Reparlons de KLAUS LEGAL, déjà évoqué ici au
sujet du CDr Klaus Is A Mensch !, un disque
dans la foulée duquel ce jeune homme a enregistré les deux titres figurant sur le
single Gene Vincent Is The Real King que l'on va évoquer maintenant. Mêmes processus, mêmes façons de faire et mêmes
résultats ou presque : Elvis’s A
Baboon – quelque chose que l’on traduira sans aucune hésitation par
« Elvis est un babouin » – tout comme Be-Bop-A-Lula – que l’on n’a jamais réussir à traduire correctement
– participent du même foutoir trituré et illisible et du même malaise inconnu
que le CDr susmentionné.
Lorsqu’on a parle de foutoir illisible il n’y a
rien de négatif là dedans mais plutôt une tentative quasiment désespérée de
décrire une musique qui n’en sera pas pour la plupart du commun des mortels,
une musique qui tient plus du plasma et de la mélasse synthétiques, y compris
dans les déformations pathologiques du « chant », une musique qui ne
laissera même pas l’occasion aux grands penseurs mélomanes de se demander le
pourquoi du comment de la chose. Que ce soit la face A Elvis’s A Baboon ou que ce soit la face B avec cette reprise hors
nature de Gene Vincent (donc), Klaus Legal agite les mêmes ombres cristallisées
sur les mêmes blocs de gélatine sonore pour obtenir ce paradoxe, qu’ici on aime
malgré tout : le résultat est à la fois complètement hermétique (on n’y
comprend pas grand-chose mais est-ce une bonne chose de vouloir toujours tout
comprendre en musique ?) mais du coup tout pourrait devenir possible
(alors que, de toute évidence, tout est au contraire loin d’être possible).
Ce single est accompagné d’un livret – des
feuilles mal photocopiées à la va-comme-je-te-pousse et assemblées par des
coups de ciseaux maladroit –, un livret dans lequel on trouve des dessins et
des textes qui n’en disent pas beaucoup plus que la musique. OK, il y a des
corps, des bouts de corps et des visages à géométries variables et il y a surtout
des mots : « J’ai du mal à rire. Enfin je veux dire que mes dents
sont toujours décalées par rapport à ma mâchoire. La langue est complètement
perdue et alors la glotte s’en mêle » résume bien ce que l’on ressent à
l’écoute du disque ; il a également des mots empruntés à d’autres, telle
cette citation de Guattari (j’imagine qu’il s’agit du philosophe et
psychanalyste Felix Guattari) : « Il n’y a pas de manque dans
l’absence. L’absence est une présence en moi »… voilà une citation qui
pourrait plus que toute autre coller à Klaus Legal et à ce disque qui vous
remplit d’un vide avec lequel on doit se démerder. Bon courage.
[Gene
Vincent Is The Real King est publié en totale autoproduction par Klaus
Legal, klauslegal[arobase]gmail[point]com]