie avec une triple affiche de groupes
à guitares et plus ou moins raffinés ; Grand Plateau, Pord et Poutre sont au
programme et n’ayant jamais vu en concert ni les premiers ni les troisièmes,
c’est vers la Croix-Rousse que je me dirige, le cœur rempli d’une frénésie
presque juvénile (oui, des fois, ça me rassure).
Tant pis donc pour la Norvège et tant pis pour
Black Packers et pour Neige Morte – en formation duo, guitare et batterie
uniquement – qui accompagnaient Staer à Grrrnd… Les absents ont parait-il
toujours tort mais j’aurais également eu tort de rater la triplette infernale
qui ce soir là a entrepris de secouer la Triperie bien comme il faut.
Les GRAND PLATEAU sont en quelque sorte les
régionaux de l’étape – même si le chanteur/guitariste du groupe est une banale importation
nîmoise – et ils ont enregistré un premier EP prometteur, Casual Act. Après plusieurs occasions ratées de découvrir le trio en concert, cette
fois est enfin la bonne.
Grand Plateau se démarque de la meute par
plusieurs aspects non négligeables : d’abord une recherche mélodique
poussée (dans le même genre d’optique je ne vois ici-bas que Stereozor que
l’on pourrait rapprocher un peu de la démarche des lyonnais) ; ensuite un rythme
général assez lent, les Grand Plateau ne sont pas les rois du perpétuel sprint
tout à donf, ils savent et aiment prendre leur temps pour installer des
compositions aux structures qui se moquent bien de l’éternel enchainement
couplet/refrain (façon de faire pourtant trop souvent jugée comme indissociable voire obligatoire avec l’option mélodique mais Grand Plateau n’est pas un groupe de pop music,
n’est-ce pas ?).
Grand Plateau ne pratique donc pas la frontalité brute ni le mur du son qui fracasse en quelques secondes seulement et le trio préfère manipuler soigneusement toute l’énergie vitale de sa musique, la détourner et l’envoyer dans des directions auxquelles on ne s’attend pas toujours : Grand Plateau est un groupe à voir et à écouter en concert, sortant vainqueur du grand jeu de massacre de la course à l’originalité.
Place aux lozériens de PORD qui en profitent ainsi pour honorer leurs
obligations lyonnaises semestrielles : au moins deux concerts par an sinon
rien ne va plus. En début de set le trio – pourtant plein de hargne et de
volonté, comme à son habitude – pédale un peu dans la gadoue pour cause de rendu
sonore pas vraiment en totale adéquation avec la fureur dévastatrice d’une
musique toujours aussi prenante.
Mais, comme à leur habitude encore, les trois Pord
font avec ce qu’ils ont, s’adaptent aux conditions, genre ouais c’est nous les
plus forts, et effectivement ces trois garçons vont enfoncer à peu près tous
les groupes connus et en activité question hardcore noise. Pord en profite pour
jouer quatre nouvelles compositions (le groupe a opté pour le luxe de la
réflexion au sujet d’un deuxième album prévu seulement et si tout va bien pour
la fin de l’année 2013), des nouvelles compositions qui encore une fois font
mourir d’impatience pour la suite.
Et puis il y a les éternels tubes du premier album
Valparaiso avec en premier lieu Brenda’s Sheets et sa montée inexorable, ce genre de morceau de
bravoure qui a pour principale conséquence, au lendemain du concert, de nous
faire coller in extenso Valparaiso
sur la platine disque et ce pour au moins toute la semaine suivante. Allez, prochain
rendez-vous en septembre/octobre ?
Et enfin les POUTRE
s’installent. Avant le concert le débat avait fait rage : qui allait jouer
en dernier ? Pord ou Poutre ? Ceux-ci auraient semble-t-il préféré ne
pas passer à la casserole à la fin mais, après tout, c’est une bonne chose qu’ils
aient clôturé cette petite soirée festive.
Pressés par le manque de temps – il y a un horaire et un couvre-feu à respecter – les Poutre jouent donc très (très) vite, trop vite même de l’avis du bassiste qui râle un peu (les bassistes sont souvent un peu râleurs mais ça fait partie de leur charme, non ?), et ils déboitent en un tour de main les titres de leur prochain album, actuellement en phase de mix définitif**.
Pressés par le manque de temps – il y a un horaire et un couvre-feu à respecter – les Poutre jouent donc très (très) vite, trop vite même de l’avis du bassiste qui râle un peu (les bassistes sont souvent un peu râleurs mais ça fait partie de leur charme, non ?), et ils déboitent en un tour de main les titres de leur prochain album, actuellement en phase de mix définitif**.
En tous les cas, grand bien a pris aux Poutre de
se la jouer Ramones du noise rock et d’en rajouter constamment en intensité
parce que le groupe a donné un concert juste dément, un concert mettant également
en avant le groove impitoyable et addictif de son noise rock. Je ne
les avais encore jamais vus en concert, voilà maintenant c’est fait et désormais
il n’y plus qu’à attendre la suite d’Escalade (qui commence à dater un
peu) et surtout espérer revoir ces garçons dès que possible.
[des photos du concert, par là]
* comme d’habitude dans ces cas-là :
peut-être une chronique de Casual Act,
un jour, on verra, demain il fera jour, etc…
** un album prévu chez Katatak, Boom Boom rikordz
et quelques autres en plus, si affinités